Vu le film La Planète Interdite de Fred M. Wilcox (1956) avec Leslie Nielsen Walter Pidgeon Anne Francis Warren Stevens Earl Holliman Jack Kelly Richard Anderson James Drury Peter Miller Harry Harvey Jr Richard Grant Robert Dix
Un prologue explique
quand et comment la conquête de l'espace a été rendue possible depuis la Terre,
grâce à l'invention d'engins capables de se déplacer à la vitesse
de la lumière. Désormais, les humains vivent sous le
régime des Planètes unies.
En 2257, le croiseur
spatial C-57D, avec à sa tête le commandant John Adams, est en
route vers la planète Altaïr IV
pour secourir le Bellérophon, vaisseau d'exploration dont
l'équipage n'a plus donné signe de vie depuis dix-neuf ans. Au moment de
l'approche, le professeur Edward Morbius, ancien membre de cette expédition
perdue, contacte soudain le croiseur et déclare qu'il n'a besoin d'aucun secours.
Il met en garde le commandant et prévient qu'il ne pourra pas garantir la
sécurité de ses hommes. Adams décide néanmoins de se poser sur Altaïr IV.
Sorti en 1956, Planète
Interdite (Forbidden Planet) de Fred McLeod Wilcox reste une pierre
angulaire de la science-fiction, même si le poids des années se fait sentir.
Inspiré très librement de The Tempest de Shakespeare, ce classique
intergalactique pose les jalons de nombreux tropes du genre tout en offrant une
exploration psychologique fascinante de l’inconscient humain, matérialisé par
le fameux monstre de l’ID
Dès les premières
minutes, le spectateur est transporté sur la mystérieuse planète Altair IV.
L’esthétique du film, typique des années 50, est une déferlante de couleurs
saturées et de décors en carton-pâte qui alternent entre le sublime et le
délicieusement kitsch. À l'époque, les effets spéciaux révolutionnaires, tels
que les paysages martiens peints et les animations de Ray Harryhausen,
impressionnaient. Aujourd’hui, ces techniques artisanales provoquent une douce
nostalgie, tout en nous rappelant à quel point le cinéma a évolué. Si les CGI
modernes permettent des mondes ultraréalistes, Planète Interdite se
distingue par son charme manuel et son inventivité.
L'intrigue, mêlant
exploration spatiale et psychanalyse, conserve une certaine profondeur. Le
docteur Morbius (Walter Pidgeon) et sa création, Robby le Robot, offrent une
réflexion sur les dangers du savoir et les limites de l’humanité face à ses
propres pulsions destructrices (un avant-goût de l’IA). Cependant, les
dialogues parfois ampoulés et les conventions genrées datées – notamment le
rôle d'Altaira (Anne Francis), simple objet de désir – rappellent les
stéréotypes de l'époque.
Côté distribution, Planète
Interdite marque aussi les débuts au cinéma de Leslie Nielsen dans un
registre sérieux, bien avant qu’il ne devienne l’icône comique des Y a-t-il
un flic.... Earl Holliman et Richard Anderson, alors encore méconnus,
s’épanouiront plus tard dans des séries télévisées, confirmant la capacité du
film à révéler des talents.
Malgré tout, le film a
mal vieilli. Ses décors futuristes d’hier peuvent paraître naïfs aujourd’hui,
et son approche dramaturgique peut sembler guindée. Est-ce un signe des limites
du film ou le reflet de notre regard contemporain, façonné par des décennies de
SF plus sophistiquée ? Difficile à dire. Ce qui est sûr, c’est que Planète
Interdite continue de séduire, non pas par son actualité, mais par son
statut de capsule temporelle : il incarne les ambitions et les rêves d’un âge
d’or où le cosmos représentait l’ultime frontière.
Amusant à regarder,
fascinant à décrypter, le film reste un jalon incontournable pour les amateurs
de science-fiction. Même si le kitsch des années 50 est omniprésent, il
s’inscrit dans l’histoire du cinéma comme une étape essentielle, et son
influence, notamment sur des œuvres comme Star Trek, demeure indéniable.
Alors, maladroit ou visionnaire ? Peut-être un peu des deux, et c’est
précisément ce qui le rend si attachant.
NOTE : 12.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Fred McLeod Wilcox
- Scénario : Cyril Hume, sur un sujet d'Irving Block et Allen Adler d'après The Tempest de William Shakespeare
- Musique : Louis et Bebe Barron
- Photographie : George J. Folsey
- Montage : Ferris Webster
- Direction artistique : Cedric Gibbons et Arthur Lonergan (en)
- Conception du robot : Robert Kinoshita
- Décors de plateau : Edwin B. Willis, Hugh Hunt, Irving Block et Mentor Huebner (en) (les deux derniers non crédités au générique)
- Costumes : Walter Plunkett pour les costumes masculins, Helen Rose pour ceux d'Anne Francis
- Production : Nicholas Nayfack pour la MGM
- Société de distribution : MGM
- Budget : 3 900 000 $
- Walter Pidgeon (VF : Pierre Morin) : le professeur Edward Morbius
- Anne Francis (VF : Joelle Janin) : Altaira Morbius
- Leslie Nielsen (VF : André Falcon) : le commandant John J. Adams
- Warren Stevens (VF : Roland Ménard) : le lieutenant « Doc » Ostrow
- Jack Kelly (VF : Michel Roux) : le lieutenant Jerry Farman
- Richard Anderson (VF : Jean-Louis Jemma) : Quinn
- Earl Holliman (VF : Jacques Dynam) : le cuisinier
- James Drury : Joe Strong
- George D. Wallace : Steve, le bosco
- Le narrateur : (VF: Jean Claude Michel)
- Frankie Darro / Frankie Carpenter : Robby le robot (non-crédités)
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