Cette année, les nominations aux Oscars sont arrivées dans un contexte tendu lié à la lutte contre le harcèlement et les agressions sexuelles. Le monde du divertissement a été particulièrement secoué par les révélations autour du producteur Harvey Weinstein et tous les témoignages de victimes qu'elles ont engendrés, puis la ferveur du mouvement MeToo.
Cette situation en tête, les votants n'ont pas hésité à rejeter certaines nominations attendues, afin d'éviter la présence de personnes ou de films liés de près ou de loin à des affaires de harcèlement. Passage en revue :
Pressenti favori avec The Disaster Artist, long métrage sur le "plus mauvais film du monde", l'acteur James Franco était pourtant absent des nominations aux Oscars. Récompensé du Golden Globes du meilleur acteur de comédie et d'un prix aux Critics Choices Awards, le comédien a perdu sa nomination quasi certaine du fait des accusations de harcèlement survenues à son encontre durant l'intervalle "Golden Globes/nominations aux Oscars". Et cela a eu plusieurs conséquences :
- La première, c'est la nomination surprise de Christopher Plummer dans le rôle de Paul Getty dans Tout l'argent du monde. Remplaçant au pied levé de Kevin Spacey que la production a effacé du film suite aux accusations de harcèlement à son encontre, Plummer a tourné ses scènes en un temps record. Cela a coûté très cher, mais à l'écran, on n'y voit que du feu.
- La seconde, c'est que Franco éliminé, cela laisse un boulevard à Gary Oldman pour décrocher le trophé lié à son interprétation de Churchill dans Les Heures sombres. Oldman a déjà reçu cette année le Golden Globe de meilleur acteur de drame.
Il faut dire aussi qu'en l'absence de Franco, les discours sur le mouvement MeToo et l'opposition au harcèlement peuvent se dérouler sereinement pour les organisateurs de la cérémonie.
Reste que l'Oscar du Meilleur acteur est remis chaque année par le précédent nommé. Or Casey Affleck, récompensé en février 2017 pour Manchester By The Sea, avait été accusé en janvier de la même année de harcèlement sexuel. L'affaire s'est réglée en coulisses, mais une pétition circule déjà pour que le petit frère de Ben Affleck ne foule pas la scène de l'Académie. Et elle a été prise en compte par l'Académie, sans que l'on ne connaisse encore sa décision.
Selon Deadline, la performance de la comédienne Kate Winslet dans le Wonder Wheelde Woody Allen aurait été ignorée du fait des différentes accusations frappant le cinéaste américain. De plus en plus d'acteurs ayant récemment tourné avec Allen reversent leurs cachets au mouvement MeToo. Dans ce contexte, nommer Winslet pourrait avoir été maladroit. La cérémonie cherche à être exemplaire. Très suivie dans le monde entier, elle cherche à être la plus irréprochable possible, et visiblement, si cela signifie se passer de certaines actrices aux nominations, qu'il en soit ainsi.
On notera l'oubli de Wind River, le polar enneigé aux allures de western de Taylor Sheridan. Production de la Weinstein Company, pressentie pour faire son chemin jusqu'aux Oscars, Wind River est restée exempt de nomination. Le nom d'Harvey Weinstein a beau avoir été effacé du générique, mais sa présence passée couplée à une nomination en compétition auraient laisser planer un doute que l'Académie ne veut surtout pas que les spectateurs aient.
Il s'agirait d'un cas d'école. Si un technicien, un réalisateur, un scénariste ou un comédien nommé était accusé de harcèlement ou d'agression sexuelle avant la céréminie, que ferait l'Académie ? Supprimerait-elle sa nomination ? Mentionnerait-elle cette soudaine absence sur scène lors de la cérémonie ? Laisserait-elle les nominations en place en ne récompensant pas la personne concernée ? La personne serait-elle même invitée à l'événement ? Autant de questions qui ne sont pour l'instant pas à l'ordre du jour, mais qui pourraient peut-être se poser à l'Académie d'ici au 4 mars. Auquel cas, bon courage !
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