Vu le film De Bruit et de Fureur de Jean Claude Brisseau (1988) avec François Negret Bruno Cremer Vincent Gasperitch Thierry Haleine Fabienne Babe Sandrine Arnault Francoise Vatel
À la mort de sa grand-mère, Bruno,
un rêveur de 13 ans, revient dans une cité de la banlieue parisienne à Bagnolet avec
son serin.
Souvent seul, il reporte son affection sur l'oiseau, qui dans son imagination
se transforme en un faucon, accompagné d'une femme sensuelle et maternelle1.
D'un niveau scolaire trop bas, il entre dans un C.E.S. (Collège d'Enseignement Secondaire) ;
il y rencontre son voisin Jean-Roger, terreur de l'établissement, et y fait
l'apprentissage de la violence de cette banlieue : intimider les gens de
leur établissement, choisir des victimes pour les agresser, et surtout, avec
son groupe de délinquants, attaquer une bande rivale de manière brutale.
De bruit et de fureur de Jean-Claude Brisseau est une
œuvre qui, sous des airs de chronique sociale, expose la brutalité et la
marginalité de la société, à travers un regard qui se révèle à la fois
fascinant et dérangeant. Le film suit Bruno un adolescent qui emménage dans une
banlieue difficile de Paris, où il côtoie Jean-Roger, un jeune garçon rebelle,
impulsif, issu d’une famille engluée dans la violence et la précarité. Les
personnages de Jean-Roger (incarné avec une énergie brute par Négret) et de son
père (interprété par Bruno Cremer), expriment une réalité chaotique, entre
petits délits, brutalité latente, et absence totale de repères.
Le film se distingue par une
satire sociale impitoyable, où chaque personnage incarne une facette de cette
violence structurelle : un père qui, sans repères moraux, laisse libre cours à
ses frustrations, un fils qui canalise sa rage dans un comportement destructeur,
et des adultes spectateurs, qui semblent résignés ou indifférents. En
choisissant de filmer avec réalisme cette déchéance sociale, Brisseau crée une
atmosphère oppressante, rythmée par la tension permanente, et où les issues
semblent inévitablement tragiques.
Il est indéniable que Brisseau,
avec ce film, montre des obsessions troublantes pour les corps féminins,
notamment à travers les regards de Jean-Roger et de son père. Ce choix, quoique
symbolique de leur vision désabusée du monde, peut être malaisant, car il
soulève une certaine ambiguïté, à la limite du voyeurisme. Ce malaise est
renforcé par l'absence de filtre dans la façon dont Brisseau aborde ces
thématiques, un style qui révèle la fascination de ses personnages masculins
pour une certaine idée de la jeunesse et de la féminité.
En dépit de cette lecture
inconfortable, le film reste une exploration acerbe des milieux populaires,
montrant sans compromis comment la violence naît du désespoir et de l’absence
de repères. À travers la rage de Jean-Roger et l’influence de son environnement,
Brisseau capture cette « fureur » qui consume et condamne.
NOTE : 13.20
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Jean-Claude Brisseau
- Scénario : Jean-Claude Brisseau
- Production : Margaret Ménégoz
- Photographie : Romain Winding
- Montage : Lisa Heredia
- Vincent Gasperitsch : Bruno
- François Négret : Jean-Roger
- Bruno Cremer : Marcel, père de Jean-Roger et Thierry
- Thierry Hélaine : Thierry
- Victoire Buff : amie de Thierry
- Fabienne Babe : professeur principal de Bruno et Jean-Roger
- María Luisa García (comme Lisa Hérédia) : L'apparition
- Fejria Deliba : Mina
- Aurélie Sterling : copine de Mina
- Albert Montias : frère de Marcel
- Françoise Vatel : femme de Marcel
- Sandrine Arnault : fille de Marcel
- Antonio Garcia : grand-père de Jean-Roger et père de Marcel
- Lucien Plazanet : un voisin
- Antoine Fontaine : principal du C.E.S. (collège d'enseignement secondaire)
- Luc Ponette : sous-directeur du C.E.S.
- Isabelle Hurtin : l'assistante sociale
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