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jeudi 16 avril 2015

DECES DE GUNTER GRASS "AUTEUR DU TAMBOUR" PALME D'OR A CANNES


L'auteur du “Tambour” est mort ce lundi 13 avril 2015. Grand polémiste, Günter Grass n'avait jamais cessé d'être hanté par sa jeunesse d'ancien soldat nazi.
Günter Grass disait avoir buté sur la première phrase de son livre Le Tambour : par où commencer en songeant à son enfance à Dantzig où il était né en 1927 (aujourd’hui Gdansk) en Pologne, envahie par la Wehrmacht ? Jusqu’où remonter pour mêler l’histoire imaginaire d’un personnage à une histoire réelle qui submergea des millions de femmes et d’hommes, pour conter l’évocation onirique de ce qui pouvait paraître inventée mais qui fut terriblement réelle ?
La première phrase, il l’a pourtant trouvée : « Je le concède : je suis pensionnaire d’une maison de santé, mon infirmier m’observe, me tient à l’œil, car il y a dans la porte un judas, et l’œil de mon infirmier est de ce brun qui ne saurait percer à jour celui qui a les yeux bleus comme moi »Le Tambourest le livre, publié en 1959, qui fera connaître Günter Grass et lui confèrera une renommé internationale, relancée avecl’adaptation cinématographique réalisée vingt ans après par Volker Schlöndorff, en 1979 et qui obtint la palme d’or au festival de Cannes. Le Tambour, c’est l’histoire d’Oskar Matzerath, une autobiographie d’un homme enfermé dans un asile d’aliénés en 1952, capable, enfant, d’un cri perçant qui pulvérisait le verre.
Un roman qui contient déjà tout ce que Günter Grass développera par la suite : des personnages submergés par l’histoire, notamment celle de la Seconde Guerre mondiale et un style picaresque qui embarque le lecteur dans un foisonnement tourbillonnant. Lauréat du prix Nobel de littérature en 1999, Grass n’a cessé de susciter débats et polémiques. En 2006, dans Pelures d’oignon, il révèle sa jeunesse hitlérienne, deux mots insupportables qui scandalisent ceux qui veulent tancer le sonneur de leçons, soutien du SPD (le Parti social-démocrate). Son adolescence comme membre des Jeunesses hitlériennes, sa guerre ? Elles furent courtes. Il rêvait d’être sous-marinier, il sera « fantassin transporté » derrière les chars, dans les forêts de Bohème, verra les orgues de Staline décimer ses camarades ou fera le guet sur les bords de la Baltique, là où les dunes ne sont conquises que par les lapins, là aussi où il pouvait dessiner sur son bloc de papier Pelikan. Ce fut la guerre du brave soldat Grass, gamin au casque trop grand, Waffen-SS inconscient qui n’a pas dénoncé mais n’a pas non plus posé de questions. 
Günter Grass, voix allemande par excellence, est décédé ce lundi 13 avril à Lübeck, au bord de la Baltique dont il avait gardé les rives dans sa jeunesse de guerre. Une jeunesse qui le poursuivit toute sa vie et qui, sans doute, le conduisit à écrire pour que d’autres puissent songer à eux-mêmes, enfants, sans crainte d’y voir de sombres reflets.
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