«Sing Street», l’histoire d’un lycéen dublinois entre amour et violence de l’univers scolaire, a presque tout raflé samedi au festival du film britannique de Dinard (Ille-et-Vilaine), dont l’édition 2016 témoigne de l’inquiétude des jeunes Britanniques face à l’avenir, à l’heure du Brexit.
Cette 27ème édition, présidée par le réalisateur Claude Lelouch, a décerné le «Hitchock d’or» et le prix du scénario à «Sing Street», une coproduction irlando-américano-britannique réalisée par l’Irlandais John Carney.
Dans le Dublin des années 1980, dont la vie est rythmée par l’incontournable émission musicale hebdomadaire «Top of the pops», Conor, dont les parents sont au bord du divorce, rejoint les bancs de l’école publique, un univers beaucoup plus strict et violent que celui auquel il a été habitué dans le privé. Pour s’en échapper, il tente de conquérir la plus jolie fille du quartier, Raphina, en lui proposant de jouer dans le clip d’un groupe de musique qu’il n’a pas encore créé.
Ce n’est pas la première fois que John Carney, ancien musicien professionnel, qui fut bassiste du groupe de rock irlandais The Frames, place la musique au coeur de ses films. Dans «New York Melody», elle venait déjà à la rescousse de deux êtres en perdition, que tout séparait.
Le film a également reçu le prix du public, qui se presse depuis mercredi dans les salles de la station balnéaire bretonne, lancée par des vacanciers d’Outre-Manche au XIXe siècle.
«Away», de David Blair, a reçu une «mention spéciale» du président du jury. Tourné dans la station balnéaire de Blackpool, dans le nord-ouest de l’Angleterre, le film met en scène une amitié improbable entre deux personnages à la dérive.
Selon les organisateurs, les films en compétition reflètent cette année «l’incertitude d’une jeune génération se questionnant sur son avenir, depuis le vote pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne».
«Au moins 60% des films sélectionnés posent des questions sur demain, sur ce qu’on va devenir», a déclaré à l’AFP Hussam Hindi, directeur artistique. «Ce n’était pas un choix délibéré de notre part, on s’est dit que ça avait peut-être un rapport avec ce qui se passe dans ce pays depuis plusieurs années, les jeunes se cherchent et se posent des vraies questions politiques, culturelles et sociales», a-t-il ajouté.
La majorité des cinéastes britanniques s’est exprimée en faveur du «remain». Parmi leurs arguments, l’importance des financements versés au cinéma britannique par l’Union européenne (plus précisément par le programme MEDIA), soit environ 130 millions d’euros entre 2007 et 2015, selon le dossier de presse du festival.
«Les professionnels britanniques vont tout faire pour sortir leurs films hors du pays au lieu de s’isoler à l’intérieur de leurs frontières», a estimé Hussam Hindi. Mais «même si ce n’est pas encore très clair dans leur tête, ils ont peur que les films britanniques soient moins exposés dans les salles de cinéma européennes parce qu’il y a un quota à respecter pour passer des films européens», a-t-il ajouté.
Parmi les six films en compétition figuraient Chubby Funny, de Harry Michell, Moon dogs de Philip John, Prevenge d’Alice Lowe, et This beaufiful Fantastic de Simon Aboud.Une vingtaine de films sont également programmés en avant-première et hors-compétition.
Nouveauté de cette édition, une compétition de courts-métrages, «Shortcuts», a récompensé «Operator» de Caroline Bartleet.
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