A peine une semaine après sa présentation à Cannes dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs, les autorités marocaines ont censuré le film de Nabil Ayouch, Much Loved. Un 5e long-métrage formidable qui évoque un sujet tabou au royaume chérifien: la prostitution.
L’annonce a été faite par le ministère de la Communication, arguant qu’une équipe du Centre cinématographique marocain (CCM), l’instance qui délivre les visas d'exploitation, "avait regardé le film lors de sa projection dans le cadre d'un festival international" - Cannes, où Much Loved était projeté la semaine dernière, ndlr - et qu’"il comporte un outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine, et une atteinte flagrante à l'image du royaume". Une censure qui intervient alors même que la demande de visa d’exploitation n’a pas encore été formulée auprès du CCM.
Ce n’est pas tout: une association marocaine, l'Association marocaine de défense des citoyens (AMDC), aurait décidé de porter plainte "à la fois contre Nabil Ayouch, Loubna Abidar et tous ceux qui ont contribué au film", selon le site du magazine
Tel Quel.
Le Monde relatait également lundi que le cinéaste aurait même fait l'objet d'une fatwa, postée puis retirée par le cheikh salafiste Hammad Al-Kabbaj sur sa page
Facebook. Lorsque nous l’avons rencontré la semaine dernière à Cannes, Nabil Ayouch confiait pourtant espérer que son film sortirait au
Maroc.
Dans Much Loved, il filme une bande de prostituées hautes en couleurs à Marrakech. "C'est aussi le rôle du cinéma, de déranger" a lancé le cinéaste à l'issue de la projection, mardi. “Je vais sans doute avoir pas mal de problèmes. Au Maroc, ils n'en ont vu que quelques minutes et c'était déjà le bordel" avait renchéri son actrice principale, la très émouvante Loubna Abidar.
Dans Much Loved, elle est Noha, une prostituée exubérante et fragile. Le film la suit, avec ses copines Randa et Soukaina, dans des nuits lubriques avec des Saoudiens, des Européens, qui paient pour les posséder.
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