Source : Télérama
Compétition internationale
Grand Prix : The Virtues de Shane Meadows
Une formidable odyssée intime d’un homme largué par la vie. Meadows (This is England) taille son récit dans un bloc d’humanité pure et nous touche en plein coeur. Stephen Graham (voir plus loin) y est aussi pour beaucoup. Il n’y avait pas photo.
Prix spécial du Jury : Just for today de Nir Bergman et Ram Nehari
Une directrice d’un centre de réinsertion pour condamnés en probation voit ressurgir un détenu pour lequel, des années plus tôt, elle a mis sa carrière en péril. Ce dernier découvre la vie du centre où il est hébergé dans un provisoire qui s’annonce durable. Ce drame social superbement mis en scène et photographié confirme le savoir-faire de la télévision israélienne et le talent de ses auteurs.
Prix d’interprétation féminine : Marina Hands dans Mytho (sur Arte, dernier trimestre 2019)
En mère coupable, presque malgré elle, d’un gros mensonge pour retrouver les faveurs des siens, Marina Hands délivre une perfomance remarquable et plus subtile qu’il n’y paraît. Elle confère à son personnage une fausse naïveté lunaire et risible qui masque en réalité un mal-être profond, palpable même dans la plus discrète de ses expressions.
Prix d’interprétation masculine : Stephen Graham dans The Virtues
A moins d’une surprise qui aurait déclenché un gros scandale chez les festivaliers, ce prix ne pouvait échapper à Graham, acteur fétiche de Shane Meadows, qui campe avec un réalisme hallucinant cet homme au bout du rouleau, décidé à affronter les fantômes de son passé. Une interprétation physique monstrueuse qui s’appuie aussi sur un visage bouleversant, laissant entrevoir le regard tendre et perdu d’un ancien petit garçon écorché par la vie.
Compétition française
Prix de la meilleure série : Une Ile de Gaia Guasti et Aurélien Molas (sur Arte courant 2019)
Nous ne sommes pas du tout d’accord avec le jury composé de nos consoeurs et confrères de la presse étrangère. Malgré quelques beaux plans – noyés dans une esthétique aquatique de pub pour parfums – les deux premiers épisodes sur cette sirène vengeresse s’avèrent ennuyeux et bancals. Et la représentation complaisante des corps féminins (surtout des deux jeunes actrices) nous a beaucoup dérangés. On pardonne volontiers à Arte qui tente et réussit des projets osés (Edenet Mytho par exemple) et a logiquement le droit de se tromper. C’est rare mais c’est notre avis pour cette série.
Prix d’interprétation féminine : Carole Weyers dans Double Je (France 2)
Pimpante et énergique, Carole Weyers détonne dans le rôle d’une flic qui mène l’enquête avec… un ami imaginaire. Elle apporte une fraîcheur bienvenue à un polar par ailleurs très classique.
Prix d’interprétation masculine : Grégory Montel dans Le Grand bazar (très bientôt sur M6)
Dans cette série rythmée et plaisante sur la famille, signée Baya Kasmi, Grégory Montel augmente avec brio son capital sympathie, acquis dans Dix pour cent. Il campe avec bienveillance un papa poule juste et touchant.
Autres récompenses
Prix du panorama international : Exit de Petter Testmann-Koch et Øystein Karlsen
Imaginé à partir de témoignages réels, ce mockumentaire norvégien sombre et sauvage dynamite le capitalisme, façon American Psycho. Une série choc et osée mais loin d’être la plus fine de ce panorama.
Prix du format court : People talking (Gente hablando) de Álvaro Carmona
« Des gens qui parlent », voilà l'idée simple comme bonjour de cette série espagnole, où deux personnages se font face dans une discussion à battons rompus : les deux premiers épisodes mettent en scène un rencard Tinder dans un bar et une confession à l'église. Efficaces, impeccablement dialogués et interprétés, intelligents et drôles, ils exploitent le format court sans fioritures.
Prix du public : Mytho de Anne Berest et Fabrice Gobert (Arte)
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