Jusqu'en 1977 année où il est devenu le plus grand cinéma Porno de Paris, et que j'ai arrêtez de fréquenté (à votre grand désespoir) j'ai souvent fréquenté cette salle qui nous passait des films de seconde zone voir Z, des Westerns, des films d'espionnages ou d'aventures. C'est aussi là que j'ai forgé ma culture cinématographique, car tous les films forment ma culture. La Scala est une des preuves que le Porno n'a pas simplement tué le cinéma, mais également les cinémas de quartier.
C’est en 1787 qu’ouvre, au 13 boulevard de Strasbourg, l’auberge du Cheval blanc. La modeste auberge devient rapidement une guinguette courue et l’on traverse Paris pour écouter, sous les tonnelles, les apprentis chanteurs venus gagner quelques pièces et un bon repas chaud. Bien que la sympathique gargote fasse briller quelques casseroles, sa réputation va grandissant dans les faubourgs, et c’est en 1857, sous le nom de “Concert du Cheval blanc” qu’elle compte désormais dans le Paris de la chanson populaire. C’est l’un des tout premiers Caf’ Conc’ de la capitale. Détruite en 1874, l’auberge cède la place à une salle de spectacle “La Scala”, en référence au célèbre opéra de Milan.
A grande salle, grand nom, telle est son ambition. Avec ses 1400 places, la Scala compte devenir une salle de music hall des plus réputées et rivaliser notamment avec son encombrant voisin L’Eldorado. Pour cela, elle prévoit de s’appuyer sur une riche programmation autour d’une troupe d’artistes aux différents talents, chanteurs, danseurs, comiques troupiers, chansonniers, comédiens, fantaisistes etc. La Scala parisienne se différencie bien de son éminent homonyme transalpin, la confusion n’est pas de mise. L’entreprise gagne ses galons, une dizaine d’années plus tard, sous l’impulsion de nouveaux propriétaires, le couple Allemand, aidé de leur gendre Marchand à la direction artistique.
La Scala devient une salle fréquentée par le Tout-Paris, on loue la richesse des décors et la qualité des prestations. Dranem, Felix Mayol, Mistinguett, Fréhel et l’incontournable Maurice Chevalier, pour ne citer qu’eux, s’y distingueront. Ce haut lieu de la chanson et de l’attraction décline dans les années 20, il tente alors de se relancer en devenant « La Nouvelle Scala ». On y joue des vaudevilles de Feydeau, Raimu dit-on s’y produit, mais les spectacles proposés ne sont plus en vogue car le public s’est épris, depuis quelques années déjà, de cinéma. La concurrence est rude. L’arrivée du parlant au début des années 30 achèvera définitivement l’aventure, après maintes tentatives pour renouer avec le succès (cf. programme 1930), les propriétaires du music hall cèdent la salle à un exploitant de cinéma. Rideau.
La Scala, nouvelle salle de cinéma parisienne, ouvre le 30 juin 1931 avec à l’écran “La Fille du Bouif” un film du metteur en scène et parolier René Bussy. La salle dispose de 1200 fauteuils, les Parisiens apprécient la nouveauté et, clou du spectacle, le toit s’ouvre aux entractes afin de permettre aux spectateurs de fumer leur cigarette ou tout simplement d’admirer le ciel de Paris. Mais le cinéma connaît à son tour des déboires, endetté, il est revendu, détruit, puis reconstruit par Maurice Gridaine. Un architecte sans doute choisi par le nouvel exploitant Monsieur Roux (également propriétaire du Ciné-Vivienne et du Helder à Paris), pour avoir réalisé 4 années auparavant, une autre salle non loin de là, l’Ornano*, bien connue pour sa façade Art déco à l’allure de paquebot. Le nouveau cinéma est inauguré le 18 décembre 1936 avec au programme « Un mauvais garçon » un film de Jean Boyer [cinéaste et chansonnier, auteur notamment de la célèbre chanson du film "C'est un mauvais garçon" (ici)] avec Henry Garat et Danielle Darrieux, un documentaire sur les oiseaux et un dessin animé en couleurs : « Badinage ». « Un gala très élégant a été donné pour l’inauguration » nous rapporte Le Courrier cinématographique, la semaine de l’ouverture. Le nouveau cinéma permanent, ouvert de 14h à 2h du matin, est doté d’un grand balcon dans une salle qui fait désormais 1000 places pour une hauteur de 25 mètres (contre 14 mètres pour le Louxor). Le plafond reprend un ciel de nuit étoilé. La décoration est soignée, dans le pur style Art déco. Ouvert sur la ville grâce à sa grande baie vitrée, le hall dispose de miroirs et d’éclairages aux formes géométriques. La Scala est un cinéma bien connu des Parisiens et des habitants du quartier. Le 10e arrondissement compte alors une trentaine de salles. Le cinéma poursuit une exploitation proche de celle de son illustre voisin le Louxor, il projette des films français, populaires, aux films américains avant de passer au film de genre, Westerns, Kung-fu etc. pour finir par devenir le plus grand cinéma porno de Paris. La Scala est alors transformée en 1977 en un multiplexe de 5 salles, elle ferme définitivement ses portes en 1999. Le producteur Maurice Tinchant décide alors d’acquérir la salle…
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