Alors même que le film Bécassine !, de Bruno Podalydès avec Emeline Bayart, ne sort en salle que le 20 juin, le groupe anarcho-indépendantiste Dispac'h, qui signifie "rébellion" en Breton, a déjà appelé à son boycott, en raison de l'image "dégradant[e], insultant[e] et méprisant[e]" des "femmes de Bretagne" véhiculée par le personnage de Bécassine, servante un peu sotte toujours affublée de sa robe verte, de sa coiffe et de son parapluie rouge.
Le groupe, qui écrit que "ce personnage qui date de 1905 a été inventé dans les journaux de la bourgeoisie parisienne qui aime se moquer des individus qu’elle exploite et opprime à longueur de journée", estime qu'il entache la mémoire de l'immigration bretonne qui "n’avait rien de la naïveté joyeuse qu’expose le film" et "qu'en plus du mensonge historique, [il] est une insulte à la mémoire de notre peuple, une insulte à toutes les femmes de Bretagne et à toutes les femmes qui connaissent ou ont connu l'immigration."
Dans un communiqué, le collectif d'extrême gauche a appelé à deux rassemblements le 1e et le 5 juin devant deux cinémas où doivent se dérouler des avant-premières de Bécassine. Si l'on en croit Le Télégramme, des exploitants bretons ont également reçu un courriel leur indiquant que les membres de Dispac'h feraient "tout ce qui est en leur pouvoir pour que les séances ne se déroulent pas correctement".
Déjà, en 1939, le tournage du film avec Paulette Dubost avait scandalisé les Bretons et avait dû être rapatrié sur Paris. Interrogé par Ouest France au sujet de la polémique provoquée par la sortie de Bécassine ! en Bretagne, Bruno Podalydès s'est expliqué : "Je ne mets pas du tout en avant la Bretagne dans le film, Bécassine est un personnage plus universel que breton." Il rappelle et précise que "ce n'est qu'en 1913 qu'on situe Clocher-les-Bécasses en Bretagne. Mais Bécassine porte une tenue picarde. Son dessinateur, Pinchon, était d'Amiens..."
Pour le réalisateur, la réaction du collectif breton est "prématurée", le groupe anarcho-indépendantiste n'ayant pas encore vu le film : "On ne juge pas une œuvre sans la visionner. J'invite tout le monde à aller voir le film et à se faire son avis. Je suis confiant et impatient de voir l'accueil du public breton", a-t-il conclu.
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