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lundi 27 avril 2015

TOUT SUR SERIES MANIA ET LE PALMARES 2015


Lancé en 2009, le Festival Séries Mania ne cesse de gagner en importance. Sa sixième édition, qui s'est déroulée du 17 au 26 avril aux Halles, a accueillie près de 22.000 spectateurs (contre 18 000 l'an passé) et 200 journalistes, qui se sont pressés pour découvrir des séries venues des quatre coins du monde et écouter Matthew Weiner (Mad Men), Hagai Levi (The Affair), Lee Daniels (Empire) et les autres personnalités invitées durant ces dix jours. Un jury de blogueurs a élu l'Allemande Deutschland 83 meilleure série étrangère (voir ci-dessous), pendant que la presse étrangère élisait Alix Poisson meilleure actrice pour Disparue(France 2), Mathieu Kassovitz meilleur acteur pour Le Bureau des Légendes (demain sur Canal+) et La Vie devant elles (France 3) meilleure série. Le public, lui aussi appelé à voter, a récompensé Olive Kitteridge (minisérie d'HBO, déjà vue sur OCS) et l'israélienne False Flag. Nous n'avons pas pu voir l'ensemble des 50 séries proposées à Séries Mania, mais parmi les nombreux programmes que nous avons visionnés, en voici 10 à attendre, dont certains sont déjà achetés par des chaînes françaises.
1992 (Italie)


La fiction italienne est en pleine introspection politico-sociétale. Après Gomorra - sur la camorra napolitaine - la chaîne Sky Italia propose une série chorale sur les maux de l’ère pré-berlusconnienne. Co-écrit par une scénariste deGomorra1992 retrace l’opération "Mains propres", qui mit au jour un système à grande échelle de corruption et de financement illégal des partis. Moment charnière, envisagé du point de vue d’une constellation de personnages : un jeune flic, une starlette, un publicitaire cynique... Immersion dans un univers très sombre, où la politique se vend comme un produit, où le rêve ultime des jeunes filles est de se trémousser dans un divertissement de la Rai Uno. Apre, nerveux, le deux premiers épisodes sont plutôt prometteurs, mêlant réalité et fiction, dans une atmosphère à l’esthétisme nineties. Diffuseur : Sky Italia. Duffuseur français : OCS

Blue Eyes (Suède)


Les Nordiques sont toujours en forme. En témoigne ce thriller politique, sociétal et intimiste, nouvelle illustration du savoir-faire scandinave. Son héroïne, directrice du cabinet du ministre de la Justice à Stockholm, réalise que celle dont elle a pris la place n'est peut-être pas en congé maladie, mais pourrait avoir disparu… Au même moment, une mère de famille rejoint la campagne d'un parti d'extrême droite, à ses risques et périls. Dérives idéologiques, tensions politiques, personnages complexes,Blä Ögon (dans le texte) promet de conjuguer tout ce qui plaît dans les séries nordiques : de l'humain, du social et de la noirceur. Diffuseur : SVT. Diffuseur France : inconnu.

Catastrophe (Angleterre)


Les bonnes comédies romantiques sont une denrée rare sur le petit écran. Réjouissons-nous donc du pari (réussi) de cette petite série sans prétention autre que de nous faire rire et de nous rendre ses personnages attachants -- ce qui, tout bien réfléchi, est ambitieux. Ses deux héros, quasi quadras, sont une Anglaise et un Américain qui, après une passade torride "sans conséquences"… réalisent qu'ils attendent un bébé. Ils vont donc apprendre à se connaître, et à transformer cette "catastrophe" en heureux événement. Sharon Horgan et Rob Delaney, leurs interprètes, sont irrésistibles, et la fraîcheur de leurs mésaventures fait immédiatement mouche. Diffuseur : Channel 4. Diffuseur France  : inconnu.

Cucumber / Banana / Tofu (Angleterre)


Nous n'avions pas manqué de vous en parler lors de sa diffusion outre-Manche, mais Séries Mania a permis de faire connaître au public le triptyque de Russel T. Davies (Queer as Folk). Les deux premières séries ont été diffusées sur grand écran, et la troisième, websérie documentaire, sur le site du festival. Cucumber raconte le quotidien d'un gay quarantenaire en crise, Banana développe le monde LGBT plus jeune qu'il croise régulièrement et Tofu interroge les pratiques sexuelles d'anonymes et de personnalités, particulièrement LGBT. Cucumber, la plus réussie des trois, est drôle, attachante et résolument universelle tout en décrivant en détails un univers bien particulier (le Manchester LGBT). Diffuseur : Channel 4 et E4. Diffuseur France : inconnu.

Deutschland 83 (Allemagne)


Après l'Italie, en vue depuis Gomorra, c'est au tour de l'Allemagne de proposer un projet ambitieux. Deutschland 83 est plus proche du divertissement que de la série d'auteur, mais elle est joliment produite, interprétée, et indéniablement efficace. On y suit la mission à l'Ouest d'un soldat de l'Est, envoyé pour espionner l'ennemi au début des années 1980 -- et garder un œil sur les ambitions nucléaires de l'OTAN en particulier. Une petite dose d'histoire, une pincée de nostalgie (la B.O n'attend pas dix minutes pour jouer la carte 99 Luftballons) et, surtout, un thriller soigné, composent une série entraînante et volontiers drôle (à défaut d'avoir la complexité psychologique de The Americans, sa cousine américaine). Diffuseur : RTL. Diffuseur France : Canal+
Et aussi : Dans la catégorie espionnage "old school", la britannique The Game (BBC America, prochainement sur OCS) joue une partition familière mais prometteuse autour d'une captivante partie de cache-cache entre MI5 et KGB, à Londres, en 1972.

Follow the Money (Danemark)


Imaginée par un ancien scénariste de Borgen, ce thriller nous plonge dans les rouages de la finance, sur les traces d'un flic qui enquête sur la mort d'un ouvrier en charge d'un champ d'éoliennes. Son propriétaire, une puissante entreprise spécialisée dans les énergies renouvelables, est-elle responsable ? L'enquête va dévoiler ses méthodes, à travers le quotidien de plusieurs personnages, son patron, une jeune avocate, un garagiste, le flic… Une série intrigante, solidement produite et esthétiquement soignée. Diffuseur : DR. Diffuseur France : inconnu

Indian Summers (Angleterre)


Un peu rapidement présentée comme un Downton Abbey indien, cette grosse production historique dépeint, elle aussi, la fin d'une époque. Celle, dans les années 1930 (et jusqu'à l'indépendance, si Channel 4 renouvelle la série), de l'empire colonial britannique, à travers la vie d'une poignée d'Anglais expatriés au pied de l'Himalaya. Décors grandioses, jolis costumes, acteurs photogéniques et talentueux,Indian Summers se savoure autant pour son côté soap (amour et trahisons sont au rendez-vous) que pour son arrière-plan politique et son attachement à saisir les tensions entre les Indiens et les Britanniques. Diffuseur : Channel 4. Diffuseur France : Arte.

La Casa (Argentine)


Grandeur et décadence d'une villa isolée sur une île du delta du Tigre, de 1929 à... 2029 : c'est le pitch de cette série argentine imaginée et intégralement réalisée par le cinéaste Diego Lerman (son nouveau film, Refugiado, présenté à Cannes l'an dernier, sort en salles le 13 mai). Chacun des treize épisodes raconte une intrigue autonome, avec des personnages (presque toujours) différents. La Casa alterne les genres (drame, comédie, anticipation, polar...) et les styles cinématographiques (l'épisode inaugural est ainsi très marqué par l'expressionnisme, assure Lerman). A travers les deux épisodes, joliment romanesques et superbement interprétés que nous avons pu voir à Séries Mania, on devine que cette série ambitieuse chronique aussi en filigrane un siècle d'histoire de l'Argentine avec ses périodes de crise (la dictature militaire en premier lieu) et ses évolutions sociales. Diffuseur : Canal7. Diffuseur France : inconnu.
Occupied (Norvège / France)


Imaginée par l'auteur de polars best-sellers Jo Nesbo, Occupied nous plonge dans une Norvège où le Premier Ministre, ancien militant écologiste, décide d'arrêter l'exploitation pétrolière qui a fait la richesse de son pays. Pour l'avenir de la planète, il fait le pari d'un nouveau minerais, plus vert. Ce qui ne plaît guère à l'Europe et aux Russes, qui s'installent sur le territoire, et forcent la main aux autorités norvègiennes. Mélange de drame politique et de thriller, Occupied n'a pas d'entrée de jeu l'intensité qu'on lui espérait, mais la diversité de ses personnages, et leur réaction à l'occupation, semblent devoir relever la suite. Diffuseur : Arte.

The Principal (Australie)


Autrefois ado remuant dans Hartley Cœurs à Vif, le comédien australien Alex Dimitriades a changé de camp. Le voici désormais principal d'un lycée des quartiers durs de Sydney, bien décidé à trouver des solutions à la violence, aux tensions communautaires et à la constante baisse de la qualité de l'enseignement. On a déjà vu ce genre d'histoires de prof au grand cœur, lui-même ancien dur à cuire, charmant et rebelle. On n'est pas sûr que l'affaire de meurtre qui va venir lui compliquer la vie est nécessaire. Mais le portrait sans concession que The Principaldresse de l'Australie, la qualité de sa production et de son interprétation nous donnent envie de la suite.

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