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lundi 14 octobre 2024

12.10 - MON AVIS SUR LE FILM MATA HARI H21 DE JEAN LOUIS RICHARD (1964)

 


Vu le film Mata Hari agent H21 de Jean Louis Richard (1964) avec Jeanne Moreau Jean Louis Trintignant Claude Rich Franck Villard Jean Pierre Leaud Alber Rémy Georges Geret Hella Petri Georges Riquier Henri Garcin Max Desrau Carla Marlier Marcel Gassouk

En 1914, Margaretha Geertruida Zelle, dite « Grietje » (ou « Greta ») Zelle, connue sous le nom de scène de Mata Hari, est une belle danseuse « exotique » qui devient espionne au service de l'Allemagne. Sur ordre d'un certain Ludovic, agent de liaison, elle attire chez elle l’officier français François Lassalle, afin de subtiliser les précieux documents dont il est détenteur. Elle réussit mais s'éprend de l'officier.

Une nouvelle mission lui incombe, celle de subtiliser des documents confidentiels au colonel Peltier, qui est incidemment amateur de jolies femmes. François, désespérément jaloux, rompt. Mata Hari, d'abord enfuie en Espagne, revient en France dans l'espoir de le retrouver. Elle le rejoint sur le front, mais il est tué alors qu’ils sont surpris par une patrouille allemande.

Mata Hari, trahie par les Allemands eux-mêmes, est fusillée dans les fossés du fort de Vincennes.

Mata Hari H-21 (1964), réalisé par Jean-Louis Richard et écrit par François Truffaut, porte sans aucun doute l'empreinte stylistique de ce dernier, mais s’en éloigne dans l'exécution. On ressent dans le film un mélange des sensibilités des deux hommes : la plume raffinée de Truffaut et la direction plus brute de Richard. Ce dernier, connu pour sa proximité avec Truffaut, ne parvient cependant pas à insuffler le romantisme et la profondeur émotionnelle que l'on attendrait d'une telle histoire.

Là où l’on pourrait s'attendre à une exploration des dilemmes moraux et des motivations complexes de Mata Hari, le film semble se concentrer davantage sur ses relations amoureuses que sur sa carrière d'espionne. Ce choix de traitement affadit l'intrigue et réduit un personnage potentiellement riche et complexe à un catalogue d'amours passionnées, sans donner suffisamment de poids à son rôle d'agent double. L’aspect du suspense, souvent central dans les films d’espionnage, reste secondaire, privant ainsi le spectateur d’une immersion dans les subtilités des jeux d’espions et des tensions politiques.

Heureusement, Jeanne Moreau apporte une intensité et une grâce indéniables à son rôle, sublimant chaque scène de sa présence. Si le film échoue à capturer la danse, littérale ou métaphorique, de Mata Hari, il reste cependant quelques moments de beauté — comme lorsque Moreau interprète la chanson "Elle vendait des petits gâteaux". Mais, à l’image du film, ce moment ne parvient pas à transformer l’œuvre en quelque chose de mémorable.

Le film se heurte à une contradiction : l’exploration de la vie sentimentale de l’espionne prend le pas sur une véritable plongée dans son rôle de figure historique et espionne célèbre. On en ressort avec l’impression d’un potentiel gâché. Malgré les noms prestigieux associés au projet, de Jean-Pierre Léaud à François Truffaut, et malgré la magnificence de Moreau, Mata Hari H-21 reste une œuvre qui titille les attentes sans vraiment les satisfaire. Un film qui, à la porte de l’excellence, ne l’ouvre jamais totalement. 

NOTE : 12.10

FICHE TECHNIQUE 


DISTRIBUTION

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