LEOPARDI - IL GIOVANE FAVOLOSO DE MARIO MARTONE par Critique Chonchon

Italie. XIX siècle . Giacomo Leopardi est un grand enfant prodige. Issu d'une famille aristocratique, il grandi sous le regard implacable de son père. Contraint aux études dans l'immnense bibliothèque familiale. Il s'évade dans l'écriture et la poésie. En Europe, le monde change, les révolutions éclatent et Giacomo se libère du joug de son père ultraconservateur. Génie malheureux, ironique et rebelle, il deviendra à côté de Dante, le plus célèbre poète italien.

D'emblée, je le reconnais bien volontiers, il fait aimer un cinéma resté plus art plus que les affaires industrielles, un cinéma exigeant, pour le même week-end, allez voir "Histoire de Judas" et "Léopardi"; Tel est mon choix, et je laisse à autrui le soin d'allez voir "Fast and Furious", "Pourquoi je n'ai pas mangé mon père" ou "Lost River". Le box-office ne m'intéresse pas, les stars pas davantage. Cela ne m'empêche pas d'avoir adoré "Shaun le Mouton".

Mario Martone (l'odeur du sang en 2003, Frères d'Italie en 2010 notamment) a voulu raconter l'histoire de ce poète avide de connaissance et surtout d'aventures. Se rendant compte que la vie ne se confère aux murs de sa bibliothèque , Lepoardi organisa sa fugue pour allez découvrir le monde et sortir de son milieu aristocratique pour s'émanciper et mieux comprendre la condition humaine. Le film met également en exergue ses nombreuses relations amoureuses et les liens qu'il a tissés avec d'autres intellectuels de l'époque.

Libre penseur, laique et humaniste, Léopardi détonnait clairement de son époque. Mario Martone a voulu montrer ce personnage comme le reflet d'une époque changeante où la philosophie des Lumières, les valeurs humanistes et la démocratisation des savoirs commençaient à impacter la société en Europe. Le poète est considéré comme certains comme l'un des pères de la pensée Marxiste, par d'autres comme l'un des précurseurs de l'existentialisme popularisé plus tard par Jean Paul Sartre. Pour le réalisateur Mario Martone, il était un Pasolini de l'époque, un intellectuel rebelle et avant-gardiste qui voulait bouleverser les conventions établies.

Selon moi, c'est magistral, parce que le réalisateur s'attache à nous montrer la contenporanéité dde Leopardi, à savoir la nécessité, à chaque époque, d'écouter les plis iconoclastes qu'entre nous, les esprits libres, les fougues impétueuses du génie. ET notre époque en a bien besoin !

Disons-le tout de suite : ces deux heures et quart sont un émerveillement pour les yeux et pour l'esptit; L'image sublime, signée du Grand Renato Berta, y est pour beaucoup, de même que les décors somptueux.

Giacomo Leopardi est incarné par Elio Germano, un acteur que j'ai beaucoup aimé, précédemment dans "Mon frère est fils unique" de Danièle Luchetti, "La bella gente" de Ivano de Matteo, "Magnigfica Presenza" de Ferzan Ozpetek, comme dans "Diaz, un crime d'état " de Danièle Vicari. Il opère ici une saisissante transformation physique au fur et à mesure que sa maladie avance et le déforme, sans toutefois " en faire des tonnes".

Ponctuant le voyage malade de Giacomo Leopardu d'une musique électro pop éthérée de Sascha Rinb, l'hommage réussit par sa légèreté à s'extirper des ornières du biopic au formol, solennel et compassé; Un travail où l'image est constamment porteuse de sens. La caméra capte les mouvements d'un corps difforme, suit les inflexions d'une démarche qui s'inscrit dans l'harmonie des lieux et en dénonce le caractère officiel artificiel.

Echappant donc aux pièges habituels de la biographie filmée, s'appuyant sur le talent de Elio Germano, Mario Martone signe un film captivant, dont l'image suggère avec grâce la puissance et la délicatesse d'esprit de Leopardi.

Et si ça, c'est pas du cinéma ......

Critique Chonchon

Leopardi, Il Giovane Favoloso de Mario Martone avec Elio Germano, Michele Rondiono, Isabelle Ragonese et Anna Mouglalis.