Vu le film Attention Bandits de Claude Lelouch (1987) avec Jean Yanne Marie Sophie L. Patrick Bruel Charles Gérard Corinne Marchand Hélène Surgère Jean Michel Dupuis Jean Claude Bourbault
Mozart et trois autres jeunes bandits
ont réussi un casse chez Cartier à Paris. Il contacte Verini, afin qu'il écoule
les bijoux. Ce dernier accepte, mais, alors qu'il allait partir pour Amsterdam,
il reçoit un coup de fil d'un mystérieux personnage qui lui dit détenir sa
femme en otage et lui propose de la libérer en échange de la valise des bijoux.
Le gangster tue la femme de Verini pendant l'échange.
Claude Lelouch est un cinéaste
singulier, reconnaissable entre mille grâce à ses obsessions esthétiques et
narratives : l’usage immodéré des ellipses, ses dialogues en apparence
improvisés, son amour des hasards de la vie et des croisements improbables entre
les destins. Mais ces traits, qui font son charme dans ses œuvres les plus
réussies, deviennent ici des limites dans Attention bandits, une comédie
policière qui manque cruellement de souffle.
Le film s’ouvre pourtant sur une
promesse intrigante : un vol de bijoux, une affaire de famille qui tourne mal,
et des personnages plongés dans des situations rocambolesques. Mais très vite,
le scénario s’effiloche. Chez Lelouch, le mot « scénario » est souvent un
prétexte, une trame minimaliste permettant de broder autour des sentiments et
des interactions humaines. Malheureusement, dans ce film, l’intrigue est si
ténue qu’elle peine à maintenir l’attention du spectateur. Le mélange des
genres – entre comédie, drame et polar – reste déséquilibré, donnant
l’impression d’une œuvre hésitante, qui ne sait pas toujours où elle veut
aller.
Les ellipses, marque de fabrique du
cinéaste, sont ici omniprésentes, au point de fragmenter le récit de manière
excessive. Si elles peuvent créer une poésie dans ses meilleurs films (Un
homme et une femme, Les Uns et les Autres), elles sabotent ici la
fluidité de l’histoire. On saute d’une scène à l’autre sans toujours comprendre
les motivations des personnages ni l’enchaînement des événements. Cette
approche, qui fonctionne avec des acteurs familiers du style Lelouch, déstabilise
ceux qui n’y sont pas habitués.
Jean Yanne, pourtant excellent dans de
nombreux films, semble ici mal à l’aise. Son jeu, plus sobre et ironique, ne
colle pas toujours à l’énergie erratique et aux dialogues parfois flottants de
Lelouch. Patrick Bruel, encore en début de carrière, offre une prestation
inégale : il tente de s’approprier l’univers du cinéaste, mais son manque
d’expérience se fait sentir, notamment dans des scènes qui demandent une
spontanéité et une intensité qu’il ne parvient pas toujours à atteindre. Quant
à Marie-Sophie L., elle apporte une certaine légèreté à l’ensemble, mais son
rôle reste trop limité pour véritablement marquer.
Lelouch fait appel à ses habitués
derrière la caméra, avec son complice Francis Lai à la musique. Si la bande-son
est agréable, elle ne parvient pas à insuffler l’émotion que l’on attend. La
mise en scène, quant à elle, oscille entre quelques trouvailles visuelles
intéressantes et des séquences qui semblent bâclées. On retrouve les plans en
caméra portée chers au réalisateur, mais sans la fluidité ou la grâce
habituelles.
Attention
bandits n’est pas le meilleur cru de Claude
Lelouch. Malgré quelques moments de légèreté et d’humour, le film souffre d’un
scénario faiblard, d’un déséquilibre dans le jeu des acteurs et d’une narration
trop chaotique. Si les fans inconditionnels du cinéaste pourront y trouver
quelques plaisirs, notamment grâce à son style reconnaissable, le spectateur
plus exigeant ou non initié risque de rester sur sa faim. Ce polar-comédie, qui
manque de tension autant que de cohérence, se perd dans les travers d’un
réalisateur trop sûr de ses codes, sans en exploiter pleinement la magie. Un
Lelouch mineur, loin de ses grands moments de cinéma.
NOTE : 9.50
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Claude Lelouch, assisté d'Alain Maline
- Photographie : Jean-Yves Le Mener
- Décors : Jacques Bufnoir
- Montage : Hugues Darmois, Sophie Bhaud
- Costumes : Framboise Maréchal
- Musique : Francis Lai
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