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mercredi 9 octobre 2024

17.30 - MILLE FILMS DE MA VIE - LA PRISONNIERE DU DESERT DE JOHN FORD (1956)


 Dans le cadre des Mille Films de Ma Vie , je vous propose le film La Prisonnière du Désert de John Ford (1956) avec John Wayne Jeffrey Hunter Natalie Wood Vera Miles Ward Bond John Qualen Olive Golden Harry Carrey Jr Henry Brandon Kern Curtis Antonio Moreno Hank Worden Lana Wood

Texas1868. Des Indiens Comanches attaquent le ranch d'Aaron Edwards, qui est tué ainsi que sa femme et son plus jeune fils. Ethan, le frère d'Aaron, découvrant le drame, part à la recherche de Lucy et Debbie, ses deux nièces disparues au cours de l'attaque. Bientôt, il n'est plus accompagné dans sa quête que de Martin Pawley (fils adoptif d'Aaron Edwards et donc neveu d'Ethan) et de Brad Jorgensen, le fiancé de Lucy.

La Prisonnière du désert (The Searchers), réalisé par John Ford en 1956, est incontestablement l’un des plus grands westerns de l’histoire du cinéma, porté par la maîtrise absolue du genre par Ford et l’interprétation magistrale de John Wayne. Ce film dépasse le cadre du western traditionnel, offrant une réflexion complexe sur la famille, la violence, la guerre, et la quête de soi dans une Amérique en pleine construction.

Le personnage central, Ethan Edwards, interprété par John Wayne, est un vétéran de la Guerre de Sécession, revenant dans un monde qu’il ne reconnaît plus, marqué par la violence et la haine. Sa mission, retrouver sa nièce Debbie (jouée par Natalie Wood) enlevée par les Comanches, le plonge dans une quête qui dure des années. Cette traque, motivée par une obsession implacable, est l’âme du film. Ethan, un homme rongé par son propre racisme et ses démons intérieurs, est un personnage fascinant, bien plus complexe que le héros typique des westerns classiques.

Le film traite subtilement des tensions raciales, à travers la guerre contre les Comanches, qui peut rappeler d'autres conflits de l’histoire américaine et des guerres contemporaines. John Ford ne présente pas une vision manichéenne des événements : la violence est omniprésente, mais elle touche tous les camps, sans héros ni victimes clairement définies. Ethan lui-même est un anti-héros, capable d’actes aussi bien héroïques que terribles.

Les relations familiales sont au cœur du récit, et Ford explore les conflits d’ego, les divisions internes qui déchirent les familles face à l’adversité. La scène où les femmes attendent, stoïques, devant la maison, tandis que leurs hommes partent se battre, est un moment particulièrement puissant. Ce plan illustre l’attente, la résignation, et la force silencieuse des femmes de cette époque, qui enduraient les souffrances de la guerre autant que les hommes.

La photographie, signée Winton C. Hoch, est l’un des éléments qui élève ce film au rang de chef-d’œuvre. Les vastes paysages de Monument Valley, emblématiques des films de John Ford, servent ici de toile de fond épique à l’action, bien que l’histoire se déroule au Texas. Les panoramas saisissants, les jeux de lumière, et les cadres picturaux apportent une dimension presque mythique à l’histoire. Monument Valley, avec ses couleurs flamboyantes et ses formations rocheuses monumentales, devient un personnage à part entière du film, symbolisant à la fois la beauté et la brutalité de l’Ouest américain.

L’obsession d’Ethan pour retrouver Debbie, coûte que coûte, est le moteur du film, mais Ford montre également ce que cette quête sacrifie : une vie rangée, la paix intérieure, et la possibilité de réconciliation. Ethan est un homme en guerre permanente, avec le monde qui l’entoure et avec lui-même. Sa relation avec Martin Pawley (Jeffrey Hunter), son neveu adopté, reflète cette lutte entre la haine et la compassion, et leur dynamique complexe apporte une autre dimension à cette histoire de vengeance et de rédemption.

Ford jongle avec les codes du western tout en les transcendant. Ce n’est pas seulement un film d’action ou de poursuite, mais une réflexion profonde sur la nature humaine, la violence inhérente à la conquête de l’Ouest, et le prix à payer pour l’obsession et la vengeance. La Prisonnière du désert est un western où l’on déguste chaque plan avec plaisir, où chaque détail, des décors aux dialogues, est soigneusement pensé pour servir une narration d’une rare intensité.

C’est un film qui laisse une impression durable, un voyage à travers les ténèbres de l’âme humaine, magistralement orchestré par un cinéaste au sommet de son art.

NOTE : 17.30

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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