Vu le film Magnum Force de Ted Post (1974) avec Clint Eastwood Hal Holbrook David Soul Felton Perry Robert Urich Tim Matheson Kip Niven Adele Yoshioka Mitch Ryan Maurice Argent John Mitchum
Alors que San Francisco est
secouée par une série de mystérieuses exécutions punitives de criminels, Harry Callahan se voit assigné
par son supérieur, le lieutenant Neil Briggs, un nouveau coéquipier, un
débutant prénommé Early Smith. Briggs a également changé de poste Callahan et
l'a mis à la surveillance, prétendant une intervention trop violente lors d'une
arrestation. Harry, le croyant simplement jaloux, n'hésite pas à le contrarier
et à intervenir quand même dans diverses affaires.
En allant voir un ancien équipier
devenu serveur à l'aéroport de San Francisco,
Harry remarque qu'une prise d'otage dans un avion prêt à décoller est en train
de se dérouler, il en profite pour agir et parvient facilement à neutraliser
les agresseurs. Cependant il désobéit au lieutenant Briggs l'ayant affecté au
poste de surveillance.
Dans Magnum Force, Ted Post
signe un polar implacable, une suite inattendue mais brillante à L'Inspecteur
Harry. Ce deuxième opus explore les méandres de la justice et de la morale,
en poussant plus loin les réflexions amorcées dans le premier film. Ici,
Callahan (Clint Eastwood) n’affronte pas seulement le crime organisé ou les
marginaux, mais aussi un ennemi intérieur : une police gangrenée par des
justiciers autoproclamés.
Le scénario, enrichi par les idées de
Terrence Malick et signé par John Milius et Michael Cimino, apporte une
profondeur supplémentaire à l’univers de Callahan. Dans une ville où la
corruption et l’immoralité gangrènent les institutions, les justiciers masqués
de la police prennent les armes pour imposer leur propre loi. Mais Harry
Callahan, avec son Magnum comme prolongement de sa philosophie, refuse cette
dérive et devient paradoxalement l'incarnation d'une justice intransigeante,
mais juste.
Le film frappe par son ambiance sombre
et sa violence sans concession. La mise en scène de Ted Post est nerveuse,
presque clinique, et laisse peu de répit au spectateur. Dès la scène
d'ouverture, un assassinat froid et méthodique d’un mafieux en plein jour donne
le ton. Callahan, avec son regard perçant et sa nonchalance calculée, entre en
scène comme un gladiateur moderne. Sa confrontation avec ses supérieurs
hiérarchiques – toujours aussi pleutres et bureaucratiques – renforce son image
d’homme seul, prêt à tout pour défendre sa vision de la loi.
Certaines scènes marquent par leur
intensité et leur symbolisme. L’une des plus mémorables reste celle où Callahan
affronte les jeunes policiers dévoyés dans une séquence de tir au stand. Ce
moment, d’une tension palpable, est à la fois un duel psychologique et une
métaphore de la ligne fine entre la justice et la vengeance personnelle.
Callahan, fidèle à son code, impose sa présence silencieuse mais terrifiante.
Les dialogues, souvent lapidaires,
portent la signature de Milius, avec des punchlines devenues cultes. « Un homme
doit connaître ses limites », lâché par Callahan, résonne comme un mantra
adressé à ces jeunes justiciers trop zélés. Cette phrase capture l’essence même
du personnage : un homme dur, mais lucide sur le danger de se laisser emporter
par la violence gratuite.
Dans sa dernière partie, Magnum
Force atteint des sommets de tension avec une séquence haletante sur les
docks, où Callahan affronte ses ennemis dans un face-à-face quasi
apocalyptique. Le combat final, brutal et sans fioritures, montre un Callahan
victorieux, mais à quel prix ?
Si Magnum Force peut sembler à
première vue un simple polar d'action, il est en réalité un film bien plus
complexe, qui interroge les dérives d’une société où même les garants de
l’ordre peuvent sombrer dans l’illégalité. La comparaison avec La Nuit des
Juges est pertinente, car les deux films explorent cette question brûlante
: où s’arrête la justice et où commence l’abus de pouvoir ?
Avec ce deuxième opus, Clint Eastwood
assoit son statut de figure iconique du justicier solitaire, tandis que Ted
Post, épaulé par un scénario magistral, livre un film puissant, sombre et sans
concession. Magnum Force n'est pas seulement une suite : c'est une œuvre
qui enrichit et approfondit l’univers de Callahan, tout en lui donnant une
résonance tragiquement contemporaine.
NOTE : 13.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Ted Post, assisté de Buddy Van Horn
- Scénario : John Milius et Michael Cimino (d'après les personnages créés par Harry Julian Fink et Rita M. Fink)
- Histoire : John Milius
- Musique : Lalo Schifrin
- Photographie : Frank Stanley
- Décors : John Lamphear
- Montage : Ferris Webster
- Production : Robert Daley
- Sociétés de production : The Malpaso Company et Warner Bros.
- Distribution : Warner Bros.
- Clint Eastwood (VF : Jean-Claude Michel) : l'inspecteur Harry Callahan
- Hal Holbrook (VF : Jacques Thébault) : le lieutenant Neil Briggs
- Mitch Ryan (VF : Francis Lax) : Charlie McCoy
- David Soul (VF : Michel Bedetti) : John Davis
- Tim Matheson (VF : Gilles Guillot) : Phil Sweet
- Kip Niven (VF : Yves-Marie Maurin) : Red Astrachan
- Robert Urich (VF : Michel Barbey) : Mike Grimes
- Felton Perry (VF : Serge Sauvion) : l'inspecteur Earlington « Early » Smith
- John Mitchum (VF : Pierre Collet) : l'inspecteur Frank DiGiorgio
- Albert Popwell (VF : Albert Augier) : Gigi « Pimp » Wilson, le maquereau (Sidney en VF)
- Christine White (VF : Nelly Vignon) : Carol McCoy
- Margaret Avery (VF : Évelyne Séléna) : la prostituée
- Jack Kosslyn (VF : Michel Gudin) : Walter
- Bob McClurg (VF : Georges Aubert) : le chauffeur de taxi
- Tony Giorgio (VF : Michel Barbey) : Frank Palancio
- Clifford A. Pelow (VF : Jean Michaud) : Lou Guzman
- Richard Devon (VF : André Valmy) : Carmine Ricca
- Maurice Argent (VF : Albert de Médina) : Nat Weinstein
- Russ Moro (VF : Michel Barbey) : Gino, le chauffeur de Ricca
- Bob March (VF : Jean Berger) : Estabrook
- Adele Yoshioka (VF : Sylviane Margollé) : Sunny
- Joe Miksak (VF : André Valmy) : Avery (non crédité)
- Robert Feero (VF : Dominique Collignon-Maurin) : le braqueur de la superette (non crédité)
- Craig Kelly (VF : Robert Dalban) : Bill McKenzie, le serveur à l'aéroport (non crédité)
- Will Hutchins : un policier (non crédité)
- Joseph Whipp (VF : Daniel Gall) : Nickle (Nick Royale en VF), l'homme de main de Palancio (non crédité)
- Ray Saunders (VF : Georges Atlas) : le docteur de l'infirmerie (non crédité)
- Ben Niems (VF : Jacques Ferrière) : le manifestant en colère (non crédité)
- Art Brown (VF : Jean Berger) : un journaliste (non crédité)
- Suzanne Somers (VF : Béatrice Delfe) : la femme blonde dans la piscine (non créditée)
- Debra A. Estok (VF : Béatrice Delfe) : la femme nue chez Guzman (non créditée)
- Robert E. Simpson (VF : Yves-Marie Maurin) : l'homme nu chez Guzman (non crédité)
- Joseph Gostanian (VF : Gérard Hernandez) : pirate de l'air (non crédité)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire