Les esprits s'échauffent de plus en plus à l'approche des Oscars... Alors que l'on vient d'apprendre que Casey Affleck ne remettra pas l'Oscar de la meilleure actrice et n'assistera pas à la cérémonie le 4 mars prochain, un puissant lobby hispano-américain, la National Hispanic Media Coalition, créée en 1986 et destinée à promouvoir et défendre les intérêts et la visibilité de la communauté hispanophone aux Etats-Unis dans l'industrie de l'Entertainment, monte au créneau pour les prochains Oscars en lançant une campagne soulignant la sous représentation de la communauté latino dans les films hollywoodiens, en particulier dans la dernière sélection des films nominés.
Ce lobby, qui regroupe des scénaristes, écrivains, producteurs, acteurs / actrices, des sociétés de production et de marketing, a déclaré ce jeudi vouloir organiser deux manifestations ciblant la prochaine cérémonie des Oscars. Des manifestations "qui ne sont que les premières d'autres à venir, et deviendront plus agressives envers les Majors pour mettre fin à un racisme institutionnel envers les latinos" a souligné le président de la NHMC, Alex Nogales.
La première démonstration de force aura lieu le 5 février prochain, soit le jour du traditionnel déjeuner organisé pour les nominés; la seconde la veille de la cérémonie des Oscars. Par ailleurs, la NHMC menace d'appeler au Boycott d'une Major en raison d'une trop faible représentativité de la communauté hispanophone au sein de ses murs, sans toutefois préciser de quelle Major il s'agit... Pour le moment. "Nous avons besoin de parler directement avec les Executives du studio et ils doivent nous parler, pas juste à travers des statistiques. Ils doivent dire comment ils vont régler leur problème, parce qu'il s'agit bien de leur problème" a lâché Alex Nogales.
Si ce sont des réalisateurs natifs du Mexique qui ont gagné l'Oscar du Meilleur réalisateur entre 2014 et 2016 (Alejandro González Iñárritu et Alfonso Cuaron, en attendant peut-être Guillermo del Toro cette année), Nogales insiste avant tout pour dire que ces protestions organisées ont pour but de développer les opportunités pour la communauté latino : "nous sommes évidemment très fiers de ces réalisateurs mexicains qui ont fait des choses incroyables à Hollywood, mais ils sont mexicains et pas latinos. La manière dont nous serons perçu à l'écran sera fonction de la manière dont nous serons traité".
Pour étayer son argumentaire, la NHMC cite notamment une étude publiée en juillet 2017 par l'école USC Annenberg (consultable ici), qui précise qu'entre 2007 et 2016, les personnages d'origines hispaniques représentent à peine 3,1% des personnages parlants, sur un total de 900 films. Selon une étude de la MPAA datée de 2016, la communauté hispanophone représentait 18% de la clientèle des salles de cinéma, et 23% de la clientèle fidèle des salles de cinéma, c'est-à-dire celle qui va plus d'une fois par mois voir un film en salle. Et quand on sait que l'espagnol est la seconde langue parlée aux Etats-Unis, autant dire que ces chiffres / cette communauté pèsent très lourd dans la balance.
Hollywood doit se méfier de l'activisme de la NHMC, car elle a déjà démontré plusieurs fois sa redoutable efficacité par le passé. En 1998 par exemple, elle lança une campagne de boycott contre Disney et la chaîne ABC pendant un an, jusqu'à ce que les sociétés cèdent et décident de promouvoir 8 personnes latinos dans leurs organigrammes. En 2017, la NHMC a conclu un accord avec la chaîne CBS, dans lequel la chaîne s'engageait à prêter davantage de considérations aux scripts rédigés par des scénaristes Latino, ainsi que d'employer plus de réalisateurs Latino.
Après le mouvement #OscarSoWhite, les controverses autour du #MeToo, les accusations de White Washing et les menaces de la NHMC, l'industrie hollywoodienne de l'Entertainment marche sur des charbons ardents en 2018...
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