Pas de panique. Suicide Squad conserve sa première place du box-office américain ce week-end, avec des recettes de 43,7 millions en trois jours. Très bien. Sauf qu'il s'agit d'une sacrée chute par rapport à son démarrage record de à la semaine dernière : une baisse de 67%. En dix jours d'exploitation, Suicide Squad a rapporté 222,8 millions de dollars aux Etats-Unis, ce qui n'est pas si énorme comparé à son budget estimé à 175 millions. Batman V Superman : L'Aube de la justice en rapportait 260,4 millions sur la même période de temps, et chutait de 69% à son deuxième week-end. Comme le précédent super-film DC/Warner, le bouche-à-oreilles négatif impacte fortement les recettes sur le moyen terme. Suicide Squad cumule des recettes globales de 465,3 millions, mais ne pourra pas compter sur la Chine pour se refaire puisque le film ne sortira pas là-bas. Suicide Squad était la dernière vraie grosse sortie de l'été 2016, les studios petits ou gros n'ont prévu que des films plutôt modestes (le film d'animation Kubo et l'armure magique de Laïka sort dans plus de salles que Ben-Hur de Paramount vendredi prochain, c'est dire) pour les prochaines semaines, dont le potentiel offensif est difficile à cerner (War Dogs de Todd Phillips, Bridget Jones's Baby...). Néanmoins, cet ordre de bataille un peu chaotique ne va pas jouer à l'avantage de Suicide Squad dont la chute, qui reproduit celle de Batman V Superman, ne risque pas d'être enrayée.
Sausage Party est par contre un succès instantané. 33,6 millions de dollars au démarrage pour 19 millions de budget. Et ce pour un film d'animation interdit aux enfants : Sausage Party est classé Restricted, interdit aux moins de 17 ans non accompagnés, et a failli être interdit aux mineurs tout court à causes des poils d'un pain pita (on vous dit tout ici). Sausage Party, création de Seth Rogen (co-scénariste) et de sa bande, raconte les aventures d'une saucisse et d'un pain à hot-dogs qui veulent éviter de finir au barbecue. Violent, trash et vulgaire, Sausage Party s'adresse aux adultes et a bénéficié de très bonnes critiques qui estiment que le film tranche avec le tout-venant de la production animée américaine, à l'instar de La Grande aventure Lego il y a deux ans. C'est un nouveau carton pour la division animation de Sony après Angry Birds : Le film qui avait terminé sa carrière mondiale à 345,7 millions pour 73 millions de budget. Si le film continue à ce rythme, on risque d'apprendre l'existence prochaine d'un Sausage Party 2.
Déception pour Disney : c'est suffisamment rare pour le noter. Peter et Elliott le dragon, remake en live action du Peter et Elliott de 1977, ne démarre qu'à 21,5 millions de dollars. Bien loin de son budget pourtant modeste, et estimé à 65 millions. L'original de 1977 avait déjà été un échec en salles. Et le nouveau démarre encore moins bien qu'Alice à travers le miroir, précédent RELAD (Remake En Live Action Disney, acronyme non officiel), qui a été un échec en salles (26,8 millions au démarrage, 289,6 millions au total mondial, soit plus de quatre fois moins que le premier Alice au Pays des merveilles en 2010). En comparaison, Le Livre de la jungle, RELAD d'un dessin animé déjà très populaire, émarrait à 103,2 millions en avril dernier et terminait sa carrière mondiale à 947,8 millions (dont 363 millions aux Etats-Unis, c'est le quatrième plus gros succès de 2016 pour l'instant). Le prochain RELAD, La Belle et la bête avec Emma Watson, sera sans doute un énorme carton en mars 2017 vue la popularité de l'original animé. Peter et Elliott le dragon est pourtant adoré par les critiques, qui louent la beauté du sujet (un gamin devient pote avec un gentil dragon poilu dans la forêt) et de la réalisation de David Lowery (Les Amants du Texas). Ca n'a pas suffi à attirer les familles. Moralité : Disney devrait se cantonner à adapter des dessins animés déjà extrêmement populaires, et ça tombe bien puisque le studio de l'oncle Walt prévoit Cruella (prequel des 101 Dalmatiens avec Emma Stone), Dumbo par Tim Burton, Pinocchio, Genies sur le génie d'Aladdin, un Peter Pan (écrit par Lowery, d'ailleurs) ou encore des suites à Maléfique et Le Livre de la jungle.
Sinon, Jason Bourne continue sa descente et se paye un troisième week-end à 13,6 millions de dollars. Le cinquième Bourne n'a rapporté que 126,7 millions aux Etats-Unis, alors qu'il aurait coûté 120 millions. Le résultat de l'opération "Bourne Ressuscité" est simple : c'est un échec aux Etats-Unis. Et dans le reste du monde ? Les nouvelles ne sont guère meilleures puisque le film en est à 119 millions. On attendra les chiffres du théâtre d'opérations chinois (le film sort là-bas le 23 août) pour se faire un avis définitif, et savoir si la franchise Bourne est morte ou pas.
Enfin, Bad Moms fait toujours du bruit malgré la concurrence de Sausage Party dans le registre de la comédie non censurée, pleine de "fuck" et de gros mots : dans le top 5 depuis trois semaines, le film a rapporté 11,4 millions ce week-end pour un total américain de 71,4 millions et un budget de 20. C'est le plus gros succès du distributuer indépendant STX depuis The Boy, gentil film d'épouvante PG-13 -déconseillée aux moins de 13 ans- qui avait cartonné discrètement en janvier dernier (35,8 millions de dollars de recettes aux Etats-Unis pour 10 de budget). L'horreur pour ados ou la comédie trash, deux façons quasi assurées (et pas chères) de faire du chiffre chez nos amis américains.
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