Je ne suis en général pas très friand des films
moralisateurs, où on veut te démontrer que tu ne fais rien pour que cela change
et que tu es surtout dans ce cas dans le mauvais camp. C'est à mon avis
complètement à côté de la plaque, il ne suffit pas de dire, mais de faire.
C'est ce que je reproche souvent au film social français souvent plein d'hypocrisie
et comme les Frères Dardenne, certains films de Ken Loach sont dans cette
catégorie.
Je sais je suis dur, mais pour moi le cinéma c'est raconter des histoires qui peuvent être justement social, mais où on peut peindre la société actuelle avec des images et pas trop de mots. Et c'est certainement pour cela qu'il n'a eu aucun prix à Cannes car trop soft pour le jury de cette année.
Ricky, Abby et leurs deux enfants Sebastian et Lisa vivent à
Newcastle. Leur famille est soudée et les parents travaillent dur. Alors
qu’Abby est assistante à domicile pour personnes âgées, Ricky enchaîne les jobs
mal payés.
Ricky décide alors de devenir chauffeur-livreur, avec statut
d'indépendant, pour une entreprise livrant à domicile des produits commandés
sur Internet. Abby vend sa propre voiture pour financer l'achat de sa
camionnette.
Le film est la dénonciation de l'Uberisation à fond, où le
salarié, si encore on peut dire qu'il est salarié doit payer tout d'abord pour
travailler, déjà ce type de boulot est mal payé et exploité et de plus on se
trouve dans un pays, l'Angleterre ou la justice sociale est précaire et instable.
D'ailleurs le titre du film "Sorry We Missed You"
est le mot que laisse le livreur aux clients quand ils ne sont pas là.
Plusieurs aspects sont montrés, bien sur l'employeur grand
méchant et l'employé super gentil (un classique dans le cinéma) mais Loach
montre que ce n'est pas aussi simple que cela, la responsabilité de ses
franchisés c'est qu'ils sont dans la même situation que les employés.
Pour moi les premiers responsables sont les clients, qui
dans ce système de se faire tout livrer, prennent les livreurs pour leurs esclaves,
leurs bonnes ou leurs majordomes, car il ne faut pas être hypocrite, ils ne
gagnent pas assez d'argent pour faire ce métier d'esclavage moderne. On a tous
fait des petits boulots d'étudiants où pour commencer dans la vie active, mais
pas à ce niveau de soumission, se battre c'est ne pas accepter, c'est
comme cela que le système fonctionne sur notre acceptation.
Loach dépeint les conséquences qu'il y a sur le couple entre
Abby qui doit tous les jours jonglée avec les horaires pour passer un peu de
temps avec ses malades et son mari Ricky de plus en plus à cran envers les
clients surtout et en particulier son fils Sebastien son fils de 16 ans, qui
aimerait revoir le père de son enfance pas celui-là. Cette partie-là je la
trouve très respectable.
Alors oui certains pourront dire qu'il utilise la méthode
douce si on peut dire et ne tape pas pendant 100 minutes sur les exploiteurs de
la Société, on peut le faire soit mais à chaque bout de champ cela en devient
fatiguant.
On retiendra aussi la très belle interprétation des trois
personnages principaux toujours juste le père Ricky (Kris Hitchen), la mère Abby
dévouée (Debbie Honeywood) et le fils Sebastian (Rhys Stone) qui donne le
meilleur d'eux même pour tous un premier film.
A noté que grâce à un producteur français et un distributeur
en autres le film a pu se faire et également la société de production des
frères Dardenne (sans les défauts de ses derniers).
Le fait d'être moins manichéen fait que je donne plus que la
moyenne au film ce qui est rare de ma part. Car je suis sûr que beaucoup de
critiques ou de spectateurs éventuels diront toujours qu’ils ne tapent pas
assez fort mais ce sont les premiers qui commanderont un repas livré par
UberEats pour regarder le film.
NOTE : 12.30
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Ken Loach
Scénario : Paul Laverty
Production : Rebecca O'Brien, Pascal Caucheteux, Grégoire Sorlat, Vincent Maravl , Philippe Logie et Eimhear Mcmahon.
Musique : George Fenton
Montage ; Jonathan Morris
Cadreuse : sarah Cunningham
Photographie : Robbie Ryan
Son : Kevin Brazier
Costumes : Jo slater
Décors ; Fergus Clegg
Direction Artistique ; Julie Ann Horan
DISTRIBUTION
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Ken Loach
Scénario : Paul Laverty
Production : Rebecca O'Brien, Pascal Caucheteux, Grégoire Sorlat, Vincent Maravl , Philippe Logie et Eimhear Mcmahon.
Musique : George Fenton
Montage ; Jonathan Morris
Cadreuse : sarah Cunningham
Photographie : Robbie Ryan
Son : Kevin Brazier
Costumes : Jo slater
Décors ; Fergus Clegg
Direction Artistique ; Julie Ann Horan
DISTRIBUTION
- Kris Hitchen (VF : Yann Guillemot) : Ricky Turner, le père
- Debbie Honeywood : Abby Turner, la mère
- Rhys Stone : Sebastian Turner, dit « Seb », 16 ans, le fils de Ricky et Abby
- Katie Proctor : Lisa Jane Turner, 11 ans, la fille de Ricky et Abby
- Ross Brewster : Gavin Maloney, le chef du dépôt
- Norman Sansom : l'adjoint de Maloney
- Charlie Richmond : Henry Morgan, le copain et conseiller de Ricky
- Nikki Marshall : la policière qui verbalise Ricky
- Mark Birch : un chauffeur
- Julian Ions : Freddie, le livreur forcé d'échanger sa tournée contre celle de Ricky
- Brad Hopper : l'ouvrier du bâtiment
- Alberto Dumba : Harpoon, un copain de Seb
- Stephen Clegg : le policier
- Linda E Greenwood : une femme chauffeur
- Harriet Ghost : l'employée de bureau
- Alfie Dobson : Jack O'Brien
- Mark Burns : le sans-abri
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