Le rideau est tombé sur le cinéma Saint-Lazare-Pasquier (IXe). Criblé de dettes, le gérant a mis la clé sous la porte ce mardi.Ce cinéma, construit dans les années 1930 au cœur du quartier Haussmann, avait pourtant réussi à fidéliser un public grâce à une programmation d’art et d’essai et des tarifs compétitifs.
Face aux complexes cinématographiques parisiens, ce petit cinéma de trois salles (130 places pour la plus grande et 100 et 50 places pour les deux autres), exploité depuis dix-huit ans par le compositeur, producteur et exploitant Galeshka Moravioff semblait résister envers et contre tout. Quelque 90 000 cinéphiles faisaient la queue chaque année pour assister à la projection de films d’auteurs. La programmation grand public n’était pas oubliée. Mais les succès du box-office n’ont pas permis d’atteindre la barre des 115 000 spectateurs qui était l’objectif fixé pour parvenir à l’équilibre. A cela s’est ajoutée une dette de loyer qui a atteint 200 000 € en 2015. La faute aux subventions qui ont tardé à venir. « Je comptais sur les aides financières du CNC pour financer les travaux de numérisation et de modernisation de mes 25 salles (à Paris et surtout en Province) mais les subventions ont été bloquées en 2012 alors que j’avais déjà engagé les travaux », s’énerve Galeshka Moravioff qui s’est pourvu en justice et les tribunaux lui ont donné raison.
Le CNC a été contraint de lui verser les aides. « C’était trop tard », soupire-t-il. L’engrenage financier était déjà enclenché. « J’ai mis trente ans pour constituer un groupe qui valait 4 M€. Aujourd’hui, je n’ai plus rien », se désole l’exploitant.
Galeshka Moravioff a été obligé de revendre ses cinémas, à l’exception du Bastille et de ses 8 salles à Marseille et il vient d’être expulsé du Saint-Lazare Pasquier.
Estimant que le Centre national du cinéma est responsable de sa perte, l’exploitant a décidé d’aller devant les tribunaux pour obtenir réparation. Il réclame 3,5 M€ pour le préjudice. « Si je gagne, je pourrai tenter de reconstruire mon groupe et trouver un accord avec le propriétaire pour récupérer le Saint-Lazare-Pasquier », espère-t-il. Joint par téléphone, le CNC n’a pas souhaité faire de commentaire. L’affaire est entre les mains de la justice.
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