Vu le film Pas de Lauriers pour les Tueurs de Mark Robson (1963) avec Paul Newman Edward G.Robinson Elke Somme Diane Baker Jacqueline Beer Leo G .Carroll Virginia Christine Micheline Presle Karl Swenson Gérard Oury Sacha Pitoef
Andrew Craig, écrivain alcoolique et
tombeur de ces dames, se rend à Stockholm où doit lui être remis le Prix Nobel
de littérature. Là, il côtoie entre autres le lauréat du Prix Nobel de Chimie,
le Dr Stratman, un scientifique allemand. Le comportement de celui-ci devenant
de plus en plus étrange, Craig le soupçonne d'être un imposteur.
Pas de lauriers pour les tueurs (The
Prize), réalisé par Mark Robson en 1963, s’inscrit dans la veine des thrillers
d’espionnage sophistiqués et élégants, teintés d’une ironie mordante. Dès son
titre à la consonance « Jean Bruce », on sent l’hommage aux récits d’espionnage
classiques, où les héros sont à la fois cyniques et désinvoltes, et où le
danger surgit dans les lieux les plus feutrés. Si Robson est davantage connu
pour ses films catastrophes (Tremblement de Terre), il s’essaie ici avec succès
à un exercice plus subtil, convoquant les codes du suspense hitchcockien.
Le film repose en grande partie sur le
charisme et l’humour de son protagoniste, Andrew Craig, interprété par Paul
Newman. Écrivain américain désabusé, plus intéressé par les plaisirs de la vie
que par les honneurs intellectuels, Craig se retrouve plongé bien malgré lui
dans une intrigue rocambolesque lors de la cérémonie annuelle des Prix Nobel à
Stockholm. Ce cadre singulier, rarement utilisé au cinéma, confère au film une
atmosphère particulière : sous les ors des salons et les apparences respectables
des savants réunis pour l’occasion, se cachent des enjeux géopolitiques de
haute voltige et une menace permanente.
Le scénario, à la fois dense et rythmé,
s’appuie sur des éléments classiques du thriller d’espionnage : complots
internationaux, meurtres déguisés en accidents, doubles jeux et manipulations.
Si l’intrigue rappelle par moments les grandes œuvres d’Alfred Hitchcock,
notamment La Mort aux trousses, elle s’en distingue par un ton plus léger,
presque satirique. Mark Robson maîtrise ici parfaitement l’art de maintenir une
tension constante tout en distillant un humour caustique, porté par les
dialogues ciselés et le jeu subtil de Newman.
La mise en scène, sans être
révolutionnaire, est efficace : Robson fait monter la pression progressivement,
alternant scènes de dialogues tendus et moments d’action bien dosés. Les décors
sont particulièrement soignés, donnant au film un cadre visuel raffiné, en
accord avec l’élite scientifique qu’il dépeint. L’utilisation des lieux
emblématiques de Stockholm apporte une touche d’exotisme discret et renforce
l’immersion dans cet univers feutré où se trame une sombre conspiration.
Parmi les points forts du film, on
notera également la présence d’acteurs français dans des rôles secondaires mais
marquants. Michèle Presle incarne une femme élégante et mystérieuse, tandis que
Sacha Pitoëff, avec son physique inquiétant et son jeu tout en retenue, apporte
une touche d’angoisse palpable. Quant à Gérard Oury, il surprend par son rôle à
contre-emploi dans cette production internationale. Ce casting cosmopolite
donne une saveur particulière au film, reflet d’une époque où Hollywood s’ouvrait
de plus en plus aux talents européens.
Si Pas de lauriers pour les tueurs
n’atteint pas la virtuosité des meilleurs thrillers hitchcockiens, il n’en
demeure pas moins un divertissement de grande qualité, porté par une intrigue
captivante, une atmosphère élégante et des performances d’acteurs remarquables.
La juxtaposition du sérieux de la recherche scientifique et de l’absurdité des
situations dans lesquelles se retrouve Craig crée un décalage savoureux,
renforcé par le ton désinvolte de Paul Newman, parfait dans ce rôle
d’intellectuel anti-héros.
Mark Robson livre ici un film
d’espionnage plaisant et bien ficelé, où l’élégance du cadre le dispute à
l’efficacité du suspense. Si vous appréciez les intrigues à tiroirs, les
complots feutrés et les héros charismatiques, Pas de lauriers pour les tueurs
mérite assurément d’être redécouvert. Un thriller intelligent et stylé, à la
croisée d’un scénario hitchcockien et d’un roman d’espionnage à la française.
NOTE :14.20
FICHE TECHNIIQUE
- Réalisation : Mark Robson
- Scénario : Ernest Lehman d'après le livre de Irving Wallace
- Production : Pandro S. Berman
- Musique : Jerry Goldsmith
- Photographie : William H. Daniels
- Costumes : Bill Thomas
- Montage : Adrienne Fazan
- Paul Newman (VF : Jean-Louis Jemma) : Andrew Craig
- Elke Sommer : Inger Lisa Andersson
- Edward G. Robinson (VF : Serge Nadaud) : Dr. Max Stratman / Prof. Walter Stratman
- Diane Baker (VF : Martine Sarcey) : Emily Stratman
- Micheline Presle (VF : Elle-même) : Dr. Denise Marceau
- Gérard Oury (VF : Lui-même) : Dr. Claude Marceau
- Sergio Fantoni (VF : Roger Rudel) : Dr. Carlo Farelli
- Kevin McCarthy (VF : Gabriel Cattand) : Dr. John Garrett
- Leo G. Carroll (VF : Lucien Bryonne) : Comte Bertil Jacobsson
- Sacha Pitoëff (VF : Lui-même) : Daranyi, l'homme de main en noir
- Jacqueline Beer : Monique Souvir, secrétaire du Dr. Claude Marceau
- Don Dubbins : Ivar Cramer, l'homme de confiance
- Karl Swenson (VF : Maurice Chevit) : Hilding
- John Qualen (VF : René Blancard) : Oscar
- John Banner : Le correspondant allemand
- Edith Evanson (VF : Lita Recio) : Mme Ahlquist
- Virginia Christine : Mme Bergh, le chaperon
- Rudolph Anders (VF : Jacques Mancier) : M. Rolfe Bergh
- Gregg Palmer (non crédité) : Le commentateur suédois
- Lester Matthews (VF : André Valmy) : le présentateur des informations à la BBC
- Jerry Durphy (VF : Michel Gudin) : le présentateur des informations à la télévision américaine
- Carol Byron (VF : Arlette Thomas) : l'hôtesse de l'air
- Ned Wever (VF : Gérard Férat) : Clark Wilson
- John Wengraf (VF : Georges Riquier) : Hane Eckhart
- Queenie Leonard (VF : Lita Recio) : Miss Fawley, la journaliste
- Lyle Sudrow (VF : Michel Gudin) : le journaliste suédois
- Anna Lee : la journaliste américaine
- Gregory Gaye (VF : André Valmy) : le journaliste russe
- Ben Wright (VF : Bernard Musson) : le journaliste britannique
- Eric Holland (VF : Jacques Torrens) : le photographe de l'hôtel
- Gene Roth (VF : Jean Berton) : Bjornefeld
- Noel Drayton : le gendarme Ströhm
- Sigrid Petterson (VF : Jacques Torrens) : M. Norbert, le speaker à la réunion des nudistes
- Harold Dyrenforth (VF : Henry Djanik) : le premier des deux policiers entrant dans le local des nudistes
- Fred Holliday (VF : Albert Augier) : le second policier
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire