La grande évasion, le chef-d'oeuvre de John Sturges. Grand classique du film d'évasion, il a également permis de définitivement cimenter le statut de légende du cinéma d'action de Steve McQueen, déjà révélé par le même Sturges trois ans plus tôt avec Les Sept Mercenaires.
Entièrement tiré d'une histoire vraie, celle de l'évasion d'un camp entier de soldats aguerris devenus prisonniers de guerre, La grande évasion fut l'un des plus gros succès de l'année 1963, attirant notamment plus de 8,7 millions de spectateurs dans les salles françaises. Il reste aujourd'hui associé dans les mémoires aux cascades impressionnantes de Steve McQueen et de sa Triumph TR6 Trophy, qui ont émerveillé et inspiré de nombreuses générations d'action movie stars, faisant de lui la plus grande superstar de son époque. Le film fut cependant relativement boudé dans les cérémonies de récompenses, ne décrochant des nominations qu'au Golden Globe du meilleur film dramatique et à l'Oscar du meilleur montage.
Pour en découvrir un peu plus sur ce monument du cinéma de guerre et cet hommage aux soldats du Stalag Luft III, voici quelques anecdotes et faits à savoir sur cette Grande évasion qui a fait rentrer son héros dans l'histoire du cinéma.
Le résumé du film : 1942. Plusieurs officiers alliés sont internés dans un camp de prisonniers allemand et le commandant du "Stalag", Von Luger, leur signifie que toute évasion est impossible. Parmi les prisonniers, Hilts tente de s'échapper seul, mais est vite repris et mis au cachot. Pendant ce temps, les autres captifs conduit par Bartlett commencent à creuser trois tunnels et préparent ainsi la fuite de 250 hommes. La grande évasion se déroule au cours d'une alerte, mais seuls trois hommes survivront.
Steve McQueen le casse-cou...
On n'apprendra à personne que Steve McQueen, athlète à la condition physique impressionnante et pilote émérite ayant participé entre autres aux 24 heures du Mans, effectuait lui-même ses cascades et ses scènes de conduite sur le plateau. C'est d'ailleurs une des raisons de sa légende et le script de La grande évasion fut même réécrit pour lui permettre de tourner plus de scènes spectaculaires en moto. L'acteur était tellement demandeur que John Sturges lui permettait même d'effectuer des cascades qui n'étaient pas celles de son personnage. C'est notamment lui qui double le motard allemand qui finit par se fracasser dans un grillage barbelé lorsque Virgil Hilts vole la fameuse moto du film. Il double également un autre officier allemand lors de la séquence finale. Grâce à la science du montage de Ferris Webster, il se retrouve en réalité à camper à un moment de la poursuite les deux motards à la fois, comme s'il se poursuivait lui-même !
Steve McQueen a effectué toutes ses cascades dans le film, et même plus encore. Enfin, pas vraiment toutes puisqu'une seule d'entre elles lui a résisté : celle de l'incroyable saut qui permet à Hilts de passer la frontière suisse. Un saut qui culmine à 3,70 mètres de haut et 20 mètres de long que McQueen a pourtant tenté, mais sans succès. C'est Bud Ekins, alors gérant d'un magasin de motos qui s'est chargé de la cascade. Ami proche de McQueen jusqu'à sa mort en 1980, Ekins réalisera également des cascades sur le tournage de Bullitt quelques années plus tard.
Un auteur habitué des adaptations
La grande évasion est adaptée du livre auto-fictionnel du même nom écrit par Paul Brickhill, un pilote de chasse australien qui s'est bel et bien évadé du Stalag Luft III situé dans la province de Basse-Silésie, située aujourd'hui en Pologne. Devenu écrivain après-guerre, La grande évasion est en réalité le troisième de ses romans à être adapté sur grand écran après Les briseurs de barrage de Michael Anderson en 1955 et Vainqueur du ciel de Lewis Gilbertun an plus tard. Brickhill assista à l'évasion du camp mais n'y prit pas part lui-même à cause de sa claustrophobie maladive qui l'empêchait d'emprunter le tunnel creusé.
L'expertise de Charles Bronson
Et à propos de ce tunnel, Charles Bronson, qui incarne le soldat qui supervise les travaux, a pu apporter sa propre expertise également sur le tournage. Il fut en effet mineur avant de devenir acteur, et aida Sturges à filmer les scènes où le tunnel fut creusé. Bronson était d'ailleurs tout aussi claustrophobe que le personnage qu'il interprétait dans le film, le lieutenant Danny Velinski. Il était d'ailleurs épaulé par le véritable "roi du tunnel", Wally Floody, qui servit de consultant technique pendant plusieurs mois sur le tournage.
L'indélicatesse maladroite de John Sturges
Dans La grande évasion, Donald Pleasence incarne Colin Blythe, le "faussaire" par ailleurs capitaine d'armée de l'air. Mais dans la vraie vie, l'acteur était également un héros de guerre, pilote de la Royal Air Force abattu et capturé par l'armée allemande avant d'être enfermé et torturé dans un stalag très proche de celui où se déroule le film. Il tenta donc d'approcher John Sturges pour lui offrir quelques conseils sur le tournage, mais fut sèchement rembarré par le réalisateur qui lui demanda de garder ses opinions pour lui. Il fallut l'intervention d'une des stars du film pour que Sturges découvre le véritable passé de Pleasence et lui propose dès lors un statut de consultant historique sur le film.
Des déboires avec la police locale
Le tournage de La grande évasion eut lieu dans des studios dans la banlieue de Munich, les Bavaria Studios, où fut reconstitué le Stalag Luft III quasiment à l'identique du vrai. Bien que ces studios furent à l'époque un lieu très prisé notamment de l'industrie hollywoodienne, cela n'empêcha pas les équipes du film de connaître quelques mésaventures avec la police du hameau voisin de Geiselgasteig. Cette dernière avait en effet posté un jour à proximité des lieux de tournage des agents chargés d'effectuer des contrôles routiers. Ces derniers ont alors verbalisé de nombreux membres de l'équipe technique. Steve McQueen fut même arrêté pour excès de vitesse, conduit au poste de police et mis sous les verrous avant d'être rapidement relâché.
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