Vu le film Quand la Femme s’en Mêle de Yves Allegret (1957) avec Edwige Feuillère Jean Servais Alain Delon Bernard Blier Jean Lefebvre Bruno Cremer Pierre Mondy Sophie Daumier Pascale Roberts Jess Hahn Jean Debucourt
Henri Godot, un caïd du milieu, profite d'une partie de
cartes pour officialiser sa liaison avec Maine. Bobby, son ancien amant, prend
très mal la chose et promet des représailles. Maine annonce à Godot que Félix,
son ex-mari, va venir à Paris accompagné de sa fille Colette. Tous ces gens
font connaissance dans un climat tendu puisque Bobby a activé ses tueurs.
Ainsi, une tentative d’enlèvement de Maine tourne court tandis que Jo, l'un des
gardes du corps de Godot, est obligé de tuer deux gangsters.
Quand la femme s'en mêle (1957) d'Yves Allégret
est un polar élégant et subtil où la tension dramatique se mêle à une
exploration des rapports de pouvoir et de séduction. Dans ce film au parfum de
noirceur et d'ambiguïté, ce sont les femmes qui prennent les rênes, dominent
l'intrigue par leur présence, et marquent les esprits par leur tempérament.
Edwige Feuillère, avec son charisme et sa maîtrise, incarne une femme de
caractère, complexe et magnétique, parfaitement
en phase avec l’atmosphère trouble de l’histoire. Sophie
Daumier, plus jeune mais tout aussi saisissante, apporte fraîcheur et
intensité, soulignant la diversité des portraits féminins dans ce récit.
Cependant, ce film est également entré dans l’histoire du
cinéma pour une raison particulière : c’est la première apparition sur grand
écran d’Alain Delon, alors jeune premier au charme incandescent. Il joue ici un
homme à tout faire, personnage aux multiples facettes, à la fois innocent et
mystérieux, qui exerce une attraction irrésistible sur les femmes et, plus
subtilement, sur les hommes. Dès ses premières scènes, il capte le regard et
incarne déjà cette aura magnétique qui fera de lui l’un des plus grands acteurs
français. Son jeu, bien que moins affirmé qu’il ne le deviendra par la suite,
laisse entrevoir son potentiel, et son physique sculptural illumine chaque plan
où il apparaît.
Le titre du film prend tout son sens dans cette intrigue
où les femmes, loin d’être de simples figures de soutien, sont des moteurs de
l’action. Elles dictent les événements, manipulent, séduisent et affrontent les
obstacles avec une volonté farouche. Allégret, maître de la mise en scène,
capte avec finesse les jeux de pouvoir et les tensions psychologiques, tout en
jouant sur une esthétique soignée qui accentue l’atmosphère dramatique. Les
dialogues incisifs et les silences lourds de sens renforcent l’impression d’un
monde où chaque geste, chaque mot, peut-être une arme.
Quand la femme s'en mêle est également une
réflexion sur les zones grises de la moralité, où les choix des personnages
sont dictés par leurs passions et leurs ambitions plutôt que par des principes
clairs. Le rôle des femmes dans ce contexte, à la fois puissantes et
vulnérables, donne une profondeur particulière au récit, en le rendant à la
fois captivant et dérangeant.
Ce premier rôle de Delon,
ajouté à l’interprétation magistrale des actrices principales, fait de ce film
un jalon dans l’histoire du cinéma français. Une œuvre à redécouvrir, ne
serait-ce que pour admirer l’éclosion d’un futur mythe et pour savourer la qualité
narrative et esthétique d’un polar élégant où le pouvoir des femmes s’impose
avec éclat.
NOTE ; 12.80
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Yves Allégret, assisté de Suzanne Bon
- Scénario et Adaptation : Jean Meckert et Charles Spaak d'après le roman de Jean Amila (Jean Meckert) Sans attendre Godot (Gallimard, collection Série noire).
- Dialogue : Jean Meckert
- Décors : Jean d'Eaubonne, assisté de Jacques Gut et Paul Moreau
- Photographie : André Germain
- Opérateur : Robert Schneider, assisté de Michel Bouyer et André Dubreuil
- Musique : Paul Misraki, orchestre sous la direction de Jacques Météhen, éditions Choudens
- Montage : Claude Nicole, assisté de Ginette Boudet
- Son : Pierre-Henri Goumy, assisté de Urbain Loiseau et J. Bareille
- Régisseur général : Roger Boulais
- Régisseur adjoint : Michel Wichard
- Régisseur ensemblier : Robert Christidès
- Script-girl : Hélène Sebillotte
- Maquillage : Lina Gallet
- Coiffeur : Robert Noguès
- Les robes d'Edwige Feuillère sont de Pierre Balmain
- Photographe de plateau : Philippe George
- Chef de production : Pierre Bochart
- Directeur de production : Louis de Masure
- Production : Cino Del Duca, Arys Nissotti et Pierre O'Connell
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