Un film comme Capharnaüm pose un problème sur le fond et sur
la forme, et comme tous ses films qui ressemblent à des documentaires, on se
demande où s'arrête la vérité dans les images que l'on voit, d'autant plus que
Labaki a pu changer en cours de route, le montage de son film, ayant obtenu sur
plus de 500 heures de rush, différente possibilité de scénario avant d'aller
vers la maltraitance des enfants.
Ce qui me gêne mais si le film pose le regard sur ces
enfants abandonnés est trop démonstratif à mon avis et comme elle n’est pas
économe de ses effets, notamment dans sa mise en scène, on en perd la raison du
pourquoi du comment.
Dans un premier temps on suit Zain un garçon de 12 ans (âge
donné par un médecin, car l'enfant ne connait pas son âge, pas plus que ses
parents d'ailleurs) un enfant des rues de Beyrouth au Liban, que l'on découvre
au tribunal après qu'il ait été condamné à 5 ans de prison pour une violence au
couteau sur un homme dont on découvrira la raison plus tard dans le film. Mais
Zain n'est pas là au tribunal pour cette affaire, non Zain avec l'aide d'un
avocat à décider de porter plainte contre ses parents pour une raison
extraordinaire pour ce lieu "l'avoir mis au monde", oui l'avoir mis
au monde et ne pas être capable de l'élever correctement dans la décence et la
sécurité.
Le Pitch de départ est évidement exceptionnel, mais le film
ne va s'attarder sur ce procès, mais su la raison qu'a amener Zain à faire
violence contre cet homme. Et on la suivre errer dans les rues, quémandant à
manger ou du travail pour se nourrir un minimum, utilisant toutes les possibilités
de la rue, comme pour se laver en utilisant un car-Wash.
Zain va sympathiser avec une femme éthiopienne qui a un
enfant en bas-âge de 3 ans, qui lui comme de nombreux enfants abandonnés dans
la ville , va être enlever par Zain pour être vendu à un homme dont on ne
connait pas les raisons de ce soudain envie d'enfant, mais comme lé
réalisatrice fait d'énorme sous-entendu sur la prostitution et la pédophilie
dans ce pays et cet univers d'enfant de la rue, on y pense malheureusement,
notamment car la sœur de Zain va finir dans les mains d'un homme (celui que
Zain va agresser) à l'âge de 11 ans pour qu'il se marie avec lui.
Dans ce postulat, la réalisatrice va nous essayer de nous
donner bonne conscience, en montrant des images horribles, comme ces enfants
entassés dans des prisons ou ses réfugiés abandonnés à leurs sorts, il est
certain qu'avec notre quotidien à côté du leurs on n’a pas à se plaindre, et le
message est martelé pendant deux heures, ce qui en devient interminable.
Mais Labaki n'est pas Buñuel avec son magnifique Los
Olvidados, son scénario n'est pas Les Misérables de notre cher Victor Hugo ou
avoir la grâce de Les Bêtes du Sud Sauvage de Benh Zeitlin car elle force trop
le trait et illumine trop le film de belles images pour faire genre, alors ce
qu'on voit n'est que gris et tristesse.
Dommage surtout car la scène du procès à la fin du film est
bouleversante et elle aurait dû s'en maintenir là et pas nous faire un
inventaire de Prévert sur la misère qu'il y a dans ce Liban considéré comme un
pays développé, comme on a qu'un seul point de vue, on n’a pas vraiment le
choix.
Maintenant la réalisatrice a eu la chance de rencontrer un
jeune garçon (qui joue Zain) étourdissant de simplicité et de grâce, alors que
ce rôle est un peu le sien, et pas un pantin à qui on donne des ordres comme
souvent dans les films avec enfants, il tient le film du haut de ses 12 ans
avec une folie assourdissante et pleine de volonté.
Alors que va faire Nadine Labaki de l'argent qu'elle va
gagner grâce au film et peut-être un Oscar au bout du compte, j'espère qu'elle
ne laissera pas tomber ce garçon qui mérite une autre vie et le petit
Boluwatife le petit garçon qui joue Jonas, et de ne pas laisser au bord de la
route, ce serait un moindre mal.
Oui c'est un film fort, touchant et qui donne vraiment
l'impression que notre monde ne marche pas sur la tête, car là on n’est pas
dans un pays gangrené par Daesh, mais dans un pays libre qui sort de plusieurs
guerres mais libre, enfin en apparence, mais gâché par ce trop-plein de
stylisation.
Le film a obtenu le Prix du Jury au dernier Festival de
Cannes
NOTE : 13.10
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Nadine Labaki
Scénario : Nadine Labaki, Jihad Hojeily, Michelle Kesroauni et Khaleb Mouzanar
Musique : Khaled Mouzanar et Georges Khabbaz
Producteur : Akram Safa, Michel Merkt et Khaled Mouzanar et Pierre Sarraf
Son : Chadi Roukoz
Costumes : Zeina Saab Demelero
Assistant Réalisateur : Toufic Khreich
Casting : Jennifer Haddad
Décors : Hussein Baydoun
Montage : Kostantin Bock et Laure Gardette
Photographie ; Christopher Aoun
Mixage : Matthieu Tertois
DISTRIBUTION
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire