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mercredi 23 mars 2016

LA SEMAINDE CINEMA DE CRITIQUE CHONCHON

Une semaine de cinéma de bon niveau (dans mon ordre de préférence). C'est sans compter, évidemment, le chef d'oeuvre qu'est "L'Histoire de O'Haru, femme galante, de Mizoguchi.
- "Midnight Special" (USA) de Jeff Nichols avec Michael Shannon (parfait), Jaeden Lieberher, Joel Edgerton, Adam Driver (particulièrement fin dans son jeu) Kirsten Dunst, Sam Shepard...
Fuyant d'abord des fanatiques religieux et des forces de police, Roy, père de famille et son fils Alton, se retrouvent bientôt les proies d'une chasse à l'homme à travers tout le pays, mobilisant même les plus hautes instances du gouvernement fédéral. En fin de compte, le père risque tout pour sauver son fils et lui permettre d'accomplir son destin. Un destin qui pourrait bien changer le monde pour toujours.
La SF s'efface devant le merveilleux, la croyance s'efface devant l'espoir, la propriété paternelle de son fils s'efface devant le don au monde. Et ce gamin, incarné par Jayden Lieberher, n'est filmé ni comme un sage savant, ni comme un fantasme de pédophile (comme dans "Room"), et ça fait vraiment du bien ! Magnifique.
- "Les Ogres" (France) de Léa Fehner avec Adèle Haenel, Marc Barbé, François Fehner, Marion Bouvarel... (cerise sur le gâteau, Patrick d'Assumçao).
Ils vont de ville en ville, un chapiteau sur le dos, leur spectacle en bandoulière.Dans nos vies ils apportent le rêve et le désordre.Ce sont des ogres, des géants, ils en ont mangé du théâtre et des kilomètres.Mais l’arrivée imminente d’un bébé et le retour d’une ancienne amante vont raviver des blessures que l’on croyait oubliées. Alors que la fête commence !
Ça faisait combien de temps qu’un film français n’avait mis ses tripes sur la table avec autant de vaillance, de franchise, de lâcher-prise et de talent ? C'est rabelaisien, c'est fellinien, ça déploie une énergie folle ! Applaudissements.
- "Triple 9" (USA) de John Hillcoat avec Casey Affleck, Chiwetel Ejiofor émoticône heart, Anthony Mackie, Woody Harrelson, Kate Winslet...
Ex-agent des Forces Spéciales, Michael Atwood et son équipe de flics corrompus attaquent une banque en plein jour. Alors qu'il enquête sur ce hold-up spectaculaire, l'inspecteur Jeffrey Allen ignore encore que son propre neveu Chris, policier intègre, est désormais le coéquipier de l'un des malfrats. À la tête de la mafia russo-israélienne, la redoutable Irina Vlaslov ordonne à l'équipe d'effectuer un dernier braquage extrêmement risqué. Michael ne voit qu'une seule issue : détourner l'attention de l'ensemble des forces de police en déclenchant un code "999" – signifiant "Un policier est à terre". Mais rien ne se passe comme prévu…
John Hillcoat signe avec "Triple 9" (sur la base d'u scénario qui manque d'originalité, mais très bien troussé) un de ses meilleurs films, amenant ses interprètes à un niveau de jeu exceptionnel pour sonder l'emprise des instincts sur leurs sentiments, mais aussi en sachant les faire exister au sein de scènes d'action réduites à leur dynamique sonore et graphique. Nous sommes dans le sillage d'un Michael Mann, rien de moins.
- "10 Cloverfield Lane" (USA) de Dan Trachtenberg avec Mary Elizabeth Winstead, John Goodman, John Gallagher Jr.
Une jeune femme se réveille dans une cave après un accident de voiture. Ne sachant pas comment elle a atterri dans cet endroit, elle pense tout d'abord avoir été kidnappée. Son gardien tente de la rassurer en lui disant qu'il lui a sauvé la vie après une attaque chimique d'envergure. En l'absence de certitude, elle décide de s'échapper...
Le suspense et l'angoisse sont bien tenus, les phobies étasuniennes en prennent pour leur grade, John Goodman est un méchant aux petits oignons. Et l'excellente idée du film est de nous avoir évité un casting composé du top-model pouffiasse et d'un bellâtre testostéroné insignifiant. John Gallagher Jr. est d'une délicieuse malice. Seul réserve, la fin, qui ne laisse aucune place au mystère.
- "A perfect day, un jour comme les autres" (Espagne) de Fernando León de Aranoa avec Benicio Del Toro, Tim Robbins (un bonheur de comédien), Mélanie Thierry (impeccable), Olga Kurylenko, Fedja Stukan, Eldar Residovic, Sergi Lopez...
Un groupe d’humanitaires est en mission dans une zone en guerre : Sophie, nouvelle recrue, veut absolument aider ; Mambru, désabusé, veut juste rentrer chez lui ; Katya, voulait Mambru ; Damir veut que le conflit se termine ; et B ne sait pas ce qu'il veut.
Comment sortir un cadavre d'un puits dont l'eau est vital pour les villages alentour, sans corde. Et un périple commence dans cette région désolée, en guerre, des Balkans.
À la façon de "M.A.S.H." de Robert Altman (la référence crève les yeux), ce film met en scène une bande de Pieds Nickelés aussi incontrôlables qu’attachants, qui manient un humour souvent décalé pour oublier les tragédies humaines dont ils sont témoins.
Le réalisateur na pas su pousser l’horreur dans le trash ou la bouffonnerie pour se mettre au niveau de son modèle. Au final, c'est de bonne facture, avec ce qu'il où il faut dans le casting (Benicia Del Toro pour la libido des dames, Tim Robins pour l'esprit mordant, Mélanie Laurent pour la finesse, Olga Kurylenko pour le slip des messieurs, etc...), et un gamin particulièrement touchant.
Un moment de grâce : une vieille dame qui pour ne pas exploser sur une mine, marche sur les traces de son petit troupeau de vaches.
Au final, ça manque singulièrement d'audace, mais quand c'est comique on sourit, quand c'est tragique on se désole. Un film qui se laisse voir sans déplaisir, mais on devine trop ce qu'il aurait pu être, un grand film.

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