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lundi 13 janvier 2025

14.10 - MON AVIS SUR LE FILM SIX DEGRES DE SEPARATION DE FRED SCHEPISI (1995)


 Vu le film Six Degrés de Séparation de Fred Schepisi (1995) avec Will Smith Donald Sutherland Stockard Channing Ian McKellen Eric Thal J.J Abrams Anthony Michael Hall Bruce Davison Richard Masure

Louisa et Flan Kittredge, un couple de marchands d'art très fortunés, reçoivent un soir une visite inattendue. Le jeune et charismatique étudiant Paul frappe à leur porte en sang et demande de l'aide, car il vient soi-disant de se faire agresser, mais ce n'est que le début de sa construction de mensonges. Avec humour et charme, l'escroc gagne immédiatement la sympathie de ses hôtes, qui ne se doutent pas encore que leur vie bien réglée va bientôt être sérieusement chamboulée.

Six Degrés de Séparation est un film intrigant et piquant qui déploie un récit tout aussi captivant qu’ambigu, porté par des personnages finement écrits et une mise en scène élégante. Adapté de la pièce de théâtre éponyme de John Guare, le film repose sur une prémisse aussi théorique que fascinante : celle des six degrés de séparation, postulant que toute personne peut être connectée à une autre à travers une chaîne de six relations humaines maximum. À travers cette idée, Schepisi tisse une satire sociale acérée sur la bourgeoisie, le mensonge et les faux-semblants.

Le personnage central, Paul, brillamment incarné par Will Smith dans l’un de ses rôles les plus atypiques, est une figure à la fois charismatique et inquiétante. Beau, charmant, mais aussi profondément manipulateur, il se glisse dans les interstices de cette bourgeoisie new-yorkaise .Paul est Noir, homosexuel et issu d’un milieu pauvre, trois aspects qui le marginalisent aux yeux d’une société élitiste, bien que celle-ci soit séduite par son intelligence et son raffinement apparent.

Paul ne se contente pas d’être un escroc opportuniste ; il devient un révélateur des hypocrisies et des failles de cette classe sociale. Chaque famille qu’il trompe, chaque couple qu’il manipule se retrouve à interroger son propre rapport au monde, à la richesse et à l’identité. Les personnages secondaires, notamment le couple Ouisa et Flan Kittredge (superbement joués par Stockard Channing et Donald Sutherland), oscillent entre fascination et répulsion face à ce jeune homme qui bouleverse leur quotidien feutré.

Fred Schepisi offre une mise en scène élégante, sobre, qui ne s’embarrasse pas d’effets superflus, laissant la place à la complexité des dialogues et à la tension psychologique. Ce qui frappe, c’est la manière dont il réussit à équilibrer le drame et la comédie : le film est drôle, souvent cruel, mais ne perd jamais de vue le drame humain qui se joue en arrière-plan. Chaque interaction devient une illustration de la théorie des six degrés de séparation, mais aussi un miroir tendu à une société vaniteuse, enfermée dans son microcosme.

Ce qui rend Six Degrés de Séparation si captivant, c’est cette idée que les barrières sociales et les préjugés peuvent être contournés par un simple jeu d’apparences. Paul parvient à s’introduire dans ce milieu non pas grâce à ce qu’il est réellement, mais grâce à ce qu’il prétend être. Ce constat, d’une grande ironie, montre à quel point cette bourgeoisie, imbus d’elle-même et de son monde d’élite, est prête à accepter quiconque lui ressemble en apparence, même si tout cela repose sur un mensonge.

Fred Schepisi signe un film incisif, porté par une écriture brillante et des interprétations mémorables. Six Degrés de Séparation interroge avec mordant la frontière entre vérité et fiction, identité et masque social. Paul, en tant que figure marginale, ne fait pas que manipuler les autres pour survivre : il devient une métaphore de la manière dont la société, aveuglée par ses propres certitudes, se fait piéger par son incapacité à regarder au-delà des apparences.

NOTE : 14.10

FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Fred Schepisi

Scénario : John Guare d'après sa pièce de théâtre

Producteurs : Ric Kidney (exécutif), Arnon Milchan, Fred Schepisi et Mary Pat Walsh (associée)

Musique : Jerry Goldsmith

Photographie : Ian Baker

Montage : Peter Honess

Casting : Ellen Chenoweth

Sociétés de distribution : MGM, Maiden Movies et New Regency Productions

Budget : 12 000 000 $

Pays de production : Drapeau des États-Unis États-Unis et Drapeau de l'Italie Italie

DISTRIBUTION

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