Vu le film (sur Netflix) NR 24 de John Andreas Andersen (2025) avec Sjur Vatne Brean Lisa Loven Kongsli Erik Hivju Ines Høysæter Asserson Per Kjerstad
Dans la
Norvège occupée par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale, le jeune Gunnar Sønsteby, un
apprenti de 21 ans, décide de s'engager dans la résistance. Rapidement, il
devient un leader charismatique orchestrant des sabotages audacieux pour
contrer l'ennemi
Avec Numéro
24 (Nr. 24), John Andreas Andersen s’empare d’une figure
emblématique de la résistance norvégienne pendant la Seconde Guerre mondiale :
Gunnar Sønsteby, alias « Numéro 24 ». Ce film, plus proche d’une reconstitution
historique et d’un hommage qu’un véritable thriller d’action, retrace le
parcours d’un jeune homme ordinaire devenu un héros national grâce à son
audace, sa détermination et sa capacité à déjouer les plans des forces
d’occupation nazies.
Dès les
premières scènes, Andersen choisit de poser une atmosphère sobre et réaliste,
loin des grandes fresques hollywoodiennes ou des récits héroïques classiques.
Ici, l’héroïsme de Sønsteby se construit dans la discrétion, l’organisation
méticuleuse et la prise de risques calculée. Le spectateur découvre un
personnage déterminé, mais aussi profondément humain, qui doute, craint pour sa
vie et celle de ses proches, mais continue malgré tout à agir par devoir.
L’un
des points forts du film réside dans sa capacité à montrer les opérations de
sabotage menées par Sønsteby et son équipe avec un réalisme saisissant. Plutôt
que de glorifier la violence ou d’en faire un spectacle, Andersen privilégie
une approche minimaliste, presque documentaire : chaque acte de résistance est
montré comme une action essentielle, mais dangereuse, où le moindre faux pas
peut coûter la vie. Les scènes de sabotage, tournées avec une tension palpable,
témoignent de l’angoisse permanente dans laquelle vivaient ces résistants. On
ressent à chaque instant la pression exercée par l’occupant, prêt à écraser
toute velléité de rébellion.
La
reconstitution historique est particulièrement soignée. Les décors, costumes et
atmosphères de l’époque sont rendus avec une grande fidélité, plongeant le
spectateur dans une Norvège occupée, froide et oppressante. Ce souci du détail
confère au film une dimension authentique qui renforce l’hommage à ces hommes
et femmes de l’ombre. Andersen semble vouloir rappeler que, si Sønsteby est
devenu une légende, il n’était pas seul : ses actes de bravoure étaient le
fruit d’un travail collectif, mené par une poignée de résistants courageux,
anonymes pour la plupart.
Cependant,
Numéro 24 n’est pas un film exempt de défauts. Si le réalisme et la
sobriété sont des choix assumés, ils peuvent aussi donner une impression de
froideur et de distance. L’absence de moments véritablement spectaculaires ou
de grandes envolées émotionnelles pourra décevoir ceux qui s’attendent à un
film d’action ou à un drame poignant. Andersen mise davantage sur la rigueur
historique et la dignité du propos que sur l’émotion brute. Ce choix fait de Numéro
24 un film plus pédagogique et respectueux qu’un divertissement classique.
Le
personnage de Gunnar Sønsteby, bien que central, aurait peut-être mérité un
développement psychologique plus approfondi. Si le film montre bien son courage
et sa détermination, il reste quelque peu distant émotionnellement. Cela tient
sans doute à la volonté d’Andersen de ne pas idéaliser son héros, mais ce parti
pris empêche parfois le spectateur de s’attacher pleinement à lui.
Malgré
ces réserves, Numéro 24 reste une œuvre importante, essentielle même,
dans la mesure où elle met en lumière un épisode méconnu de la Seconde Guerre
mondiale. Andersen parvient à restituer avec justesse l’atmosphère pesante de
l’occupation, tout en rendant hommage à des hommes comme Sønsteby, dont les
actions ont contribué à affaiblir la machine de guerre nazie.
En
conclusion, Numéro 24 est avant tout un film d’histoire et de mémoire.
Plus qu’un simple divertissement, il s’inscrit dans une démarche de
transmission et de reconnaissance. Bien qu’il manque parfois de souffle épique
ou de profondeur émotionnelle, il remplit son rôle avec sobriété et respect, en
honorant le courage de ceux qui ont refusé de plier face à l’oppresseur. Pour
qu’une légende perdure, elle doit d’abord être racontée, et c’est exactement ce
que fait Andersen avec ce film modeste mais nécessaire.
NOTE : 12.20
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