Deux autres films ont été adaptés du même roman d'Octave Mirbeau (paru en Juillet 1900), un réalisé par Jean Renoir, l'autre par Luis Bunuel. Ils font tous deux références, émanant de deux réalisateurs majeurs, mais le propos de Benoît Jacquot est différent.
Il a souhaité adapter ce roman parque qu'il y trouvait un écho direct avec le climat sociopolitique actuel. En un sens, le livre lui donnait l'opportunité d'évoquer des questions d'actualité comme l'esclavage salarial, l'antisémitisme ou encore la discrimination sexuelle.
La reconstitution de l'époque est parfaire, la mise en scène est impeccable, les cadrages et les images sont travaillés sans être clinquants, et la distribution est de très haut niveau. Mais le plus brillant, c'est le propos du réalisateur , laissant le début du 20ème siècle glisser sur le début du 21ème. C'est très pertinent et très réussi.
A la différence des adaptations en noir et blanc par Renoir (1946) et par Bunuel (1964) du livre d'Octave Mirbeau, Jacquot ignore la convention d'un journal intime en gros plan et de la voix off féminine, leur préférant l'éloquence de séquences brèves en couleur, parfois suivies de passages à l'écran vide, agencés avec virtuosité.
C'est une adaptation très forte du roman qui met en avant, dans une reconstitution suggestive, la violence de la lutte des classes. Sa version n'édulcore en rien la dureté du récit original, mais elle lui confère une forme d'insolence, d'ambivalence et de sensualités vibrantes. C'est très actuel.
Le mérite majeur de Benoît Jacquot est de revenir au texte et de mettre l'accents sur sa contemporaneité, il nous propose ici une oeuvre magnifique aux coutures pleines de crasse, à laquelle je souscris sans réserves.
Critique Chonchon
Le Journal d'une femme de chambre de Benoît Jacquot avec Léa Seydoux, Vincent Lindon, Dominique Reymond et Hervé Pierre.
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