104 ans. Elle était la doyenne du 7e art. Olivia de Havilland, née le 1er juillet 1916 à Tokyo (Japon), est morte le 25 juillet à Paris, où elle résidait depuis 1953. « Les Français sont très indépendants, intelligents, bien éduqués et créatifs. Ce sont des gens qui expriment leurs sentiments. Ils sont vivaces. Bref, ils sont celtes » justifiait-elle pour expliquer sa migration définitive dans la capitale.
Cinq fois nommée à l’Oscar et deux fois gagnante pour A chacun son destin en 1946, un mélo où elle se vieillit, et L’Héritière en 1950, en épouse timide et vengeresse, prix d’interprétation à Venise pour La fosse aux serpents en 1949, où elle est schizo et démente, l’actrice britannico-franco-américaine avait été révélée au monde entier avec le personnage de la douce et bienveillante Mélanie dans Autant en emporte le vent en 1939. Elle fut aussi la première femme à présider le jury de Cannes.
la sœur (et rivale) de Joan Fontaine, autre actrice hollywoodienne légendaire, avait une beauté fragile et une diction presque aristocrate. C’est avec des personnages sympathiques , vulnérables, qu’elle a forgé sa carrière d’actrice, même si, de temps à autres, elle se fourvoyait dans des rôles plus sombres et ambigües. « J’ai toujours eu plus de chance avec les rôles de gentilles parce qu’ils demandaient davantage de travail que ceux de méchantes » disait-elle. Avant de devenir de faire face à Vivien Leigh en Scarlett O’Hara, Olivia de Havilland a conquis le cœur de l’Amérique avec des films de divertissement populaire, aux côtés de son partenaire Errol Flynn, avec qui elle a joué huit films entre 1938 et 1943 dont Les aventures de Robin des bois.
Dans les années 1940, elle devient incontournable, et l’une des meilleures actrices de sa génération. De 1935 à 1988, elle tourne cependant plus rarement que de nombreuses de ses consœurs. Outre les Michael Curtiz (Capitaine Blood, La charge de la brigade légère, Robin des bois, La poste de Santa Fe…), elle est mise en lumière par des cinéastes majeurs comme John Huston (L’amour n’est pas en jeu), Raoul Walsh (La charge fantastique, The Strawberry blonde), William Wyler (L’héritière, avec le sublime Montgomery Clift), Stanley Kramer (Pour que vivent les hommes), Robert Aldrich (le jouissif Chut… chut, chère Charlotte, avec Bette Davis), Henry Koster (Ma cousine Rachel). Sur la fin de sa carrière, elle se concentre sur des seconds-rôles dans des grosses productions (Airport 77, Le cinquième mousquetaire) et pour le petit écran.
Durant trois décennies, Olivia de Havilland et son visage angélique et charmant ont souvent été associés à des films de qualité. S’il manque un grand chef d’œuvre à sa filmographie (à l’inverse de sa sœur qui croise deux grands films d’Hitchcock), il y a peu de fautes de goût. Surtout son jeu s’est étoffé au fil des ans et sa palette assez vaste la conduisent au firmament, aux côtés de Katharine Hepburn, son amie Bette Davis ou encore Jennifer Jones. Elle vacille ainsi du côté d’un registre plus tragique. Paradoxalement, au sommet de son art dans les années 1950, elle tournera moins, et s’effacera lentement de l’affiche. Au total, à peine 50 films avec son nom au générique, mais des rôles de femmes fortes et des récits dans tous les genres, du cape et d’épée au film catastrophe en passant par le western. Jusqu’à sa splendide et mystérieuse dualité qu’elle offre dans La double énigme de Robert Siodmak où elle joue deux sœurs jumelles, l’une criminelle, l’autre innocente.
Il faut dire qu’elle était une femme de tête. Ne supportant plus les rôles qu’on lui proposait, elle les refusait un à un. La Warner avait abusivement suspendu son contrat. Plutôt que de se laisser faire, la star décida d’entrer en guerre. Olivia de Havilland avait une détermination sans faille pour protéger sa vie privée, mais aussi pour poursuivre judiciairement les studios à qui elle fit de nombreux procès, farouchement défenseuse de sa liberté et de ses droits. Contre la Warner, elle gagne et cette bataille au prétoire aboutit à une nouvelle loi sur les contrats entre acteurs et producteurs. L'arrêt fait toujours jurisprudence dans le Code du travail californien sous le nom de De Havilland Law. De quoi mériter sa standing ovation dans une de ses dernières apparitions aux Oscars au début des années 2000.
Sur la fin de son existence, elle préférait écrire, le seul art dont elle ne se lassait pas. La longévité était son seul défi. « Chaque anniversaire est une victoire » disait-elle. Elle a fêté le dernier il y a un peu plus de trois semaines.
Source : Le Blog d'Ecran Noir
FILMOGRAPHIE
- 1935 : Alibi Ike de Ray Enright : Dolly Stevens
- 1935 : Tête chaude (The Irish in Us) de Lloyd Bacon : Lucille Jackson
- 1935 : Le Songe d'une nuit d'été (A Midsummer Night's Dream) de William Dieterle et Max Reinhardt : Hermia
- 1935 : Capitaine Blood (Captain Blood) de Michael Curtiz : Arabella Bishop
- 1935 : A Dream Comes True de George Bilson (court-métrage) : Elle-même
- 1936 : Anthony Adverse de Mervyn LeRoy : Angela Giuseppe
- 1936 : La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade) de Michael Curtiz : Elsa Campbell
- 1936 : The Making of a Great Motion Picture (court-métrage) : Elle-même
- 1937 : Une journée de printemps (Call It a Day) d'Archie Mayo : Catherine « Cath » Hilton
- 1937 : L'Aventure de minuit (It's Love I'm After) d'Archie Mayo : Marcia West
- 1937 : Le Grand Garrick (The Great Garrick) de James Whale : Germaine de la Corbe
- 1938 : La Bataille de l'or (Gold Is Where You Find It) de Michael Curtiz : Serena « Sprat » Ferris
- 1938 : Les Aventures de Robin des Bois (The Adventures of Robin Hood) de Michael Curtiz : Dame Marianne
- 1938 : Quatre au paradis (Four's a Crowd) de Michael Curtiz : Lorri Dillingwell
- 1938 : Une enfant terrible (Hard to Get) de Ray Enright : Margaret « Maggie » Richards
- 1939 : A Day at Santa Anita (court-métrage) de Crane Wilbur : Elle-même
- 1939 : Les Ailes de la flotte (Wings of the Navy) de Lloyd Bacon : Irene Dale
- 1939 : Les Conquérants (Dodge City) de Michael Curtiz : Abbie Irving
- 1939 : La Vie privée d'Élisabeth d'Angleterre (The Private Lives of Elizabeth and Essex) de Michael Curtiz : Lady Penelope Gray
- 1939 : Autant en emporte le vent (Gone with the Wind) de Victor Fleming : Melanie Hamilton
- 1939 : Raffles, gentleman cambrioleur (Raffles) de Sam Wood : Gwen
- 1940 : My Love Came Back de Curtis Bernhardt : Amelia Cornell
- 1940 : La Piste de Santa Fe (Santa Fe Trail) de Michael Curtiz : Kit Carson Holliday
- 1941 : The Strawberry Blonde de Raoul Walsh : Amy Lind Grimes
- 1941 : Par la porte d'or (Hold Back the Dawn) de Mitchell Leisen : Emily Agnes « Emmy » Brown
- 1941 : La Charge fantastique (They Died with Their Boots On) de Raoul Walsh : Elizabeth Bacon
- 1942 : Si Adam avait su... (The Male Animal) d'Elliott Nugent : Ellen Turner
- 1942 : L'amour n'est pas en jeu (In This Our Life) de John Huston : Roy Timberlake Kingsmill
- 1943 : Show Business at War (court-métrage) de Louis De Rochemont : Elle-même
- 1943 : La Petite Exilée (Princess O'Rourke) de Norman Krasna : Princesse Maria
- 1943 : Remerciez votre bonne étoile (Thank Your Lucky Stars) de David Butler : Elle-même
- 1943 : L'Exubérante Smoky (Government Girl) de Dudley Nichols : Elizabeth « Smokey » Allard
- 1946 : À chacun son destin (To Each His Own) de Mitchell Leisen : Miss Josephine Norris
- 1946 : La Vie passionnée des sœurs Brontë, Devotion de Curtis Bernhardt : Charlotte Brontë
- 1946 : Champagne pour deux (The Well-Groomed Bride) de Sidney Lanfield : Margie Dawson
- 1946 : La Double Énigme (The Dark Mirror) de Robert Siodmak : Terry/Ruth Collins
- 1948 : La Fosse aux serpents (The Snake Pit) d'Anatole Litvak : Virginia Stuart Cunningham
- 1949 : L'Héritière (The Heiress) de William Wyler : Catherine Sloper
- 1952 : Ma cousine Rachel (My Cousin Rachel) d'Henry Koster : Rachel
- 1955 : La Princesse d'Eboli (That Lady) de Terence Young : Ana de Mendoza
- 1955 : Pour que vivent les hommes (Not as a Stranger) de Stanley Kramer : Kristina Hedvigson
- 1956 : La Fille de l'ambassadeur (The Ambassador's Daughter) de Norman Krasna : Joan Fisk
- 1958 : Le Fier Rebelle (The Proud Rebel) de Michael Curtiz : Linnett Moore
- 1959 : La nuit est mon ennemie (Libel) d'Anthony Asquith : Lady Margaret Loddon
- 1962 : Lumière sur la piazza (Light in the Piazza) de Guy Green : Meg Johnson
- 1964 : Une femme dans une cage (Lady in a Cage) de Walter Grauman : Cornelia Hilyard
- 1964 : Chut... chut, chère Charlotte (Hush… Hush, Sweet Charlotte) de Robert Aldrich : Miriam Deering
- 1970 : Les Derniers Aventuriers (The Adventurers) de Lewis Gilbert : Deborah Hadley
- 1972 : Jeanne, papesse du diable (Pope Joan) de Michael Anderson : Mère supérieure
- 1977 : Les Naufragés du 747 (Airport '77) de Jerry Jameson : Emily Livingston
- 1978 : L'Inévitable Catastrophe (The Swarm) d'Irwin Allen : Maureen Schuster
- 1979 : Le Cinquième Mousquetaire, (The Fifth Musketeer) de Ken Annakin : La reine mère
- 2009 : I Remember Better When I Paint (documentaire) d'Eric Ellena et Berna Huebner : Narratrice
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