Tom Wolfe, l’auteur du Bûcher des vanités, est
mort lundi 14 mai à l’âge de 88 ans, à New York. Il a souvent été celui qu’on
adorait détester. Pour ses propos comme pour son apparence, soigneusement
étudiée. Il portait toujours un de ses trente-deux costumes de flanelle
blanche, coupés sur mesure, une de ses soixante-quinze chemises de diverses
couleurs. Il avait dessiné lui-même ses chaussures, faites à Londres : le
matériau blanc des guêtres marié au cuir noir. Tout était calculé, jusqu’aux
boutons de manchette.
Derrière tout cela, il y avait, à l’origine, un petit gamin
du Sud, né le 2 mars 1930 à Richmond, en Virginie. Son père, agronome,
dirigeait une revue bimensuelle consacrée à la terre, aux arbres et aux
plantes. Dès qu’il a su lire, à 5 ans, le jeune Tom a proclamé qu’il
serait écrivain.
Après des études à Yale et un petit boulot d’assistant
camionneur, il est entré comme reporter au Springfield Union, dans
le Massachusetts. Mais c’est à New York, dans les années 1960, quand il a
commencé à travailler pour plusieurs quotidiens et magazines, dont Esquire, qu’il
s’est fait remarquer. Il a subverti les règles traditionnelles du journalisme,
et on a fait de lui l’inventeur d’un « nouveau journalisme » – mais
on peut aussi appliquer ce qualificatif à des textes de Norman Mailer, de
Truman Capote et de Hunter S. Thompson.
Il disait ne pas vraiment avoir défini les codes de ce
nouveau journalisme, mais aimait à rappeler quelques principes. En particulier,
la nécessité de construire le reportage scène après scène, « comme
pour un roman », d’introduire des dialogues, de faire bien
apparaître l’appartenance sociale des protagonistes. Mais le plus nouveau était
l’obligation d’écrire à la première personne, « pour que tout soit
vu par les yeux des protagonistes et non ceux du journaliste »
Source : Le Monde
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