Programme chargé pour la Cinémathèque française : du 16 mars au 30 mai 2016, l’établissement proposera une rétrospective Jean Gabin alimentée par 50 films ainsi que trois conférences animées par Murielle Joudet, critique cinéma et journaliste aux multiples blogs (avec dans l'un, une analyse passionnante du Port de la DrogueSamuel Fuller).
La filmographie de l’acteur est dense. Enfin, l’acteur, disons plutôt LE Jean Gabin, car on en a pas vu deux comme ça : tour à tour ouvrier, jeune premier, amant passionné, manutentionnaire lambda des faubourgs, artiste de music-hall, soldat engagé, puis patriarche pince-sans-rire ou politicien… Gabin c’est la France du 20ème siècle, en 95 films. Voilà tout.
Les trois conférences de Murielle Joudet dresseront un portrait complet de la Bête à travers la définition de son rapport à la passion dans le son jeu, son statut d’homme du peuple empathique, et tenteront également de différencier l’homme de l’acteur. Ce qui n’est pas évident compte tenu de la complexité du bonhomme.
Jean Alexis Gabin Moncorgé naît en 1904, ses parents sont artistes de music-hall.
Très tôt, il monte sur les planches des Folies Bergère pour interpréter de la chanson française sous l’impulsion de son père Ferdinand dont il adopte le nom d’artiste : Gabin. Cependant, son rêve d’enfance est de posséder une ferme, un jour ; c’est son côté Moncorgé.
L’avènement du cinéma parlant finit par le traîner devant les caméras alors que le statut de chanteur populaire lui allait très bien. Mais quand on a une tête pareille en plus de sa présence caractérisée par le naturel, il ne faut pas en priver le 7ème Art. D’ailleurs à l’époque du noir et blanc, il était difficile pour les chefs-opérateurs de donner un bon rendu visuel de ses cheveux très blonds et de ses yeux clairs.
S’ajoute à cette force de cinégénie sa gouaille et vocabulaire fleuri de marlou du 18ème arrondissement.
Dès la sortie de son premier film Chacun sa chance en 1930, il enchaîne les tournages et joue pour Jean Grémillon, Jean Renoir, Michel Simon ou encore Julien Duvivier. Il campe les rôles d’amant tourmenté et populaire aux partenaires iconiques comme Michèle Morgan, Arletty, Annabella. La Grande Illusion et Quai des Brumes lui offrent le succès à l’échelle nationale.
Durant l’occupation, il refuse de faire la promotion de ses films en Allemagne et s’exile aux Etats-Unis où il ne reste que deux ans, juste le temps de jouer dans deux films dont L’Imposteur de Duviver.
Comme beaucoup de Français de sa génération qui ont grandi durant la Première Guerre mondiale, il est mobilisé en 39 puis s’engage très volontiers auprès de De Gaulle en 43 dans la marine française libre puis comme tankiste.
Il participe à la libération de Royan et à la campagne d’Allemagne ; le Gabin héros de guerre incarne une France qui n’est plus. Cette période le changera profondément, et à l’aube de la quarantaine il ne sera plus le même à l’écran.
Sont témoins de cette transition les films French Cancan de Jean Renoir (1954), le premier où l’acteur apparait en couleur, ou Touchez pas au Grisbi de Jacques Becker sorti la même année. On y voit les derniers soubresauts du Gabin entre deux âges, encore séduit par des femmes plus jeunes que lui.
Murielle Joudet décrira, dans sa troisième conférence, la prise de conscience de Gabin sur son personnage au cours des années 50 et 60, personnage affirmé par les dialogues d’Audiard. Porté comme modèle par les acteurs de la Nouvelle Vague, il donne la réplique à des petits jeunes comme Belmondo, Bardot ou Delon.
Sa ferme, il l’a finalement eue : ses cachets de fin de carrière servent à aménager la Pichonnière, sa demeure normande. Il y invite Louis de Funès, à la diète pendant le tournage de Le Tatoué et le nargue après le déjeuner en lui adressant : "Je viens de me taper un boudin-purée ! J’en ai repris trois fois !", ce que de Funès ne trouve pas drôle.
En effet, dans les années 60 on s’en fiche un peu des artères bouchées et du paquet de cigarettes par jour, surtout Gabin.
Son ami Lino Ventura, qui l’appelle simplement Jean dans le document de l'INA ci-dessous, confirme sa tendance à l’hédonisme.
Il y conte des retrouvailles avec Bernard Blier, autour d’une bonne table chargée. Ce dernier décrit le meilleur pot-au-feu de Paris alors qu’ils en sont presque au dessert, et Gabin se lève simplement de table en lançant : "On y va".
Il y conte des retrouvailles avec Bernard Blier, autour d’une bonne table chargée. Ce dernier décrit le meilleur pot-au-feu de Paris alors qu’ils en sont presque au dessert, et Gabin se lève simplement de table en lançant : "On y va".
On ne sait pas si c’est Moncorgé ou Gabin qui parle, sans doute les deux, comme dans ses films.
Cycle Jean Gabin à la Cinémathèque françaiseDu 16 mars au 30 mai 2016
Billet unique : conférence + film
Billet unique : conférence + film
Plein tarif : 6.5 € ; tarif réduit : 5.5 € ; accès libre avec le Libre Pass
Conférences de Murielle Joudet :
Gabin brûle-t-il ? le 21 mars à 14h15
Gabin, l’homme populaire le 4 avril à 14h15
Gabin dans le miroir le 18 avril à 14h15
Gabin brûle-t-il ? le 21 mars à 14h15
Gabin, l’homme populaire le 4 avril à 14h15
Gabin dans le miroir le 18 avril à 14h15
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