Cimino, un réalisateur exigeant
Après Le canardeur, son premier long de réalisateur, Michael Cimino -39 ans en 1978- se sent pousser des ailes. Plutôt que d'enchaîner avec un autre long-métrage au budget modeste, il propose aux studios Universal le scénario d'un film de trois heures autour du destin, brisé par la guerre du Vietnam, de trois amis. Un projet qu'il a en tête depuis son passage chez les Bérets verts.
Cimino assure pouvoir le tourner raisonnablement pour huit millions de dollars. Le film coûtera quasiment le double, le cinéaste se montrant d'une exigence folle. Par souci de réalisme, il refuse, par exemple, de tourner ailleurs qu'en Thaïlande, alors que les Philippines offrent des moyens logistiques plus adéquats. Le bar où se réunissent les protagonistes au début du film est construit selon ses plans, faute d'en trouver un à son goût. Enfin, les prises de vues aux Etats-Unis se déroulant en été, il demande aux décorateurs de donner au paysage une touche automnale. Un véritable casse-tête.
Les ravages de la guerre
Mais le jeu en vaut la chandelle. Porté par une bande d'acteurs en pleine ascension -Robert de Niro, Christopher Walken, Meryl Streep, John Cazale- Voyage au bout de l'enfer, couronné de 5 Oscars, reste l'un des plus beaux films sur les ravages de la guerre, et la fameuse séquence de la roulette russe est devenue un classique.
A sa sortie, le film, malgré sa durée, sera plébiscité par le public. La critique est, elle, dithyrambique. En Europe il suscitera néanmoins une polémique lors du Festival de Berlin, où certains représentants des pays de l'Est le qualifieront de "film réactionnaire" présentant les Viêt-congs comme des barbares sanguinaires.
Cimino et la Roulette russe
Dans une interview présente dans l'édition Blu-Ray/ DVD de Voyage au bout de l'enfer (StudioCanal), Michael Cimino explique: "L'épisode de la roulette russe a réellement existé pendant la Guerre du Vietnam, bien que certains aient affirmé le contraire (...) Sur le plan dramatique, cette séquence me permettait de suggérer l'attente, qui est l'élément principal du vrai combat. C'est féroce, incroyablement démentiel et la mort peut arriver à tout moment (...) Comment traduire cela à l'écran? Je n'allais tout de même pas montrer quelqu'un qui attend pendant douze heures. La roulette russe me semblait être la meilleure façon de montrer la tension de la mort, qui survient au hasard. "

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