CINEPHAGEMANIAC: * MILLE FILMS DE MA VIE : ETE 85 DE FRANCOIS OZON (2020)

dimanche 19 juillet 2020

* MILLE FILMS DE MA VIE : ETE 85 DE FRANCOIS OZON (2020)

Dans le cadre des Mille Films De Ma Vie, je vous propose Eté 85 de François Ozon (2020) avec Félix Lefebvre , Benjamin Voisin, Philippine Velge, Isabelle Nanty et Valeria Bruni-Tedeschi

C'est la première fois que je mets un film de l'année dans cette catégorie, c'est dire que le film m'a beaucoup marqué même si je n'ai pas de recul pour mieux l'analyser donc c'est à chaud.

Adapté librement de La Danse du Coucou (voir le film pour comprendre) de Aidan Chambers, le film est celle d'une génération des années 80 encore insouciante (le livre est de 81) sur les futurs années Sida quand on est homosexuel.

Insouciance du bel Alexis (Lefebvre) jeune garçon de 16 ans, qui va sortir avec son petit bateau dans une mer pas bien calme en prévision, il chavirera et tombera dans l'eau et sera sauver par David (Voisin) un autre adolescent un peu plus vieux, qui va l'aider à revenir sur terre dans tous les sens du terme.

Tout va partir de ce postulat, Alexis jeune homosexuel attiré par David a envie de vivre sa première grande histoire d'amour avec plaisir et volupté, de l'autre David est aussi attiré par Alexis mais pour lui, c'est une autre histoire après tant d'autres dans les deux sexes, sera t-il un gentil prédateur attirant dans ses filets de dragueur le bel Alexis sous les yeux de sa mère (Bruni Tedeschi) aveugle ou distante de la vie de son fils ?

Mais si le postulat de départ est cette histoire d'amour et cette rencontre fortuite et les premières sorties, ou la première nuit, derrière une porte où ce qui se passe ne nous regarde pas, phrase dit en voix off par Alexis. Elle pas les premières images que l'on voit.

Car elle est importante cette voix off, car dès les premières images du film, c'est la voix off d'Alexis qu'on entend et on comprend que David est mort (ce n'est pas un spoil on le sait à la première image), Alexis va allez menotter devant une juge d'instruction qui cherche à comprendre ce qui s’est passé, mais Alexis ne veut pas parler, ni au juge ni à un éducateur (Poupaud).

Et alors qu'on pouvait allez vers une belle bluette style Call me By Your Name sur la découverte des émois d’adolescents, on reste en suspens de cette question qu'est ce qui s’est passé, pendant que on suit en flash les belles envolée lyriques amoureuses des deux garçons (Ozon est très prude sur le sujet), on a de cesse d'avoir peur d'une histoire qui a mal tourné, par jalousie, par prédation, par accident involontaire, surtout quand on fait des promesses idiotes.

Alors qu'en 1985, on parlait beaucoup du Sida qui est absent du film (le bouquin étant écrit en 81) et qui séparait beaucoup de couple par la mort, la mort est ici représentée par l'événement qui va arriver à David et la solitude d'Alexis après ce départ.

Je vous laisse le soin de découvrir les raisons de ce deuil, de suivre ce grand amour brisé, de ses parents aveugles de l'amour de leur adolescent par ignorance ou par peur (formidable Isabelle Nanty) , les musiques de l'époque (Rod Stewart, Stars de la Pub, Bananarama, The Cure, Jeanne Mas) et la jolie partition pour le film de Jean Benoit Dunckel (la moitié du groupe Air) , qui vont servir d'accompagnement à cette jolie histoire d'amour mais qui aura une fin malheureuse.

Des jolis clins d'œil pour les cinéphiles, un petit instant de La Boum (dans la discothèque comme Sophie et Alexandre), la petite robe d'été dans un magasin (qui sera utile) qui rappelle son court-métrage à Ozon (La Robe d'Eté et son César) mais pas pour le même usage, A Love Simon aussi avec le tour dans un manège peut-être que du hasard avec Ozon on ne sait jamais, mais cela donne un moment de nostalgie;

J'ai un amour particulier pour Ozon, je suis fan depuis le début après voir Sitcom son premier film et Une Robe d'Eté après son César, j'ai voulu voir ses courts que j'avais trouvé dans un coffret je ne sais plus lequel et j'étais admiratif par sa narration et son inventivité dans sa manière d'amener l'histoire pourtant simple au départ comme ici (Je vous conseille Petite Mort).

Et François Ozon (comme souvent d'ailleurs) a trouvé deux acteurs formidables pour jouer ses deux héros amoureux complètement différent mais tous deux ont le talent et l'envie ancrée aux corps, avec le travail au Cours Florent (sans se croiser) le père de Benjamin est professeur à ce cours.

Alors des inconnus non pas vraiment, Benjamin Voisin (23 ans) fait l'actualité depuis deux ans, avec déjà sa participation dans la série de Arte "Fiertés », l'invitation de Ruppert Everet pour Happy Prince et coup sur coup deux films qui ont marqués La Dernière vie de Simon de Léon Karman et Un Vrai Bonhomme de Benjamin Parent ou à chaque fois il est formidable, on l'attend dans le nouveau de Xavier Giannoli avec Depardieu et Dolan (4 raisons de voir Comédie Humaine).

Félix Lefebvre dans un autre registre à 20 ans, un peu un Jérémie Renier jeune que Ozon connait bien dans son cinéma domine le film par sa présence physique (bateau, vélo, danse, moto) et sa beauté du Diable vont certainement marquer pendant des années le cinéma, car en plus d'avoir une sacrée présence et de très bien jouer, il danse et bien et fait de la musique (de la guitare je crois). On l'avait vu dans le très bon court-métrage Une Nuit à Travers champs et dans la série Le Chalet.

Donc François Ozon continue à nous surprendre, à nous faire poser des questions, en espérant qu’elle ne soit pas bête comme je le lui avais posé à l'avant-première du film Les Amants Criminels (j'étais déjà son fan) et je me suis pris un boomerang mérité. Et les deux fins du film, la résolution des questions que l'on se pose et la nouvelle vie d'Alexis (car il faut bien continuer à vivre) vont vous retourner de plaisir et dire merci M.Ozon.

Un très grand film, tourné en Super 16, qui nous sauve du numérique qui me gave, des images magnifiques une BO soutenue et deux comédiens à l'apogée d'une grande carrière, rendez-vous aux prochains César et pour eux deux et pour Ozon qui le mérite tant.

Le film fait partie du label « Festival de Cannes 2020 ».