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jeudi 17 octobre 2024

13.90 6 MON AVIS SUR LE FILM L'INSOUMIS DE ALAIN CAVALIER (1964)


 Vu le film  L’Insoumis de Alain Cavalier (1964) avec Alain Delon Léa Massari Georges Geret Viviane Attia Maurice Garrel Edith Garnier Camille de Casabianca Robert Bazil Robert Castel Guy Laroche Paul Pavel Pierre Collet

En 1959, pendant la guerre d'Algérie, le jeune Luxembourgeois Thomas Vlassenroot combat en Kabylie au sein de la Légion étrangère française. Voulant sauver en vain l'un de ses camarades blessés, il désobéit à son chef, le lieutenant Fraser. Quand le putsch des généraux survient, Thomas est devenu déserteur et s'est installé chez son amie Maria qui vit avec son père à Alger ; il veut désormais regagner son pays d'origine au plus vite. Son ancien lieutenant, devenu un membre de l'OAS lui rend alors visite, et lui propose une mission : il s'agit d'enlever et de séquestrer l'avocate Dominique Servet venue de Lyon pour défendre des combattants algériens. En échange, Thomas recevra de l'argent pour payer son voyage. Avec l'aide d'Amério, un « pied-noir » et de Fraser, la jeune femme est capturée en plein jour. Elle est ensuite amenée dans un grand appartement où Félicien, un autre prisonnier est également emprisonné, sous la bonne garde de Thomas et d'Amério. Torturée par la soif, l'avocate implore Thomas de lui donner à boire, ce dernier finit par s'apitoyer mais il est surpris par Amério qui le menace de son arme. Après avoir abattu son compagnon dans un échange de coups de feu, Thomas finit par accepter de faire sortir les deux prisonniers. Quand le lieutenant Fraser revient pour vérifier si tout va bien, Thomas l'emprisonne puis s'enfuit avec Dominique et Félicien.

L'Insoumis (1964) d'Alain Cavalier est un film intense et méditatif qui aborde un sujet rarement exploré dans le cinéma français : la guerre d'Algérie et ses répercussions psychologiques. Le film suit Thomas Vlassenroot (interprété par Alain Delon), un ancien légionnaire engagé dans un conflit moral et personnel après avoir déserté. Cavalier prend son temps pour explorer les thèmes du devoir, de la désertion et de l'engagement politique, rendant le film à la fois lent et immersif.

Le ton est grave, presque désespéré, et la mise en scène minimaliste accentue la tension omniprésente. Delon, connu pour ses rôles plus flamboyants, surprend ici par une performance intériorisée. Il incarne un homme tourmenté, pris au piège entre ses convictions et les horreurs auxquelles il a été confronté. Sa relation avec Dominique (Léa Massari), la femme qu'il aide à fuir, apporte une dimension tragique au film, notamment par le caractère inéluctable de leur destin.

Loin d'un film d'action ou de guerre classique, L'Insoumis est une réflexion sur le poids des choix individuels en temps de conflit. La lenteur du rythme, typique de Cavalier, renforce l'idée que chaque geste, chaque décision est chargée de sens. Georges Géret, en membre de l’OAS, offre une prestation saisissante, incarnant les paradoxes d'une organisation qui justifie la violence au nom d'une cause. Cette lente progression vers la fin inévitable illustre la fatalité des conflits internes et externes.

Le film, bien que peu prolixe sur les événements politiques explicites, renvoie subtilement à la guerre d'Algérie et ses silences : la France, à cette époque, préférait occulter cet épisode douloureux de son histoire. Cavalier semble ici dénoncer, sans emphase mais avec force, le non-dit autour de la décolonisation, l’OAS et les désertions.

Au final, L'Insoumis est un film rare, autant par son thème que par son traitement. Cavalier filme avec un regard clinique mais empathique, laissant place à la réflexion et à l’émotion. Il s'inscrit dans une tradition de cinéma qui privilégie l’exploration des tourments humains aux dépens du spectacle, offrant à Delon l'une de ses performances les plus nuancées.

NOTE : 12.90

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