Le Paris, lieu de rendez-vous des amateurs de cinéma indépendant français à New York, a éteint son projecteur définitivement, jeudi 29 août. Même si cette fermeture suscite l’émoi de la communauté cinéphile new-yorkaise, elle est le signe que les temps changent dans la distribution cinématographique.
C’était un haut lieu de la vie culturelle new-yorkaise depuis soixante et onze années. Au croisement de la 58e rue et de la 5e avenue, sur l’île de Manhattan, le Paris a projeté son dernier film, Pavarotti, un documentaire de Ron Howard sur le chanteur italien. La salle de cinéma a annoncé jeudi 29 août dans un message affiché sur ses portes que son bail expirait, et qu’elle devait définitivement mettre la clé sous la porte, au grand dam des cinéphiles new-yorkais
L’institution n’a pas survécu aux démons qui ravagent les salles de cinéma depuis quelques années, comme le développement des plateformes de streaming vidéo. La même semaine, les deux salles du cinéma Beekman, détenues par la même société, Sheldon Solow, ont fermé elles aussi. L’an passé, c’était au tour du Sunshine à l’est de Manhattan, et l’année d’avant, du Lincoln Plaza.
Ces fermetures successives avaient fait du Paris un des principaux lieux de rendez-vous des cinéphiles new-yorkais. Dernière salle mono écran de New York, le Paris rassemblait acteurs, réalisateurs, grands noms d’Hollywood et amoureux du cinéma indépendant européen et français. «Oh non! Où vont aller les fans de films anciens pour voir des longs-métrages étrangers dans la sécurité d’un quartier riche?», a écrit le réalisateur John Waters au New York Times. «Si je me souviens bien, ils ne vendaient même pas de friandises. Trop commun, je suppose», ajoute-t-il.
La fermeture de ce genre de salle serait donc une mutation inévitable, d’autant que de nombreuses autres salles ont ouvert à New York dans des quartiers plus accessibles. Si Dennis Lim, directeur de la programmation au Lincoln Center, regrettera lui aussi l’élégance du Paris, il ne se fait pas d’illusion. «Beaucoup se lamentent de la fermeture du Paris, mais je serais curieux de savoir la date de la dernière fois où ils y ont mis les pieds», affirme-t-il au New York Times.
Source : Le Figaro.fr
Inaugurée le 13 septembre 1948 par Marlene Dietrich, la salle ouverte par Pathé Cinéma accueillait régulièrement des avant-premières. Pour certains, regarder des films dans des salles de cinémas plus modernes n’avait pas la même saveur. «Vous pouvez vous souvenir avoir vu un film comme Avengers: Endgame, mais pas du lieu de la projection, explique Jake Perlin, directeur de la programmation au cinéma Metrograph. En revanche, quand on voit Les enfants du Paradis de Marcel Carné’s, on se souvient que c’était au Paris.»
Ron Howard affirme que la salle a vendu plus de tickets pour son Pavarotti que n’importe quel autre cinéma. Mais selon lui, ce changement est inévitable. «Je suis nostalgique de ces théâtres d’art et d’essai, mais les habitudes sont en train de changer», a-t-il déclaré au journal new-yorkais. «C’est ce qui arrive depuis le dernier Nickelodeon à manivelle. Le cinéma est une forme d’art qui est encore jeune».
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