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lundi 13 janvier 2025

12.10 - MON AVIS SUR LE FILM LE PROCES DU CHIEN DE LAETITIA DOSCH (2024)


Vu le film Le Procès du Chien de Laetitia Dosch (2024) avec Laetitia Dosch Pierre Deladonchamps François Damiens Kodi (le chien) Jean Pascal Zadi Anabella Moreira Anne Dorval Mathieu Demy Tom Fiszelson

Avril Lucciani est une avocate des causes désespérées, ce qui déplait à son patron qui la voit perdre tous ses procès. Un demi-marginal, Dariuch, lui demande de défendre son chien Cosmos, qui a mordu à trois personnes et défiguré sa dernière victime. L'avocate accepte. Elle persuade le juge qu'il n'est pas un objet, comme le définit la loi, mais qu'il a droit à un procès, le premier procès de chien depuis le Moyen-Âge.

Kodi le jeune chien a reçu la Palme Dog à Cannes 2024

Avec Le Procès du Chien, Laetitia Dosch signe son premier long-métrage en tant que réalisatrice. Connaissant l’univers fantasque et décalé de cette actrice franco-suisse, on s’attendait à une comédie audacieuse, absurde et originale. Et de ce point de vue, le début du film tient parfaitement ses promesses : un concept insolite, des situations loufoques, et une ambiance légère qui n’hésite pas à flirter avec l’absurde. Malheureusement, cette belle énergie initiale s’essouffle rapidement, et le film finit par tourner en rond sans jamais véritablement décoller.

L’idée de départ est simple mais efficace : un procès est intenté contre un chien accusé d’avoir mordu un enfant. Dès le début, on sent que Dosch cherche à jouer sur le décalage entre la gravité du cadre judiciaire et l’absurdité de la situation. Le spectateur est intrigué par cette approche déjantée, et les premières scènes, avec leurs dialogues pleins de dérision et leurs personnages excentriques, font mouche. On rit devant la disproportion comique du procès, où chacun semble prendre très au sérieux ce qui, au fond, n’est qu’une querelle banale.

Cependant, passé l’effet de surprise, le film peine à maintenir son rythme et son originalité. Le scénario, pourtant prometteur, n’évolue pas vraiment. L’humour répétitif finit par lasser, et l’histoire stagne sans offrir de véritables rebondissements. Ce qui aurait pu être une comédie grinçante et rythmée se transforme en une suite de scènes inégales, où l’ennui finit par s’installer malgré quelques éclairs d’inspiration.

 

Avec un casting comprenant François Damiens et Jean-Pascal Zadi, on pouvait espérer des moments d’anthologie. Malheureusement, ces deux talents comiques sont sous-exploités.

François Damiens, habitué des rôles exubérants, se montre ici étonnamment discret. Certes, il parvient à tirer quelques rires avec son flegme et ses répliques pince-sans-rire, mais son personnage manque de profondeur et de folie. On a l’impression qu’il joue en mode automatique, sans jamais se lâcher totalement.

Jean-Pascal Zadi, quant à lui, apporte une certaine fraîcheur avec son jeu naturel et son énergie, mais il est lui aussi prisonnier d’un rôle trop limité. Son personnage, pourtant central dans l’intrigue, aurait mérité un développement plus ambitieux. On attend qu’il prenne les rênes de l’histoire, qu’il provoque un chaos jubilatoire, mais cela n’arrive jamais vraiment.

Laetitia Dosch a une vraie sensibilité visuelle, et cela se sent dans la mise en scène. Elle joue habilement avec les décors minimalistes du tribunal et les costumes exagérément sérieux des protagonistes, ce qui renforce l’effet comique du contraste avec l’absurdité du procès. Cependant, cette mise en scène, bien que soignée, manque parfois de rythme et d’originalité. Dosch semble hésiter entre plusieurs tons : comédie burlesque, satire sociale, ou simple fable absurde. Ce manque de cohérence nuit au film, qui donne l’impression de ne jamais savoir sur quel pied danser.

Le véritable problème de Le Procès du Chien réside dans son incapacité à exploiter pleinement son potentiel. L’idée de départ était excellente, et le casting prometteur, mais le film ne va jamais au bout de ses ambitions. On sent que Dosch a voulu créer une comédie différente, légère et barrée, mais qu’elle s’est peut-être trop retenue. Résultat : une œuvre sympathique mais inaboutie, qui laisse un goût d’inachevé.

Ce qui manque au film, c’est une prise de risque plus affirmée. Là où une comédie de ce genre doit surprendre et multiplier les situations absurdes, Le Procès du Chien reste trop sage, trop prévisible. Quelques scènes parviennent à sortir du lot, notamment grâce à l’humour absurde et aux dialogues décalés, mais elles sont trop rares pour maintenir l’intérêt sur la durée.

Le Procès du Chien est une comédie plaisante, mais qui ne tient pas ses promesses. Laetitia Dosch montre qu’elle a des idées et un style bien à elle, mais elle peine à les concrétiser pleinement dans ce premier film. Le concept initial, bien que rafraîchissant, s’épuise rapidement, et l’absence de rythme et de rebondissements finit par lasser. Quant aux acteurs, ils font ce qu’ils peuvent, mais ils manquent d’un vrai matériau comique pour briller.

Un film qui aurait pu devenir une petite pépite du cinéma comique décalé, mais qui, faute d’audace et d’une écriture plus travaillée, reste un simple divertissement inégal. Dommage, car avec un casting pareil et une idée de départ aussi originale, on était en droit d’attendre bien plus.

NOTE : 12.10

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