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jeudi 4 septembre 2014

L'ARMEE DES OMBRES DE JEAN PIERRE MELVILLE



L'Armée des Ombres de Jean Pierre Melville est à mon sens, l'un des meilleurs films sur la résistance, sans glorification inutile, mais avec une puissance qu'on pense de la réalité.




SYNOPSIS

20 octobre 1942, en France occupée, Philippe Gerbier (Lino Venture) ingénieur distinguée des POnts et Chaussées souspçonné de "pensées gaullistes" est arrêté par la police de Vichy et placé dans un camp. Il tranche sur les autres prisonniers par une force de caractère peu commune, et par les appuis qui l'ont placé dans ce camp. Quelques jours plus tard, les autorités françaises remettent Gerbier à la Gestapo, la police secrète nazis, qui le transfère à Paris pour interrogatoire. Gerbier réussit à s'échapper avec l'aide d'un résistant anonyme et d'un coiffeur apparemment pétainiste (Serge Réggiani) , puis retourne à Marseille où est basé le réseau qu'il dirige.

Le bras droit de Gerbier , Féli Lepercq (Paul Crauchet) a identifié un certain Paul (Paul Dounat) comme le traître qui a dénoncé son chef. Avec l'aide de Guillaume Vermesch dit Le Bison (Christian Barbier) , un colosse d'une loyauté absolue, ancien de la Légion, Félix et Gerbier conduisent Paul dans une maison inhabitée de Marseille pour l'y exécuter. Ils y retrouvent Claude Ullman "dit le masque" (Claude Mann), un jeune résistant désireux de faire ses preuves dans une mission difficile. Il s'avère impossible d'abattre Paul au pistolet comme prévu car une famille a emménagé la veille dans la maison voisine et ne manquerait pas d'entendre les coups de feu. Ayant cherché en vain une autre méthode, Gerbier ordonne à ses hommes de l'aider à étrangler leur captif. Le masque recule devant la manière de l'exécution, laquelle est pour lui la première, mais Gerbier le rabroue rapidement et lui confie avec une pointe d'émotion que c'est la première fois pour lui aussi. Le Masque se reprend et les 3 hommes mènent à bien la besogne.

Lui aussi marqué par l'exécution, Félix dans un bar tombe sur un ancien camarade de régiment, Jean François Jardie (Jean Pierre Cassel), un homme séduisant et athlétique , amoureux du risques, mais discret et fiable, Jean François accepte l'offre de Félix de l'engager dans la résistance, à la fois par ennui et par goût de l'aventure. Il mène alors avec succès plusieurs opérations d'importance croissante. Lors de sa première mission à Paris, il fait la connaissance de Mathilde (Simone Signoret, dans un rôle inspiré de Lucie Aubrac) qui sous l'apparence d'une ménagère anonyme est en fait une pièce maîtresse du réseau Gerbier, à l'insu de son mari et de sa fille. Sa mission accomplie Jean François rend une visite surprise à son frère aîné Luc (Paul Meurisse) philosophe de renom qui mène une vie érudite et contemplative dans son hôtel particulier du 16ème arrondissement. N'ayant pas vu son frère depuis longtemps, et ne se sentant plus assez proche de lui, Jean François résiste à la tentation de lui faire connaître son engagement.

Gerbier s'est installé à Lyon et y prépare avec Félix son voyage au quartier général de la France libre à Londres. Il doit embarquer de nuit sur un sous-marin britannique dans la calanque marseillaise d'En-Vau avec un groupe d'aviateurs abattus. Jean Françis et Le Bison assureront la sécurité de l'opération. Au dernier moment Gerbier informe Félix que le grand patron, le chef de leur groupe dont l'identité est un secret jalousement gardé , sera lui aussi du voyage. Après que tous les autres ont embarqué, Jean François le grand patron jusqu'au sous-marin dans l'obscurité totale, puis retourne à terre sans jamais avoir vu le passager. Ce n'est que lorsque celui-ci est à bord que lumière se fait sur le grand patron, qui n'est autre que son frère Luc.

A Londres, Gerbier reçoit un appui logistique renforcé pour son réseau et Luc Jardie est fait Compagnon de la Libération en privé par Charles de Gaulle lui-même. Gerbier écourte cependant son séjour lorsqu'il apprend l'arrestation de Félix par la Gestapo. Il est parachuté en France, et abrité près d'Annecy en toute connaissance de cause par le Baron Ferté-Talloire, royaliste convaincu qui déteste l'occupant encore plus que la république. En l'absence de Gerbier, Mathilde a pris le commandement et se révèle un chef exceptionnel. Elle a appris que Félix est détenu sous garde renforcée par la Gestapo à Lyon et met au point un audacieux plan d'évasion : à bord d'une fausse ambulance , elle affirmera avoir été envoyé pour ramener Félix à Paris. Il faut prévenir Félix pour garantir le succès du plan, mais Mathilde malgré toute son ingéniosité n'en trouve pas le moyen. Secrètement, Jean François qui a assisté en silence à toutes les discussions rédige une lettre de démission à Gerbier et se dénonce à la Gestapo par une lettre anonyme, avec l'espoir d'être enfermé avec son ancien camarade de régiment. Après interrogatoire et passage à tabac, Jean François est effectivement jeté dans la même cellule que Félix qui est dans un état critique suite aux tortures dont il a fait l'objet.

Mathilde ignore tout du geste de Jean François, mais convainc Gerbier de mettre le plan à exécution, à condition que celui-ci ne participe pas à l'opération. Déguisé en infirmière militaire allemande, et accompagnée du Bison et du Masque eux aussi en uniforme allemand, elle se présente en ambulance à la prison lyonnaise de Félix, porteuse d'un ordre contrefait pour le transfert de Félix à Paris. Elle accomplit le contrôle d'entrée dans un allemand parfait et l'ambulance pénètre dans la cour centrale de la prison au vu de Jean François. Le médecin militaire de la prison examine Félix dans sa cellule et le déclare intransportable, confiant à Jean François puis à Mathilde qu'il ne survivra pas à ses blessures. Mathilde n'a d'autre choix de prendre la nouvelle avec flegme et de repartir bredouille. Lui faisant croire qu'il en a plusieurs, Jean François propose à Félix une pilule de Cyanure pour lui donner la possibilité d'abréger ses souffrances en se suicidant.

Conscient du danger que représente désormais Mathilde pour le réseau, il estime comme Gerbier qie sa liquidation est nécessaire; mais l'admiration et la tendresse aveugle du Bison pour Mathilde empêchent ce dernier d'accepter la nécessité de la tuer. Jardie lui explique que le comportement de Mathilde, qui n'a livré que 2 hommes, malgré sa mémoire photographique et s'est fait remettre en liberté sous prétexte de conduite à la Gestapo, le reste du réseau n'a pour but que de se donner à la Résistance l'occasion de l'abattre pour protéger le réseau tout en sauvant sa fille. Le Bison se rend à l'implacable logique, alors que Jardi lui-même avoue ne pas en être convaincu, et accepte la tâche, à laquelle Jardi annonce sa participation afin de faire à Mathilde un adieu digne d'elle.

Quelques jours plus tard, le 23 février 193, Mathilde marche dans la rue de Paris, située près du parc Monceau, lorsque Jardie et ses hommes s'approchent au ralenti dans une voiture allemande. En les voyants, Mathilde se fige et lance à Jardie un long regard d'adieu (et peut être de surprise) pendant que Le Bison dégaine lentement l'abat de deux coups  de feu. La voiture prend feu.

Plus tard on apprendra que Claude Ullman eut le temps d'avaler sa pilule de cyanure, que Guillaume Vermesh fut décapité à la hâche, que Luc Jardie mourut sous la torture après avoir livré un nom "le sien", et que Philippe Gernier décidé de ne plus courir.


FICHE TECHNIQUE




Réalisation : Jean Pierre Melville assisté de Jean François Adam
Scénario : Jean Pierre Melvill d'après le roman éponyme de Joseph Kessel
Musique : Eric Demarsan
Photographie : Pierre Lhomme
Cadreur  et coordinateurs des effets spéciaux : Walter Wottitz
Son : Jacques Carrère
Décors : Théobald Meurisse
Costumes : Colette Baudot
Montage : Françoise Bonnot
Production : Jacques Dorfmann
Société de production : Les Films Corona et Fono Roma
Durée : 139 minutes
Sortie en France : 12 Septembre 1969

DISTRIBUTION



Lino Ventura : Philippe Gerbier
Simone Signoret : Mathilde
Paul Meurisse : Luc Jardie
Jean Pierre Cassel : Jean-François Jardie
Paul Crauchet : Félix Lepercq
Christian Barbier : Guillaume Vermesh
Claude Mann : Claude Ullman
Alain Libolt : Paul Dounat
Alain Mottet : Le commandant du camp
Alain Decock : Legrain
Serge Reggiani : Le coiffeur
Georges Sellier : Le colonel Jarret du Plessis
Marco Perrin : Octave Bonnafous
Hubert de Lapparent : Le pharmacien Aubert
Jean Marie Robain : Le baron de la Ferté-Talloires
André Dewavrin : Le colone Passy
Jeanne Perez : Marie
Albert Michel : Un gendarme
Denis Sadier : Le médecin de la gestapo
Colin Mann : Le dispatcher
Anthony Stuart : Le major de la Royal Air Force
Michel Fretault : Le patriote anonyme
Jacques Marbeuf ; Un officier allemand
Michel Dacquin : Un condamné
Gérard Huart : Un prisonnier
Percival Russel : Un soldat allemand
Franz Sauer : L'officier allemand
Nathalie Delon : L'amie de Jean-François
Marcel Bernier : L'adjoint douanier
Gaston Meunier : Le contrôleur des bagages
Adrian Cayla-Legrand : Charles de Gaulle

ANECDOTES



Un des thèmes musicaux du film (la marche de Gerbier vers le peloton d'exécution ) est surtout célèbre pour avoir servi de générique à l'émission de télévision française "Les dossiers de l'écran".

Ce thème n'es pas du compositeur du film, Eric Demarsan, mais un etrait du 2ème mouvement du concerto Spirituals Choir and Orchestra du compositeur américain Morton Gould.

André Dewavrin, le Colonel Passy joue son propre rôle.

D'après Bertrand Tavernier, ancien assistant de Melville, Signorer, avant de tourner la scène de l'exécution de Mathilde, a demandé à Melville, si Mathilde avait trahi ou non. La réponse de Melville fut "Je ne sais pas, c'est toi qui le sais".

Pour le premier plan du film, qui voit les soldats allemands défiler sur les Champs-Elysées, Melville est allé contre une tradition qui voulait qu'aucun acteur portant l'uniforme allemand ne marche sur la Place de l'Etoile. Vincente Minelli n'avait ainsi pu mener à bien une telle scène pour "Les 4 cavaliers de l'Apocalyspe".

Melville suis assez fidèlement le romand e Joseph Kessel, écrit en 1943, mais ajoute quelques détails  de ses propres souvenirs de résistant. Des références claires sont faites à des figures  du réseau Cohors-Astruries et du réseau de la confrérie Notre Dame (notamment le Colonel Rémy) ainsi qu'à d'autres grandes figures de la résistance.

Luc Jardie (Paul Meurisse) représente notamment :
- Jean Cavaillès , Pierre Brossolette, Jean Moulin

Philippe Gernier (Lino Ventura) représente notamment :
- Jean Pierre Bloch, Paul Rivièere

Mathilde (Simone Signoret) représente notamment Lucie Aubrac.

Le film a été accueilli moyennement dans une période mai 1968, peu enclins à entendre parler de résistance, ce qui a pousser les distributeurs américains à ne pas sortir le film aux Etats-Unis, il ne sortira finalement qu'en 2006, ou beaucoup de critiques américains le considérerai comme le meilleur film sorti en 2006.
















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