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dimanche 21 septembre 2014
LES DOUZE SALOPARDS de ROBERT ALDRICH
Les 12 Salopards de Robert Aldrich (1967) est un de mes films de guerre préférés ou du Cinéma d'action bien avant Expandables, les acteurs de ce film, sans montrer leurs muscles jouaient la violence bien plus que maintenant,avec un maître à bord Robert Aldrich, qui dans le genre n'est pas le moins mauvais.
Le film dans la lignée de M.A.S.H est anti-militariste à fond, et si à ce jour cela pourrait faire rire, à l'époque avant les événements de 68, pouvait passer pour un film anti-américain voir faciste pour certains.
A noter la performance du très grand John Cassavetes, aussi bon devant que derrière la caméra.
SYNOPSIS
Pendant la seconde guerre mondiale,quelque temps avant le débarquement en Normandie, 12 criminels, tous condamnées à mort, aux travaux forcés ou à une peine de prison, se voient proposer une mission suicide en échange d'une amnistie : attaquer un château en France où se sont installés une trentaine de généraux nazis et en massacrer le plus possible.
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Robert Aldrich
Scénario : Nunnally Johnson et Lukas Heller d'après E.M Nathanson
Production : Kenneth Hyman
Musique : Frank De Vol
Photographie : Edward Scaife
Montage : Michael Luciano
Durée :143 minutes
Sortie Etats-Unis :15 Juin 1967 - Sortie France 27 Septembre 1967
DISTRIBUTION
Lee Marvin : Commandant John Reisman
Ernest Borgnine : Général Sam Worden
Charles Bronson : Joseph T.Wladislaw
Jim Brown : Robert T.Jefferson
John Cassavetes : Victor Franko
Richard Jaeckel ; Sergent Clyde Bowren
George Kennedy: Major Max Armbruster
Trini Lopez : Pedro Jimenez
Ralph Meeker : Capitaine Stuart Kinder
Robert Ryan : Colonel Everett Dasher-Breed
Telly Savalas : Arthur J.Maggott
Donald Sutherland : Vernon L.Pinkley
Clint Walker : Samsom Posey
Robert Webber : Général Denton
Tom Busby : Milo Vladek
Ben Caruthers : Glenn Gilpin
Stuart Cooper : Roscoe Lever
Colin Maitland : Seth K.Sawyer
Al Mancini : Tassos R.Bravos
Robert Philips : Caporal Carl Morgan
George Roubicek : Caporal Carl Morgan
Thick Wilson : Aide de camp du Général Worden
Dora Reisser : Femme d'officier allemand
ANECDOTES ET SECRET DE TOURNAGE
Lorsqu’il est publié en 1965, le roman de E. M. NathansonDouze Salopards provoque immédiatement l’intérêt du cinéaste Robert Aldrich. Mais il n’obtient pas les droits qui sont achetés par la MGM, laquelle fait écrire une adaptation par Nunnally Johnson, le scénariste desRaisins de la colère. Robert Aldrich, finalement engagé pour réaliser le film, n’est pas enthousiasmé par la lecture du script, "parfait pour un film de guerre de 1945 mais pas pour un film de guerre de 1967". Il convainc alors le producteur Kenneth Hyman de faire appel à Lukas Heller, qui a écrit son dernier film, Le VOL du phénix. "Ce que Nunnally Johnson avait écrit était un authentique film de guerre, qui devait être pris parfaitement au sérieux,se souvient Heller. Il y avait même une autre sous-intrigue reprise du livre, qui concernait une aristocrate anglaise dont le domaine servait de base d’entraînement et avec qui Lee Marvin pensait avoir une aventure ; on découvrait qu’elle avait un amant qui était un général SS, ou quelque chose d’aussi ridicule." Le scénariste apporte au projet un ton antimilitariste qui plaît particulièrement à Aldrich, et ajoute pas mal d’humour (on lui doit notamment la scène où Donald Sutherland se fait passer pour un général et celle où Charles Bronson répond aux questions du psychiatre).
La MGM souhaite que John Wayne interprète le rôle du major Reisman, chargé de parachuter un commando de condamnés à mort en France occupée. Mais Robert Aldrich a en tête Lee Marvin (qu’il a dirigé dans Attaque) et lui rend visite en plein désert californien avec Kenneth Hyman sur le plateau des Professionnels. L’acteur accepte rapidement le projet et le cinéaste complète le reste du casting. Jack Palance refuse le rôle de Magott, le violeur illuminé, qui va à Telly Savalas. "Je me devais d’ajouter une autre dimension au personnage. Jouer le stéréotype du fanatique religieux n’aurait mené à rien, mais si le gars se montre charmant et a l’air logique –excepté dans les moments où il faut suggérer sa psychose- il devient effrayant parce qu’il peut être n’importe qui." Sur les rangs pour le rôle de Pinkley mais encore peu connu, Donald Sutherland demande à Roger Moore d’envoyer aux producteurs à Los Angeles l’épisode du Saintqu’il vient de tourner avec lui mais qui n’a pas encore été diffusé ("La Route de l’évasion"). Sa prestation de prisonnier se faisant la belle avec Simon Templar lui permet de rejoindre la distribution. Pour John Cassavetes, la situation est très différente, voire à l’opposé. Il a signé en 1966 un contrat d’un an avec Universal en tant qu’acteur afin de pouvoir financer une partie de la production de son film Faces. Lorsque la firme le "prête" à la MGM pour tourner 12 Salopards, Cassavetes refuse net de jouer dans un film aussi violent, qui plus est en Grande-Bretagne. Il faut le menacer d’un procès pour qu’il se décide. Le footballeur Jim Brown, star de l’équipe des Cleveland Browns, n’a qu’un film derrière lui (Rio Conchos de Gordon Douglas), mais son charisme lui vaut d’être engagé (il annoncera au cours du tournage qu’il arrête définitivement sa carrière sportive pour se consacrer au cinéma). Aldrich fait encore appel à des acteurs qu’il connaît bien comme Ernest Borgnine, Robert Ryan, Ralph Meeker, Richard Jaekel et surtout Charles Bronson qu’il avait dirigé du temps où il s’appelait encore Buchinsky (dans Bronco Apache et Vera Cruz).
Les acteurs signent leur contrat sans avoir jamais eu entre les mains la version de Lukas Heller et n’en connaîtront d’ailleurs la teneur qu’une fois arrivés à Londres. Aldrich organise une semaine de lecture autour d’une table. Un jour, il leur annonce qu’ils devront arriver le lendemain avec leur coupe de cheveux militaire. Lee Marvin s’exécute mais, se souvient-il, "certains de ces gars avaient des coupes de cheveux plutôt originales. Mais
ils se sont contentés d’aplatir les extrémités. Il les a lors regardés et leur a dit : "Bon, je vais vous le dire une fois encore : je veux que vous alliez en ville vous faire couper les cheveux." La même chose arriva le jour suivant et il leur dit : "Voilà ce qui va se passer : ou vous arrivez demain avec votre coupe ou vous appelez vos avocats." Lorsque Cassavetes se présente avec le crâne rasé, Aldrich éclate de rire et tous les autres s’exécutent de bonne grâce. "Il avait cette manière de faire, explique Marvin. Il se jouait de vous, vous
titillait, vous mettait en porte à faux avec les autres acteurs, ce que je
trouvais pas mal."
Le cinéaste va appliquer cette méthode pour le tout premier jour de tournage. Dans la cour de la Ashridge Business School, censée représenter une prison militaire, les douze détenus se mettent en rang devant le major Reisman. Aldrich appelle les acteurs les uns après les autres et Bronson se retrouve entre Donald Sutherland, 2m, et Clint Walker, 2m07. En réalisant que ses collègues le dépassent d’au moins une tête, il va voir Aldrich pour lui dire "Et merde !". Le réalisateur en rit pendant dix bonnes minutes. "Cela apportait beaucoup au film, dit Marvin. Ça obligeait les gens à jouer LE JEU en se jouant des autres. Il savait, au
moins en nous manipulant ainsi, que s’il y avait une scène ou Charlie se
tenait debout à côté de ces gars, cela allait provoquer quelque chose, et ce
serait en faveur de Charlie."
Robert Phillips, un ancien policier devenu acteur (et auteur d’un livre, "60 manière de tuer un homme à mains nues"), est engagé par la production pour jouer un des soldats qui encadrent les prisonniers. En réalité, il est surtout là pour servir de garde du corps à Lee Marvin dans sa tournée des pubs londoniens. Porté sur l’alcool et ses conséquences (bagarres, scandales…), la star se doit d’être sur le plateau chaque matin et non en prison ou devant un tribunal, et de plus, un visage tuméfié serait difficile à rattraper au maquillage. Mais c’est le producteur Kenneth Hyman qui empêche un soir… Sean Connery de corriger Marvin, qui vient de manquer de respect à sa tante ("Je PARIE que votre minet est encore soyeux" lui a-t-il dit, ivre). Ernest Borgnine se souvient également d’un écart de l’acteur dû à la boisson mais cette fois sur le plateau :
"Nous étions en train de répéter et après en avoir fini avec ma partie, Aldricha demandé à ce que Jim Brown soit appelé sur le plateau. Lee a dit, "Ouais, amenez le nègre." Un long silence s’en est suivi, puis Aldrich à demandé à Lee, "Pourrais-tu venir dans mon bureau quelques instants ?" Lee se sentait de bonne humeur et il a dit "Bien sûr". Ils sont entrés tout les deux dans le petit bureau de la production et en sont ressortis dix minutes plus tard. Lee était complètement sobre et l’est resté par la suite." Mais Borgnine n’a sans doute pas assisté au tournage de la dernière séquence…
Aux studios de Borehamwood (où ont été tournés récemment Quand l’inspecteur s’emmêle et Blow-up), 250 personnes ont travaillé pendant quatre mois à la construction du décor du château français occupé par les Nazis, sous la direction de William Hutchinson (Lord Jim). Un incendie criminel endommage une partie du set (on soupçonne un acte de malveillance des gens du voisinage, une mésaventure déjà arrivée sur le plateau de Dr Doolittle) mais cela ne perturbe pas le tournage, qui s’étale sur un mois. Le décor sera en grande partie détruit pour les besoins de la scène finale. Après cela, Marvin et Bronson doivent traverser un pont dans un camion chargé d’armes. "Seulement, à l’heure convenue, se souvient Hyman, Lee n’était pas là. J’ai couru à Londres et je l’ai trouvé dans son pub favori, saoul comme une grive. Or c’était lui qui devait conduire l’énorme camion sur un pont étroit et assez branlant. Je l’ai traîné jusqu’à ma voiture, et je lui ai fait boire un plein thermos de café. Il chantait, racontait des histoires graveleuses, un vrai gosse. Tout cela aurait été charmant, si nous n’avions pas eu cette diable de scène à tourner. Nous sommes arrivés au studio. Bronson était debout, à son poste. Il attendait. Nous avons sorti Lee de la voiture. Il s’est écroulé. Alors Bronson s’est approché.
-Marvin, a-t-il dit, je vais te casser la gueule.
Alors, une fois de plus, j’ai imploré :
-Pas la gueule, Charles… J’en ai encore besoin.
Eh bien, Lee a conduit le camion sans une embardée. Il arrivait toujours à se ressaisir au dernier moment. Parfois, il était tellement ivre qu’il n’aurait pu se rappeler son nom, mais quand il entrait en action, personne n’aurait pu s’en douter. Il écoutait ce qu’on lui disait, affrontait la caméra, hésitait ou fonçait et il était formidable."
À la vision du premier montage, la MGM affirme à Aldrichqu’il pourrait obtenir l’Oscar du meilleur réalisateur s’il supprimait la scène où Jim Brown (ex-footballeur, rappelons-le) sprinte à travers la cour du château, laissant tomber des grenades dans les systèmes de ventilation aspergées d’essence. Il refuse, car elle est essentielle à ses yeux. "J’ai essayé de dire là que ce ne sont pas seulement les Allemands qui commettent des actions particulièrement atroces et que les Américains et d’autres agissent de même. La guerre est déshumanisante : il n’y a pas de guerre propre. Quand quelqu’un est impliqué dans une guerre, il l’est bel et bien, point final."
Robert Aldrich ne sera effectivement pas nominé à l’Oscar…
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