Vu le film Le Jour de la Fin du Monde de James Goldstone (1980) avec Paul Newman William Holden Jacqueline Bisset Pat Morita Edward Albert Ernest Borgnine Veronica Hamel Red Buttons Burgess Meredith Alex Karras Valentina Cortese James Franciscus
Shelby Gilmore a fait construire un
luxueux hôtel sur la petite île volcanique de Kalaleu dans le Pacifique. Il
débarque pour l'inauguration en compagnie de sa collaboratrice, Kay Kirby. La
direction de son hôtel a été confiée à l'ambitieux Bob Spangler, qui envisage
de quitter Nikki, la filleule de Gilmore qu'il épousa par ambition, pour la
belle Iolani. Pendant ce temps, Hank Anderson, qui fut autrefois l'amant de Kay
et qui dirige une équipe de forage, vient de faire jaillir du pétrole. Mais
Hank est inquiet par la haute teneur en soufre et les fortes pressions
enregistrées dans le sous-sol de l'île. Il renoue une idylle avec Kay au moment
où le volcan Monanui entre en éruption. Tandis que, sur les conseils de
Spangler, la majorité des clients de l'hôtel demeure dans les lieux, Hank et
Gilmore - conduits par Brian, qui connaît bien l'île - décident de rejoindre la
forêt du haut plateau de l'autre côté du cratère. Le petit groupe traverse
l'île alors que l'éruption anéantit l'hôtel et ses occupants...
Le titre prometteur de ce film évoque
immédiatement l’excitation d’une aventure hors normes : une île paradisiaque
menacée par l’explosion imminente d’un volcan. Sur le papier, tout est là pour
nous plonger dans une épopée palpitante mêlant exotisme, danger et suspense.
Malheureusement, dès les premières minutes, on comprend que les promesses
resteront lettre morte.
La trame scénaristique est classique,
presque téléphonée. On y retrouve des archétypes fatigués : le héros tourmenté
mais courageux, la scientifique brillante et incomprise, le magnat avide prêt à
tout pour ses intérêts, et bien sûr, les seconds rôles qui ne sont là que pour
alimenter quelques dialogues insipides avant de disparaître sans laisser la
moindre trace émotionnelle. Ce genre de formule a déjà été usée jusqu’à la
corde dans d’autres films catastrophes des années 70 et 80, et ici, elle est
servie sans aucun effort de renouvellement.
Quant au scénario, il se contente de
suivre une ligne droite, dépourvue de rebondissements marquants. Les enjeux
sont posés trop rapidement, sans qu’on prenne le temps de développer une
quelconque tension. Il manque cette montée progressive d’adrénaline qu’on
attend légitimement dans un film de ce genre. Et quand le point culminant
arrive – l’explosion tant redoutée du volcan –, le rendu visuel est si pauvre
qu’on peine à y croire. Les effets spéciaux, qui devraient constituer le point
d’orgue d’un film catastrophe, sont ici d’une qualité télévisuelle dépassée, à
peine dignes d’un téléfilm du dimanche après-midi.
Il est d’autant plus frustrant de
constater que malgré la présence de noms prestigieux au casting, rien ne
fonctionne véritablement. On pourrait se demander pourquoi ces acteurs,
autrefois adulés, ont accepté de participer à ce naufrage cinématographique. La
réponse semble assez évidente : des problèmes d’impôts à régler, une carrière à
relancer ou, pire encore, une ultime tentative de retrouver une reconnaissance
passée. Hélas, aucun ne parvient à insuffler un véritable souffle de vie à son
personnage. Les dialogues sont plats, les interactions artificielles, et le jeu
semble parfois mécanique, comme si les acteurs eux-mêmes ne croyaient pas à ce
qu’ils racontaient.
Il ne reste donc rien de « paradisiaque
» dans cette île fictive, si ce n’est le décor, bien trop sous-exploité pour
captiver. Et puisque les effets spéciaux censés impressionner sont aussi ternes
qu’un coucher de soleil grisâtre, le spectateur finit par regarder sa montre,
espérant que la fin du monde – ou au moins la fin du film – arrive vite. On ne
vibre jamais, on ne s’inquiète pour personne, et surtout, on ne se laisse pas
emporter. Même les scènes censées être spectaculaires ne provoquent qu’un vague
ennui, tant leur exécution manque de souffle.
Le comble, c’est que ce genre de film
devrait au moins réussir à offrir un bon moment de divertissement basique, où
l’on oublie pendant deux heures les soucis du quotidien. Or, ici, l’expérience
tourne au supplice. Le seul moment de soulagement vient avec le générique de
fin, lorsqu’on réalise que l’on peut enfin quitter cette île d’ennui pour
retourner à une réalité plus palpitante.
On aurait presque envie de laisser les
personnages là-bas, sur cette île morne, au bord d’un volcan prêt à cracher sa
lave inexistante, et de ne plus y penser. À défaut d’être un bon film
catastrophe, "Le Jour de la fin du Monde" restera comme un naufrage
cinématographique parmi tant d’autres, sans âme, sans originalité, et surtout
sans intérêt.
NOTE : 5.90
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : James Goldstone
- Scénario : Carl Foreman et Stirling Silliphant, d'après le roman The Day the World Ended, de Gordon Thomas et Max Morgan Witts
- Production : Irwin Allen, Al Gail et George E. Swink
- Budget : 20 millions de dollars (14,68 millions d'euros)
- Musique : Lalo Schifrin
- Photographie : Fred J. Koenekamp
- Montage : Edward A. Biery et Freeman A. Davies
- Décors : Philip M. Jefferies
- Costumes : Paul Zastupnevich (en)
- Paul Newman (VF : Marcel Bozzuffi) : Hank Henderson
- Jacqueline Bisset (VF : Perrette Pradier) : Kay Kirby
- William Holden (VF : Raymond Loyer) : Shelby Gilmore
- Edward Albert (VF : Michel Bedetti) : Brian
- Red Buttons (VF : René Renot) : Francis Fendly
- Bárbara Carrera (VF : Annie Balestra) : Iolani
- Valentina Cortese (VF : Jacqueline Porel) : Rose Valdez
- Veronica Hamel (VF : Françoise Dorner) : Nikki Spangler
- Alex Karras (VF : Michel Barbey) : Tiny Baker
- Burgess Meredith (VF : Henri Labussière) : Rene Valdez
- Ernest Borgnine (VF : Henry Djanik) : Tom Conti
- James Franciscus (VF : Marc de Georgi) : Bob Spangler
- John Considine (VF : Claude D'Yd) : John Webster
- Sheila Allen (VF : Jane Val) : Mona
- Pat Morita (VF : Jacques Chevalier) : Sam
- John J.H. Springer Jr. (VF : Julien Thomast) : le pro du Tennis
- Ted Gehring (VF : Alain Dorval) : Durant
- Lonny Chapman (VF : Jacques Mauclair) : Kelly
- Joe Papalimu (VF : Jean Michaud) : Joe
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