Vu le film The Subtance de Coralie Forgeat (2024) avec Demi Moore Margaret Qualley Dennis Quaid Hugo Diego Garcia Oscar Lesage Tiffany Offsteter Alexandra Papoulias Barton Gore Abrams Lucie Laffin Axel Baille
Avec The Substance, vous pouvez générer une autre version de
vous-même, plus jeune, plus belle, plus parfaite. Il suffit de partager le
temps. Une semaine pour l'une, une semaine pour l'autre. Un équilibre parfait
de sept jours. Facile n'est-ce pas ? Si vous respectez les instructions, qu'est
ce qui pourrait mal tourner ?
The Substance, second film de Coralie Fargeat, divise
clairement les spectateurs avec sa construction en deux actes distincts et ses
références aux maîtres de l'horreur et de la subversion. D'un côté, la première
partie intrigue par son esthétique léchée et froide, qui évoque des influences
à la fois de Cronenberg et de Kubrick, en passant par le minimalisme cynique
d'Östlund. En s'inspirant aussi de Barbie et Titane, Fargeat crée
un monde où le féminisme est abordé frontalement, mais cette exploration semble
s'enliser dans des dialogues creux et un rythme lent, accentué par une
bande-son techno répétitive. Cette première moitié peut paraître superficielle,
voire dérangeante par son manque d'engagement narratif.
La bascule se produit dans le dernier acte, lorsque les deux
protagonistes, toutes deux nommées Elizabeth, s’émancipent au moment même où
leur transformation physique prend une tournure inattendue. Ce glissement vers
le body horror rappelle immédiatement l’œuvre viscérale de Cronenberg, dans un
registre où l'humanité s'efface pour céder la place à des corps en mutation,
difformes et imprévisibles. La violence visuelle devient alors un catalyseur
d’angoisse et de terreur, particulièrement saisissant dans la scène finale, un
moment d'horreur intense et inédite qui se déroule dans une salle de cinéma,
semblant briser le quatrième mur pour provoquer un malaise presque
insoutenable. Pour les cœurs bien accrochés.
Dans The Substance, les scènes gore pourraient par
exemple souligner un discours sur la dégradation humaine, les frontières de la
science, ou les conséquences d’une obsession pour l’immortalité ou la beauté
éternelle.
The Substance traite des conséquences d'une recherche
excessive de la beauté, de la jeunesse ou de la perfection, un thème courant
dans les films d’horreur psychologique et corporelle. Cette quête, souvent
motivée par des forces extérieures (la pression sociale, les normes de beauté)
ou des désirs intérieurs (peur de vieillir ou de mourir), peut dégénérer en
quelque chose de monstrueux. Le film semble ainsi interroger les dérives de
cette quête et la manière dont elle peut aboutir à des résultats déshumanisants.
Côté performances, Demi Moore impose une intensité
troublante, éclipsant Margaret Qualley, qui peine à suivre l'évolution
cauchemardesque du récit avec autant de conviction. The Substance
devient alors une exploration captivante des limites du corps et de l’identité,
redéfinissant les attentes dans le genre horrifique. Cette montée en puissance
de la deuxième moitié laisse une impression durable, autant effrayante que
fascinante.
Pas le film de l’année c’est certain , mais ce que propose
Forgeat dans le trash mérite tout de même qu’on s’y attarde (avec un sac en
papier)
Dans The Substance, le corps humain devient le champ
de bataille principal, et le scénario utilise cette transformation pour
susciter du dégoût ou de l’angoisse. L'idée que le corps peut se décomposer ou
muter au-delà de notre contrôle est souvent exploitée dans l'horreur corporelle
pour illustrer des peurs profondes liées à la maladie, au vieillissement, ou à
la perte de l'intégrité corporelle.
Le film explore la façon dont les personnages, en
s'engageant dans cette quête, perdent peu à peu leur humanité, tant au niveau
physique que psychologique. La déshumanisation est un thème puissant qui fait
écho à des peurs profondes concernant la perte d'identité, de contrôle et de
connexion à soi-même.
NOTE : 14.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation et scénario : Coralie Fargeat
- Musique : Raffertie (en)
- Décors : Stanislas Reydellet
- Costumes : Emmanuelle Youchnovski
- Montage : Coralie Fargeat, Jérôme Eltabet et Valentin Féron
- Photographie : Benjamin Kračun
- Production : Tim Bevan, Eric Fellner et Coralie Fargeat
- Production déléguée : Alexandra Loewy et Nicolas Royer
- Sociétés de production : Working Title Films, A Good Story, Blacksmith
- Société de distribution : Metropolitan Filmexport (France), The Match Factory (États-Unis)
- Pays de production : France, Royaume-Uni, États-Unis
- Demi Moore (VQ : Élise Bertrand) : Elisabeth Sparkle
- Margaret Qualley (VQ : Célia Gouin-Arsenault) : Sue
- Dennis Quaid (VQ : Louis-Philippe Dandenault) : Harvey
- Gore Abrams : Oliver
- Oscar Lesage : Troy
- Robin Greer : l'infirmier
- Christian Erickson : le vieil homme (matrice)
- Tom Morton : le médecin
- Hugo Diego Garcia : Diego
- Yann Bean (VF : lui-même ; VQ : Adrien Bletton) : « The Substance » (voix)
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