Vu le film Les Trois Mousquetaires de George Sidney (1948) avec Gene Kelly Lana Turner June Alyson Angela Lansbury Van Heflin Vincent Price Keenan Winn Gig Young Robert Cote Frank Morgan Reginald Owen
D'Artagnan
arrive à Paris pour devenir mousquetaire du roi. Il se prend de querelle avec
trois mousquetaires, Athos, Porthos et Aramis, mais finit par devenir leur ami
et rejoint la célèbre compagnie. La reine Anne a offert au duc de Buckingham,
son amant, douze ferrets de diamants que lui avait donnés le roi. Richelieu
charge Milady de Winter de s'emparer de deux ferrets afin de compromettre la
reine qui sera dès lors incapable de porter au bal la parure complète.
Lorsque
George Sidney s’attaque à Les Trois Mousquetaires, chef-d’œuvre
d’Alexandre Dumas, il ne cherche pas à en faire une adaptation fidèle à
l’esprit sombre et romanesque de l’œuvre originale, mais plutôt un
divertissement flamboyant et accessible, taillé sur mesure pour le public
américain de l’époque. Le résultat ? Une version haute en couleur, joyeuse et
pleine de panache, portée par un casting étincelant et une mise en scène
dynamique qui privilégie l’action et le spectacle.
Le
choix de Gene Kelly pour incarner D’Artagnan est à la fois audacieux et
déroutant. Connu pour son charisme athlétique et son talent de danseur, Kelly
apporte au personnage une vivacité et une légèreté qui donnent une nouvelle
saveur à ce jeune Gascon intrépide. Il virevolte avec énergie dans les duels et
les scènes d’action, conférant au film un rythme effréné, presque
chorégraphique. Si Kelly ne danse ni ne chante, son habitude des comédies
musicales influence manifestement son interprétation : ses gestes précis, son
sourire espiègle et sa démarche élégante rappellent constamment qu’il est un
artiste du mouvement. Cette singularité a dû surprendre les spectateurs de
l’époque, habitués à le voir sous les projecteurs des comédies musicales.
Mais
au-delà de Gene Kelly, ce sont deux figures féminines qui marquent durablement
les esprits : Lana Turner et Angela Lansbury. Lana Turner incarne une Milady de
Winter magnétique et perfide, jouant avec élégance et sensualité cette femme
fatale emblématique de l’univers de Dumas. Son regard glacé et son port altier
confèrent à son personnage une aura menaçante qui contraste avec l’aspect plus
frivole de l’ensemble du film. À ses côtés, Angela Lansbury prête sa grâce et
sa douceur à la Reine Anne d’Autriche, un rôle moins développé mais essentiel,
qui ajoute une touche d’élégance et de noblesse au récit.
Les
costumes et les décors constituent un autre point fort de cette adaptation.
Réalisés avec un soin méticuleux, ils plongent les spectateurs dans une vision
idéalisée et colorée de la France du XVIIe siècle. La palette vive, les étoffes
somptueuses et les épées scintillantes participent à l’ambiance visuelle
chatoyante du film. Chaque plan semble avoir été conçu comme un tableau,
renforçant l’aspect spectaculaire de l’œuvre.
Cependant,
cette adaptation prend des libertés notables avec le roman de Dumas, au point
de lisser certains aspects plus sombres et de transformer le ton global en une
aventure légère, presque burlesque par moments. Là où Dumas brossait un tableau
complexe d’intrigues politiques et de passions humaines, Sidney préfère
l’escrime, les cavalcades et les scènes d’action virevoltantes. Ce choix peut
frustrer les puristes, mais il donne au film une personnalité propre : un
spectacle hollywoodien assumé, plus proche du conte de cape et d’épée que du
drame historique.
Les
Trois Mousquetaires
de George Sidney est une adaptation ludique et généreuse, qui privilégie le
divertissement à la fidélité littéraire. Si l’on peut regretter la disparition
de certaines subtilités du roman, on ne peut qu’admirer l’énergie et la
vitalité qui animent chaque scène. Grâce à la performance virevoltante de Gene
Kelly, aux costumes somptueux et à la présence magnétique de Lana Turner et
Angela Lansbury, le film reste un classique du cinéma d’aventure hollywoodien,
un divertissement de « bon aloi » qui continue de séduire, même des décennies
après sa sortie.
NOTE : 15.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : George Sidney, assisté de George Rhein
- Scénario : Robert Ardrey d’après l’œuvre d’Alexandre Dumas
- Direction artistique : Malcolm Brown et Cedric Gibbons
- Costumes : Walter Plunkett
- Photographie : Robert H. Planck
- Montage : Robert Kern (Robert J. Kern) et George Boemler
- Son : Douglas Shearer et Conrad Kahn
- Effets spéciaux : Warren Newcombe
- Musique : Herbert Stothart ; thèmes de Piotr Ilitch Tchaïkovski
- Production : Pandro S. Berman
- Sociétés de distribution : Metro-Goldwyn-Mayer (USA) ; Swashbuckler Films (France)
- Gene Kelly (VF : Michel André) : D'Artagnan
- Lana Turner (VF : Denise Bosc) : Milady de Winter
- June Allyson (VF : Sophie Leclair) : Constance Bonacieux
- Vincent Price (VF : Jean-Henri Chambois) : le cardinal de Richelieu
- Van Heflin (VF : Serge Nadaud) : le comte Robert de La Fère dit Athos
- Keenan Wynn (VF : Camille Guérini) : Planchet
- John Sutton (VF : Jean Martinelli) : le duc de Buckingham
- Gig Young (VF : Yves Furet) : Porthos
- Robert Coote : Aramis
- Angela Lansbury (VF : Sylvie Deniau) : Anne d'Autriche
- Frank Morgan (VF : Jean Brochard) : Louis XIII
- Reginald Owen (VF : Henry-Laverne) : M. de Tréville
- Ian Keith (VF : Abel Jacquin) : le comte de Rochefort
- Patricia Medina : Kitty
- Richard Stapley : Albert
- Byron Foulger (VF : René Blancard) : M. Bonacieux
- Sol Gorss (VF : René Arrieu) : Jussac
- Richard Simmons (VF : Roger Rudel) : le comte de Wardes
- William Phipps : Grimaud
- Alberto Morin : Bazin
- Norman Leavitt : Mousqueton
- Robert Warwick (VF : Henri Darbrey) : le père de d'Artagnan
- Ruth Robinson : la mère de d'Artagnan
- Charles Bates : un frère de d'Artagnan
- David Blair : un frère de d'Artagnan
- Dickie Dubins : un frère de d'Artagnan
- Marie Windsor : une espionne
- Kirk Alyn : un ami d'Aramis
- Wilson Benge : un valet
- Gregg Barton : un mousquetaire
- Gordon Clark : un mousquetaire
- Fred Coby : un mousquetaire
- Leonard Penn : un mousquetaire
- Arthur Hohl (VF : Jean Clarieux) : un convive du « Dragon Rouge »
- William Edmunds : un aubergiste
- Frank Hagney : le bourreau de Lille
- William Bailey : un garde
- David Bond : un ami de D'Artagnan
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