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jeudi 23 janvier 2025

15.20 - MON AVIS SUR LE FILM LES ACTEURS DE BERTRAND BLIER (2000)


Vu le film Les Acteurs de Bertrand Blier (2000) avec Bertrand Blier Alain Delon Jean Paul Belmondo Claude Brasseur Michel Piccoli Jacques Villeret Claude Rich Sami Frey Gérard Depardieu Josianne Balasko Pierre Arditti Albert Dupontel Michel Serrault Dominique Blanc Jacques François Jean Pierre Marielle et un Pot d’eau Chaude !

Attablé dans une brasserie des Champs-Elysées avec André Dussollier et Jacques Villeret, Jean-Pierre Marielle attend, en vain, le petit pot d'eau chaude avec lequel il a l'habitude d'allonger son café. Est-il tombé en disgrâce ou s'agit-il d'une vaste conspiration contre les acteurs en général ? Avec ses deux amis, il entreprend d'élucider cet agaçant mystère.

 Avec Les Acteurs, Bertrand Blier dresse une fresque irrévérencieuse et émouvante d’une profession où la démesure côtoie la vulnérabilité. Plus qu’un hommage au cinéma français, le film est une autopsie caustique et tendre de ces géants à l’égo surdimensionné, jonglant entre leurs névroses, obsessions et excès.

Dès les premières scènes, Blier plante le décor : ce sera un jeu de massacre élégant, où les acteurs jouent des versions amplifiées, parfois grotesques, d’eux-mêmes.   Jean-Pierre Marielle s’amuse à cultiver son image de râleur iconique, et Alain Delon pousse encore plus loin son personnage de légende narcissique. Mais sous cette couche d’autodérision transparaît une fragilité universelle, une peur du vide qui habite tout acteur.

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Certaines scènes restent gravées dans la mémoire pour leur absurdité et leur poésie. Prenons celle du pot d’eau chaude, où un dialogue anodin sur la possibilité d’avoir un pot d’eau brûlante pour allonger son café devient une allégorie hilarante et absurde des tensions et des conflits intestins entre comédiens. Blier, avec son talent unique, transforme une situation quotidienne en un moment de comédie surréaliste qui illustre à merveille les querelles d’ego et les non-dits corrosifs de ce microcosme.

Autre moment fort : cette confrontation quasi-onirique entre Claude Rich et Sami Frey, deux acteurs qui se toisent, s’admirent et se jalousent dans une scène où chaque regard et chaque silence pèsent autant qu’un dialogue. Ces face-à-face, souvent cocasses, traduisent l’amour-haine qui unit ces grands noms du cinéma.

Et que dire de cette étrange apparition de Michel Galabru, qui, dans son habituel mélange d’auto-dérision et de sincérité brute, livre un monologue poignant sur la solitude de l’acteur oublié, perdu dans un monde qui ne le regarde plus ? Ce monologue, qui pourrait sembler hors sujet, résonne pourtant comme un cri du cœur universel.

La scène finale est le véritable sommet émotionnel du film. Claude Brasseur, face à un fantôme presque palpable de son père Pierre, incarne une douleur et une tendresse infinies. Les mots sont simples, mais le poids de l’héritage et la complexité des liens familiaux transpercent l’écran. Et lorsque Bertrand Blier, en filigrane, s’adresse à son propre père Bernard, l’émotion est si palpable qu’elle transcende le film : ce n’est plus du cinéma, c’est une mise à nu.

Avec Les Acteurs, Blier signe une œuvre hybride, où le rire flirte avec la mélancolie et où chaque scène, même dans son absurdité, est chargée d’une vérité humaine. C’est un chant du cygne pour un pan du cinéma français, un miroir tendu aux comédiens qui, dans leurs névroses comme dans leur grandeur, reflètent aussi un peu de nous-mêmes.

NOTE : 15.20

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