Décidément, les temps sont durs pour les projets culturels à Dieppe. Aujourd’hui, l’association Ciné Deep affronte des turbulences financières au point de se trouver dans l’obligation d’annuler le prochain festival qui devait se tenir en septembre prochain.
Chaque année, la mise en place de l’événement relevait d’une gageure menée sur le fil du rasoir et il est vrai que l’équipe active des bénévoles œuvrait sans relâche afin que ces quelques jours consacrés au cinéma canadien valorisent le paysage culturel dieppois.
Un gros investissement financier et humain
Il y a quelques mois, Myriam Kahn, l’actuelle présidente avait même injecté personnellement de l’argent dans les finances et les organisateurs pensaient pouvoir repartir d’un bon pied, bref, l’horizon semblait s’éclaircir. Aujourd’hui, après avoir travaillé sur le budget avec la trésorière et le délégué général, il est vite apparu qu’un nouveau déficit était à craindre à l’issue de la prochaine manifestation en septembre 2015.
« C’est un festival qui demande un gros investissement financier, confie Myriam Kahn. Tout d’abord, considérons les frais de fonctionnement : il faut assumer les voyages en avion des artistes et journalistes canadiens, puis l’hébergement, les déplacements intra-muros, la communication… ».
Depuis la création de Ciné-deep il y a 7 ans, l’association a toujours jonglé avec les recettes et les dépenses. Il apparaît que cette année ce n’est plus possible, même en amputant le festival d’animations annexes comme le marché du film et le « Canadian village » qui devait se tenir sur le quai Henri-IV.
Un festival qui s’appuie sur le bénévolat
« Il ne faut pas oublier qu’il est beaucoup demandé aux bénévoles, et cela tout au long de l’année. Nous avons de jeunes étudiants qui donnent beaucoup de leur temps sans rémunération, c’est très difficile pour eux, » poursuit Myriam Kahn.
Aller à la recherche de subventions et pallier les manques logistiques avec les bénévoles font que les charges de travail sont de plus en plus lourdes, « pendant que l’on tire le bilan d’un festival, il faut déjà envisager le suivant », ajoute la présidente, « c’est pourquoi le bureau a décidé de miser sur une manifestation tous les deux ans, afin de respirer entre deux ».
Un gros travail de relations publiques
Chargé des relations publique pour le Festival, Marc Dray est lui aussi attristé par la situation. Pour autant, il continue à croire en la pérennité du Festival :
« Ce lien culturel entre notre ville et le Canada par le biais du cinéma, c’est une excellente idée et l’événement a acquis toute sa légitimité à Dieppe, c’est pourquoi il ne faut pas l’abandonner. »
Depuis deux ans maintenant, il travaille à constituer un réseau relationnel auprès des entreprises canadiennes et de la Chambre de Commerce au Canada et des autorités consulaires, afin de récolter quelques subventions. Les démarches sont parfois difficiles, mais peu à peu, des liens se construisent et c’est gratifiant, affirme-t-il.
« Mais les réseaux anglo-saxons sont loin d’être gratuits. Ils se construisent à coups de rencontre, d’invitations payantes, et plus que jamais dans le contexte actuel, les éventuels mécènes demandent que nous fassions nos preuves. Seulement, nous sommes encore jeunes, même si nous commençons à être reconnus. »
Marc Dray pointe deux rythmes différents : celui des financeurs qui travaillent sur le long terme et celui des organisateurs du festival qui ont besoin d’être assurés financièrement à court terme, afin de donner une plus grande envergure à la manifestation culturelle. Il pense néanmoins que les différents tempo arriveront à se caler un jour.
« L’équipe est excellente, il faut considérer le gros travail qui a été fait comme un terreau sur lequel nous pouvons envisager de belles récoltes », dit-il, en avouant que pour sa part, il continuera à rencontrer les partenaires et bâtir des mécénats. « Tout viendra se mettre en place en son temps. »
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