C’est un des acteurs les plus populaires du cinéma américain qui vient de s’éteindre. Burt Reynolds est décédé à Jupiter (ça ne s’invente pas) en Floride ce 6 septembre à l’âge de 82 ans. Il était né le 11 février 1936.
Alors qu’il a été le champion du box office américain dans les années 1970, il n’a été nommé qu’une seule fois aux Oscars, en 1998, pour son rôle secondaire de réalisateur et producteur de film X dans Boogie Nights de Paul Thomas Anderson. Les Golden Globes l’avait sacré en second rôle pour ce même film, après l’avoir nommé deux autres fois pour The Longest Yard en 1974 et pour Starting Over en 1979 (à chaque fois en meilleur acteur de comédie).
C’est peu dire qu’il fut respecté pour les recettes qu’il accumulait et beaucoup moins pour son talent. Le public ne s’en souciait pas. Il fut cinq fois récompensé par les People’s Choice Award comme acteur favori de l’année. Il a aligné d’énormes cartons en salles : Delivrance, The Longest Yard, Silent Movie, Hooper, The Cannonball run, The Best Little Whorehouse in Texas, avant de voir le public se désintéresser de lui dès 1983.
Une décennie flamboyante pour ce sportif qui rêvait de devenir footballeur professionnel, destin contrarié par une blessure. Il s’oriente vers la police quand, à l’Université, Watson B.Duncan III, professeur de théâtre, croit en son talent et lui offre un rôle dans une pièce.
Parallèlement à une riche décennie en séries télévisées, notamment en incarnant un amérindien dans Gunsmoke, ses premières armes au cinéma sont des films modestes, westerns spaghettis et autres séries B. C’est John Boorman qui l’expose en pleine lumière et fait de lui une star en lui offrant l’un des rôles principaux de Delivrance, aux côtés de Jon Voight. Boorman avait proposé le personnage de Reynolds à Marlon Brando, qui se trouvait trop vieux pour le rôle. Le film étant assez fauché, les comédiens durent faire leurs propres cascades. Et Reynolds y prendra goût pour ses films suivants. Film culte, la brutalité et la sauvagerie de ce « survival » en ont fait l’in des grands classiques du cinéma américain.
On est en 1972. Sa belle gueule, son corps athlétique (dont il savait s'amuser) font vite des étincelles. Par contraste. Les cinéastes émergents – Scorsese, Coppola, Spielberg… - ont peu d’affinités avec les bourreaux des cœurs. Redford et Newman choisissent essentiellement des grands drames populaires de qualité. Burt Reynolds a cet avantage d’occuper un créneau assez disponible : la comédie et l’aventure. Il tourne pourtant des films très variés, avec quelques grands noms du cinéma. The Longest Yard de Robert Aldrich n’est pas loin d’un film avec Pierre Richard. Aldrich le redirige dans La cité des dangers (Hustle), film noir et sensuel avec Catherine Deneuve. On le voit ensuite chez Peter Bogdanovich (At Long Last Love), Stanley Donen (Lucky Lady), Mel Brooks (Silent Movie), ou encore Alan J. Pakula (Starting Over). De la pure comédie ou de la comédie de mœurs, tout lui va. Il réalise même deux films (Gator, 1976, et la comédie noire The End, 1978).
Son plus gros hit reste Smokey and the Bandit (Cours après moi shérif !) qui eut le droit à deux suites médiocres, sorte d’équipée sauvage et burlesque, un peu crétine, où les « contrebandiers » sont les héros et les shérifs de sombres abrutis. Le film fut la 2e plus grosse recette aux Etats-Unis en 1977, derrière La Guerre des étoiles. Il recruta une fois de plus sa compagne de l’époque, l’actrice oscarisée Sally Field (avec qui il tourna trois autres films).
Sa réputation de tombeur est accentuée par le choix de ses partenaires féminines, parmi les actrices les plus courtisées d’Hollywood, de Jill Clayburgh à Julie Andrews. Mais il manque tous les grands cinéastes et passe à côté de la mutation d’Hollywood et l’arrivée de l’ère des blockbusters. Le comédien n’a pas encore dit son dernier mot avec les années Reagan. Don Siegel s’essaie à la comédie policière (Rough Cut). En tête d’un casting quatre étoiles, de Roger Moore à Jackie Chan en passant par Farrah Fawcett, il devient pilote de course dans la distrayante Équipée du Cannonball (et sa suite, moins intéressante). Avec Dolly Parton, en mère maquerelle, il joue les shérifs au grand cœur dans La Cage aux poules (The Best Little Whorehouse…), où la chanteuse country inaugure I Will Always Love You. Blake Edwards en fait son Homme à femmes. Et puis de polars en comédies mal écrites (sauf peut-être Scoop, un peu au dessus du lot), sa carrière décline jusqu’à toucher le fond en 1996, avec Demi Moore, dans Striptease qui leurs valent une razzia de Razzie Awards. Il valait un million de dollars par film dans les 70s et 20 ans plus tard on pouvait l’avoir pour 100000$.
Malgré Boogie Nights, qui prouva s’il le fallait, qu’il était un bon comédien, avec une certaine audace, il ne retrouva aucun rôle majeur par la suite, même s’il n’a cessé de travailler (avec Renny Harlin et Mike Figgis, en apparaissant dans des caméos, ou pour le petit écran). On ne voyait en lui qu’une espèce disparue d’un cinéma un peu honteux. On le cantonnait inconsciemment dans le registre des vedettes has-been, avec ou sans moustache (et sur le tard avec barbe). Il a aussi refusé des rôles qui auraient pu donner un tout autre visage à sa carrière comme Tendres passions, qui valu finalement un Oscar à Jack Nicholson. Mais il a aussi refusé Han Solo et James Bond.
Burt Reynolds vieillissait pourtant bien. Il avait ouvert un théâtre dans sa ville de Jupiter. Certes, il jouait dans des films qui passent rapidement en salles comme Shadow Fighter, dans le milieu de la boxe, sorti en mars aux USA. Il continuait de tourner. Il a terminé la comédie de Stephen Wallis, Defining Moment, prévue pour Noël. Mais ironiquement, il avait enfin trouvé un grand cinéaste avec Quentin Tarantino qui devait lui offrir un rôle dans Once Upon a Time in Hollywood, aux côtés de DiCaprio et Pitt. Malheureusement, les scènes n'avaient pas été tournées.
Le dernier film où il était à l’affiche était celui d’Adam Rifkin (en salles le 30 mars derniers aux USA). Il incarnait une ancienne star de cinéma qui devait faire face à sa réalité : une gloire déclinante et le temps qui passe. Presque autobiographique ? Ironiquement, ce film s’intitule The Last Movie Star. Personne ne l’a vu. Mais on sent que Burt Reynolds n’a pas fait les choses au hasard pour clore sa longue filmographie. Hormis cet acte manqué avec Tarantino qui aurait couronné une longue carrière à Hollywood.
FILMOGRAPHIE
- 1961 : Angel Baby (en), de Paul Wendkos, avec George Hamilton, Mercedes McCambridge et Joan Blondell
- 1961 : L'Espionne des Ardennes (Armored Command) de Byron Haskin, avec Howard Keel, Tina Louise et Warner Anderson
- 1965 : Operation C.I.A. (en), de Christian Nyby, scénario de Bill S. Ballinger (Mark Andrews, agent secret de la CIA, est le premier rôle principal au cinéma de Burt Reynolds)
- 1966 : Navajo Joe, de Sergio Corbucci
- 1966 : Blade Rider, Revenge of the Indian Nations, de Harry Harris (en), Vincent McEveety et Allen Reisner
- 1969 : Les 100 Fusils (100 Rifles), de Tom Gries, avec Raquel Welch
- 1969 : Sam Whiskey le dur (Sam Whiskey), d'Arnold Laven, avec Angie Dickinson, Clint Walker et Ossie Davis
- 1969 : Impasse, de Richard Benedict, avec Anne Francis
- 1969 : Caine (Shark!), de Samuel Fuller, avec Arthur Kennedy, Silvia Pinal et Barry Sullivan
- 1970 : Skullduggery (en), de Gordon Douglas avec Susan Clark
- 1972 : Les Poulets (Fuzz), de Richard A. Colla
- 1972 : Délivrance (Deliverance), de John Boorman
- 1972 : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander (Everything You Always Wanted to Know About Sex * But Were Afraid to Ask), de Woody Allen
- 1973 : Le Fauve (Shamus), de Buzz Kulik
- 1973 : Les Bootleggers (White Lightning), de Joseph Sargent
- 1973 : Le Fantôme de Cat Dancing (The Man Who Loved Cat Dancing), de Richard C. Sarafian
- 1974 : Plein la gueule (The Longest Yard), de Robert Aldrich
- 1975 : Enfin l'amour (At Long Last Love), de Peter Bogdanovich avec Cybill Shepherdet Madeline Kahn
- 1975 : W.W. and the Dixie Dancekings (en), de John G. Avildsen
- 1975 : La Cité des dangers (Hustle), de Robert Aldrich
- 1975 : Les Aventuriers du Lucky Lady (Lucky Lady), de Stanley Donen : Walker Ellis
- 1976 : La Dernière Folie de Mel Brooks (Silent Movie), de Mel Brooks
- 1976 : Gator, de Burt Reynolds avec Lauren Hutton
- 1976 : Nickelodeon, de Peter Bogdanovich
- 1977 : Cours après moi shérif (Smokey and the Bandit), de Hal Needham
- 1977 : Les Faux-durs (en) (Semi-Tough), de Michael Ritchie avec Kris Kristofferson et Jill Clayburgh
- 1978 : Suicidez-moi docteur (The End), de Burt Reynolds avec Dom DeLuise, Sally Field, Joanne Woodward, Myrna Loy
- 1978 : La Fureur du danger (Hooper), de Hal Needham avec Jan-Michael Vincent, Sally Field, Brian Keith
- 1979 : Merci d'avoir été ma femme (Starting Over), d'Alan J. Pakula
- 1980 : Le lion sort ses griffes (Rough Cut), de Don Siegel avec Lesley-Anne Down, David Niven
- 1980 : Tu fais pas le poids, shérif! (Smokey and the Bandit II), de Hal Needham
- 1981 : L'Équipée du Cannonball (The Cannonball Run), de Hal Needham
- 1981 : Paternity (en), de David Steinberg avec Beverly D'Angelo
- 1981 : L'Anti-gang (Sharky's Machine), de Burt Reynolds
- 1982 : La Cage aux poules (The Best Little Whorehouse in Texas), de Colin Higgins
- 1982 : Best Friends, de Norman Jewison : Richard Babson
- 1983 : Stroker Ace (en), de Hal Needham avec Ned Beatty, Parker Stevenson, Loni Anderson
- 1983 : Smokey and the Bandit Part 3, de Dick Lowry
- 1983 : L'Homme à femmes (The Man Who Loved Women), de Blake Edwards
- 1984 : Cannon Ball 2 (Cannonball Run II), de Hal Needham
- 1984 : Haut les flingues ! (City Heat), de Richard Benjamin
- 1985 : Le Justicier de Miami (Stick), de Burt Reynolds
- 1986 : Uphill All the Way (en), de Frank Q. Dobbs (en) (non crédité)
- 1986 : Banco (Heat), de Richard Richards avec Karen Young (en), Peter MacNicol
- 1987 : Malone, un tueur en enfer (Malone), d'Harley Cokeliss avec Cliff Robertson, Lauren Hutton
- 1987 : Assistance à femme en danger (Rent-a-Cop), de Jerry London avec Liza Minnelli
- 1988 : Scoop (Switching Channels), de Ted Kotcheff
- 1989 : Preuve à l'appui (en) (Physical Evidence), de Michael Crichton avec Theresa Russell
- 1989 : Breaking In, de Bill Forsyth
- 1989 : Charlie (All Dogs Go to Heaven), de Don Bluth et Gary Goldman (animation)
- 1990 : Modern Love (film, 1990), de et avec Robby Benson
- 1993 : Un flic et demi (Cop and ½), d'Henry Winkler
- 1995 : The Maddening (en), de Danny Huston avec Angie Dickinson
- 1996 : Frankenstein and Me, de Robert Tinnell (en) avec Louise Fletcher, Ryan Gosling
- 1996 : Un sujet capital (Citizen Ruth), d'Alexander Payne
- 1996 : Striptease, d'Andrew Bergman
- 1996 : Mad Dogs (Mad Dog Time), de Larry Bishop
- 1997 : Voici Wally Sparks (en) (Meet Wally Sparks), de Peter Baldwin
- 1997 : Bean, le film le plus catastrophe (Bean), de Mel Smith
- 1997 : Boogie Nights, de Paul Thomas Anderson
- 1999 : Waterproof, de Barry Berman
- 1999 : The Hunter's Moon, de Richard Weinman avec Keith Carradine
- 1999 : Pups (en), de Ash (en)
- 1999 : Big City Blues (en), de Clive Fleury
- 1999 : Stringer, de Klaus Biedermann
- 1999 : Mystery, Alaska, de Jay Roach
- 2000 : The Crew, de Michael Dinner
- 2000 : The Last Producer, de Burt Reynolds avec Sean Astin, Benjamin Bratt, Lauren Holly
- 2001 : Driven, de Renny Harlin
- 2001 : Séduction fatale (Tempted), de Bill Bennett
- 2001 : Hotel, de Mike Figgis
- 2001 : The Hollywood Sign, de Sönke Wortmann avec Tom Berenger et Rod Steiger
- 2001 : Auf Herz und Nieren, de Thomas Jahn
- 2002 : Snapshots, de Rudolf van den Berg avec Julie Christie
- 2002 : L'Enfant et le Loup (Time of the Wolf), de Rod Pridy avec Marthe Keller, Jason Priestley
- 2003 : The Librarians, de Mike Kirton (non crédité)
- 2004 : Jusqu'au cou (Without a Paddle), de Steven Brill
- 2005 : Grilled, de Jason Ensler
- 2005 : Mi-temps au mitard (The Longest Yard), de Peter Segal
- 2005 : Shérif, fais-moi peur (The Dukes of Hazzard), de Jay Chandrasekhar
- 2005 : Forget About It, de BJ Davis avec Robert Loggia, Charles Durning, Raquel Welch
- 2005 : Legend of Frosty the Snowman (vidéo)
- 2006 : Cloud 9, d'Harry Basil avec Angie Everhart
- 2007 : King Rising, Au nom du roi (In the Name of the King : A Dungeon Siege Tale), d'Uwe Boll
- 2008 : Deal, de Gil Cates Jr
- 2009 : A Bunch of Amateurs, d'Andy Cadiff
- 2015 : Pocket Listing de Conor Allyn : Ron Glass
- 2015 : Hamlet & Hutch de Jared Young, Matthew Young : Papa Hutch
- 2017 : Apple of My Eye de Castille Landon : Charlie
- 2017 : The Last Movie Star (anciennement : Dog Years) d'Adam Rifkin : Vic Edwards
Source : Le Blog d'Ecran Noir
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