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jeudi 10 octobre 2024

17.10 - MILLE FILMS DE MA VIE LE FILM POIL DE CAROTTE DE JULIEN DUVIVIER (1932)

 


Dans le cadre des Mille Films de ma Vie je vous propose le film Poil de Carotte de Julien Duvivier (1932) avec Harry Baur Robert Lynen Simone Aubry Catherine Fonteney Christiane Dor Maxime Fromiot Colette Segall Marthe Marty Louis Gauthier Henry Krauss Charlotte Barbier-Krauss Fabien Haziza

La vie malheureuse du jeune François Lepic, dit Poil de Carotte, malmené entre une mère haineuse et malfaisante à son égard, un père taciturne et las qui se croit mal aimé de son fils, un frère et une sœur cupides et hypocrites. Seule Annette, une jeune domestique, prend son parti et fait comprendre à son père qu'il est malheureux.

Poil de Carotte de Julien Duvivier, adaptation du roman de Jules Renard, est l’un des drames les plus déchirants du cinéma français. Duvivier, grand maître du mélodrame, revisite cette histoire qu’il avait déjà adaptée à l’époque du muet, mais cette fois avec un réalisme psychologique encore plus puissant, renforcé par les performances d'acteurs inoubliables.

Le film dépeint une famille dysfonctionnelle où règne une atmosphère de haine et d'indifférence. François Lepic, surnommé Poil de Carotte en raison de sa chevelure rousse, est un enfant mal-aimé, rejeté par sa mère, Madame Lepic, une figure autoritaire et cruelle. Comparée aux Thénardier de Les Misérables, elle incarne le mal parental à l’état pur, traînant son fils dans une spirale de mépris et d'humiliation. Le père, Monsieur Lepic, joué par l’immense Harry Baur, est un homme distant, impuissant face à la détresse de son fils. Leur relation est marquée par une absence totale de communication et d'affection, plongeant François dans une solitude insupportable.

La prestation de Robert Lynen dans le rôle de François est absolument bouleversante. Il parvient à exprimer toute la douleur, la fragilité et le désespoir de ce jeune garçon, en quête désespérée d’amour. Son visage innocent, ravagé par l’angoisse, donne au spectateur l'impression d'assister à une tragédie inévitable. Ses pensées suicidaires, ses larmes retenues, font vibrer le cœur de chacun, transformant l’écran en un miroir de souffrance et de mélancolie.

Duvivier, avec une mise en scène sobre mais précise, saisit la profondeur émotionnelle de chaque scène. Le film est baigné dans une ambiance oppressante, où les silences et les non-dits pèsent autant que les paroles. Les décors simples et les cadrages intimes soulignent le poids de la misère affective qui ronge cette famille. À travers ce drame familial, Duvivier interroge la cruauté de l’indifférence et la soif d’amour non comblée.

Au-delà d'un simple film, Poil de Carotte devient une véritable réflexion sur les failles humaines, où chaque spectateur se trouve confronté à ses propres peurs et douleurs. Le chef-d'œuvre de Duvivier et Renard reste, des décennies plus tard, une œuvre incontournable du cinéma, un hymne poignant à l'enfance brisée.

NOTE : 17.10

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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