Le film était en
Compétition Officielle et a obtenu le Prix du Scénario au Festival de Cannes
2018, festival que connaît bien la réalisatrice après y avoir présenté Les
Merveilles, et qui devrait à mon avis, être une invitée régulière du Festival.
Le film est beaucoup plus politique que le titre veut bien
le dire, car si notre Lazzaro est un bienheureux, la vie qui l'entoure l'est
beaucoup moins avec une situation sociale compliquée au jour le jour, pour ce
peuple des campagnes, qui vont des exclus des villes par la suite quand on les
extrade de leurs terres et en font un long exode jusqu'à la mort sociale voir
physique.
On pourrait rapprocher ce film de celui de Mattéo Garrone
"Dogman", même origine du même social, avec peut-être plus de violence
dans Dogman.
La réalisatrice sous couvert de conte social, arrive avec
justesse de nous faire comprendre finalement la montée du fascisme ou du
nationalisme utilisant de toute façon les uns contre les autres, pour leur
propre pouvoir. Le Peuple de toute façon après qu'il est voté pour eux, sera
aussi laissez à l'abandon.
Dans premier temps on suit les employés de la Marquise De
Luna (Nicoletta Braschi) qui les utilisent comme des esclaves sans les payer
dans des conditions digne du moyen-âge , refusant de les considérer comme des
êtres humains et gérant du haut de sa villa de grand standing , les allées et
venues de ces cerfs , avec elle son fils Tancredi (Luka Chikovani) jeune Dieu
blond qui fait penser au Tadzio de Mort à Venise, qui lui vit d'eau fraîche
mais peu d'amour et cherche à avoir un ami dans ce monde rurale pas au niveau
de ces désirs.
Cet ami il va le trouver avec le jeune Lazzaro (Adriano
Tardiolo) , fils de cette famille nombreuse rurale au service de la Marquise,
un jeune homme proche de la béatitude, tellement il est bon, serviable à tous
et toutes, faisant ce que les autres ne veulent pas sans jamais râler , sans
jamais avoir de sentiments négatifs, ce Lazzaro va se rapprocher de Tancredi
amicalement , même si on sent une attirance , les deux garçons vont rester amis
jusqu'à la mort, à la manière des grands tragédies romaines.
En regardant ce premier parti du film, il est vrai plus que
lente, mais au rythme des habitants, survivant plus que joyeux, on pense au
film Padre Padronne des frères Taviani ou à L'Abre aux Sabots de Ermanno Olmi,
relatant les conditions difficiles des territoires au sein de cette Italie, qui
n'a pas su se remettre des divisions politiques depuis la guerre.
Un jour Lazzaro va disparaître, pendant que sa famille qui a
fait le deuil du garçon comme Tancredi, font devoir quitter ce lieu au sein des
montagnes car il va être envahi par les eaux, laissant l'énigme de la
disparition de Lazzaro derrière eux et leurs souvenirs.
Pourtant 20 ans plus tard, Lazzaro au sein de ces mêmes
montagnes va revenir d'entre les morts, comme si rien n'avait changer, revenu
comme le disciple de Jésus, Lazare qui lui aussi s'est ressuscité comme son
maître.
Le garçon va alors allez à la recherche de sa famille et les
retrouvez dans une grande ville, comme sa sœur Antonia (Alba Rorhwacher) et
s'apercevoir que quel que soit l'époque ou le lieu, on abuse toujours de sa bonté,
proche d'un saint, et devra subir les exactions de ses compatriotes, jusqu'à ce
qu'il ressemble à la lapidation de Jésus.
La deuxième partie du film, nous fait plus pensez à Affreux , Sales et Méchants d'Ettore Scola.
Alors entre bonté biblique, conte digne des grands auteurs
italiens de l'antiquité ou du moyen-âge qui avait si bien décrit leur époque,
comme le fait ici avec intelligence et grâce la réalisatrice, qui nous donne
une leçon d'histoire et de bienveillance.
Lazzaro retrouvera Tancredi adulte (Tommaso Ragno) qui ne
l'a pas oublié, et qui pour le protéger en patira de sa vie, la scène du
couteau sublime.
Autour de la sœur de la réalisatrice et de Sergi Lopez, on est touché
par la grâce du jeu d'acteur avec deux jeunes acteurs Adriano Tardielo et Luka
Chikovani qui donnent une ambition humaine et biblique à cette œuvre qui reste scotché
à notre mémoire en sortant de la salle, et dont c'est le premier film.
Un des plus beaux films de l'année, sans contradiction, avec
une photographie froide et et sec comme la condition de ces pauvres paysans,
qui montre que même plusieurs siècles après le moyen-âge, les choses ne
semblent pas beaucoup changés dans les mœurs et les coutumes.
NOTE : 16.10
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Alice Rohrwacher
Scénario : Alice Rohrwacher
Musique : Piero Crucitti
Production : Carlo Cresto Dina, Olivier Père, Tiziana Soudani, Alexandra Henoschsberg, Grégory Gajos, Arthur Hallereau et Pierre François Piet, Michael Weber et Viola Fugen
Son : Christophe Giovannoni
Costumes : Loredana Buscemi
Directeur de Production : Giorgio Gasparini
Casting : Chiara Polizzi
Décors : emita frigato
Montage : Nelly Quettier
Photographie ; Hélène Louvart
DISTRIBUTION
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