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samedi 19 mai 2018

PALMARES DE LA SECTION UN CERTAIN REGARD CANNES 2018


 Le jury de la section Un certain regard, présidé par l’acteur Benicio Del Toro, a remis, vendredi 18 mai, son palmarès, qui récompense un cinéma ambitieux, engagé et pointu.
commencer par Border (Gräns), lauréat du prix Un certain regard : un film suédois d’Ali Abbasi, qui convoque le fantastique sous les traits, entre autres, de son héroïne, Tina – faciès de Neandertal, corps épais et difforme –, pour ­interroger la notion de frontière entre animalité et humanité, de politique d’accueil des réfugiés. Border inquiète, déroute et émerveille.

Le prix spécial du jury, attribué au long-métrage Les Morts et les autres, du Portugais João Salaviza et de la Brésilienne Renée Nader Messora, gratifie une œuvre qui conduit, elle aussi, au questionnement. Elle concerne cette fois la disparition qui menace les indigènes du Brésil, mise en scène sous la forme d’un entre-deux-mondes – les vivants et les âmes, un village et la ville, les traditions et la modernité. Ce long-métrage où l’ethnographie côtoie l’expé­rimental, a la beauté d’un songe qu’il est nécessaire d’inscrire sur la pellicule pour ne pas qu’il ­s’évapore. Au même titre que les peuples en danger.

Quant au prix du meilleur réalisateur, attribué à l’Ukrainien Sergei Loznitsa pour Donbass, il prend le parti de mettre en lumière un film qui, en une douzaine d’histoires et sur un ton virulent, raconte les deux premières années de la révolution ukrainienne (2014 et 2015), dans une zone de non-droit passée sous le contrôle de séparatistes soutenus par Moscou. Un tableau à charge sur l’enfer postsoviétique, à travers lequel Loznitsa laisse libre cours à sa colère. Avec une rage qui n’a d’équivalent que son pessimisme.

Sur les dix-huit longs-métrages présentés dans cette section, six étaient des premiers films, dont deux ont été distingués. L’un par le prix du meilleur scénario : ­Sofia, de Meryem Benm’Barek, très beau film mettant en scène crûment une jeune femme de 20 ans vivant à Casablanca et qui, à la suite d’un déni de grossesse, se retrouve dans l’illégalité en accouchant d’un bébé hors mariage.

L’autre par le prix de la meil­leure interprétation, attribué à Victor Polster pour son rôle dans Girl, l’histoire d’une jeune fille transgenre qui rêve de devenir danseuse étoile. Adolescent de 16 ans, le jeune acteur avait ­convaincu le réalisateur Lukas Dhont, après de longues recherches. Cette récompense vient conforter l’accueil triomphal reçu par le film lors de sa projection.

En ouverture de cette remise des prix, Benicio Del Toro a ­déclaré que « parmi les 2 000 films proposés cette année au Festival, les dix-huit sélectionnés à Un ­certain regard, depuis l’Argentine jusqu’à la Chine, [étaient] tous à leur manière des vainqueurs », précisant aussi que son jury, « extrêmement impressionné par la grande qualité du travail présenté » avait gardé les cinq longs-métrages qui les avaient « particulièrement émus ».

Parmi ceux-là, aucun des trois films français présents : A genoux les gars, d’Antoine Desrosières, Gueule d’ange, de Vanessa Filho, et Les Chatouilles, d’Andréa Bescond et Eric Metayer, trois œuvres qui ont en commun d’épaissir le trait avec une telle insistance que le défaut paraît relever du trouble


L’acteur Victor Polster à l’hôtel Majestic à Cannes, le 13 mai 2018.La réalisatrice Meryem Benm’Barek dans les locaux d’Unifrance à Cannes, le 17 mai 2018.Le réalisateur ukrainien Sergei Loznitsa au 71e Festival de Cannes, le 9 mai 2018.De droite à gauche : Vitor Aratanha, Renée Nader Messora, Henrique Ihjac Kraho, Koto Kraho et João Salaviza sur l’une des terrasses du Palais des festivals à Cannes, le 16 mai 2018.L’actrice Eva Melander reçoit des mains du président du jury d’Un certain regard, Benecio Del Toro, le prix Un certain regard pour le film d’Ali Abbasi, « Border » (« Gräns »), à Cannes, le 18 mai 2018.Le réalisateur Ali Abbasi sur la Croisette à Cannes, le 11 mai 2018.

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