Marie-José Nat est morte ce jeudi 10 octobre à Paris à l'âge de 79 ans "des suites d'une longue maladie". Prix d'interprétation à Cannes en 1974 pour Les Violons du Bal de Michel Drach, l'histoire autobiographique du réalisateur qui a été son compagnon durant une décennie, Marie-José Nat, brune incandescente, visage mutin, yeux noirs perçants était née en 1940 à Bonifacio d'un père kabyle et d'une mère corse.
Gilles Jacob, qui n'était pas encore à la tête du Festival de Cannes à l'époque, lui rend hommage sur Twitter: Elle "a incarné une époque (60-70), une beauté, un type de femme suave mais résolue, une douceur qui, elles aussi, ont disparu".
Car au cinéma c'est bien à cette époque que Marie-Josée Benhalassa, de son vrai nom de naissance (le 22 avril 1940), qu'elle fut à son sommet. Après quelques petits rôles, elle est révélée dans Rue des prairies de Denys de La Patellière en 1959, puis La Vérité, où elle est éblouissante, d'Henri-Georges Clouzot en 1960.
Michel Drach en fait son héroïne (et sa muse) dans Amélie ou le temps d'aimer, avant d'enchaîner avec un film de Gérard Oury et surtout La vie conjugale d'André Cayatte, diptyque de 1964, et Le journal d'une femme en blanc de Claude Autant-Lara. Entre séries B et grands maîtres, elle impose son nom sans devenir une actrice de premier plan.
Jusqu'à Elise ou la vraie vie de Michel Drach en 1969. Cette tragédie sociale fit scandale. Et pour cause il raconte l'histoire d'Élise, provinciale qui rejoint son frère Lucie, ouvrier et sympathisant du FLN, à Paris. Elle tombe amoureuse d'un militant algérien. C'est non seulement un des premiers films sur le racisme en France, mais les braises encore fumantes de la guerre d'Algérie rendait le sujet tabou. Marie-José Nat, à la fois madone apaisante et prolétaire bouleversée, exprime toute la détestation d'une société aigrie et de jugements inadmissibles.
Par la suite, sensible et discrète, elle tourne beaucoup moins, et un peu partout, en Algérie, en Egypte, en Italie et en France: on la voit chez Mocky (Litan, 1981) et Mihaileanu (Train de vie, 1997). Sa carrière est plutôt sur scène ou sur le petit écran.
Source Le Blog d'Ecran Noir
FILMOGRAPHIE
Cinéma
- 1956 : Crime et Châtiment de Georges Lampin : la jeune fille au bal
- 1956 : Club de femmes de Ralph Habib
- 1957 : Donnez-moi ma chance de Léonide Moguy : Rosine
- 1958 : Arènes joyeuses de Maurice de Canonge : Violette
- 1959 : Rue des prairies de Denys de La Patellière : Odette Neveux
- 1959 : Vous n'avez rien à déclarer ? de Clément Duhour : Lise
- 1959 : Secret professionnel de Raoul André : Elvire
- 1960 : Vive le duc ! : Cécile
- 1960 : La Française et l'Amour, film collectif, section : Le Mariage de René Clair : la fiancée
- 1960 : La Vérité d'Henri-Georges Clouzot : Annie Marceau
- 1961 : Amélie ou le Temps d'aimer de Michel Drach : Amélie
- 1961 : La Menace de Gérard Oury : Josépha
- 1962 : Les Sept Péchés capitaux, film à sketches : La Colère de Sylvain Dhomme, Max Douy et Eugène Ionesco : la jeune femme
- 1962 : L'Éducation sentimentale d'Alexandre Astruc : Anne Arnoux
- 1964 : La Vie conjugale, dyptique d'André Cayatte : Françoise
- 1965 : Le Journal d'une femme en blanc de Claude Autant-Lara : Claude Sauvage
- 1965 : La Bonne Occase de Michel Drach : Béatrice
- 1966 : Safari diamants de Michel Drach : Électre
- 1967 : Les Guerriers (Dacii), de Sergiu Nicolaescu : la princesse dace
- 1969 : Élise ou la Vraie Vie de Michel Drach : Élise Le Tellier
- 1969 : Le Paria de Claude Carliez : Lucia
- 1969 : L'Opium et le Bâton d'Ahmed Rachedi : Farroudja
- 1972 : Baraka à Beyrouth : Laure
- 1973 : 6, rue du Calvaire (Kruiswegstraat 6) : Françoise Verbrugge
- 1973 : Les Violons du bal de Michel Drach : elle, la femme et la mère de Michel
- 1974 : Dis-moi que tu m'aimes de Michel Boisrond : Charlotte Le Royer
- 1977 : Le Passé simple de Michel Drach : Cécile
- 1980 : Une mère, une fille (Anna) de Marta Meszaros : Anna
- 1981 : La Désobéissance (La disubbidienza), d'Aldo Lado : Mme Manzi
- 1981 : Litan de Jean-Pierre Mocky : Nora
- 1990 : Rio Negro d'Atahualpa Lichy : Mme Ginette
- 1992 : Le Nombril du monde d'Ariel Zeitoun : Oumi, la mère
- 1997 : Train de vie de Radu Mihaileanu : Sura
- 1997 : La Nuit du destin d'Abdelkrim Bahloul : Mme Slimani
- 2003 : Le Cadeau d'Elena de Frédéric Graziani : Elena
Télévision
Téléfilms
- 1959 : La Nuit de Tom Brown de Claude Barma d'après Nathaniel Hawthorne : Beth
- 1961 : Le Mariage de Figaro de Marcel Bluwal : Chérubin
- 1963 : Un coup dans l'aile de Claude Barma : Nicole
- 1968 : Hélène ou la Joie de vivre de Claude Barma : Hermione
- 1972 : La Lumière noire : Aurélia
- 1975 : Les Rosenberg ne doivent pas mourir de Stellio Lorenzi et Alain Decaux : Ethel Rosenberg
- 1978 : Le Vent sur la maison de Franck Apprederis : Christiane
- 1982 : Fausses Notes de Peter Kassovitz : Marion Thoreau
- 1990 : La mort a dit peut-être d'Alain Bonnot d'après Pierre Boileau et Thomas Narcejac : Marianne
- 1998 : Deux mamans pour Noël de Paul Gueu : Marie
- 2003 : L'Année de mes sept ans : Alice
- 2004 : Colette, une femme libre de Nadine Trintignant : Sido
- 2004 : Ceux qui aiment ne meurent jamais de et avec Christophe Malavoy : Éva
- 2006 : L'Oncle de Russie de Francis Girod : Geneviève Ferrand
- 2015 : Les Blessures de l'île d'Edwin Baily : Jeanne Gourvennec
Séries télévisées
- 1972 : Les Gens de Mogador de Robert Mazoyer : Julia Angellier
- 1988 : Le Clan : Lucie Manotte
- 1990 : Constance et Vicky : Anna Miller
- 1990 : Renseignements généraux : Isabelle Neuville
- 1996 : Cancoon
- 1996 : Terre indigo de Jean Sagols : Mathilde
- 1998 : Les Marmottes : Françoise
- 1998 : Pur Sang de Marco Pauly
- 2004 : Ariane Ferry : Sabine Le Painsec[réf. souhaitée]
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