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lundi 4 mai 2015

LE LABYRINTHE DU SILENCE DE GIULIO RICCIRELLI par Critique Chonchon

Le Labyrinthe du Silence.

Allemagne 1958.
Johann Radmann (Alexander Fehling) est un jeune procureur débutant chargé des délits routiers. Il mène une vie ordinaire, dans le souvenir d'un père idolâtré à tort, et tombe amoureux de la pétillante Marlene Wondrak (Friederieke Becht).
Sa carrière, et même sa vie, va être bouleversée lorsque, alerté par le journaliste Thomas Gnielka (André Szymanski) il découvre peu à peu des pièces essentielles permettant l’ouverture d’un procès contre d’anciens SS ayant servi à Auschwitz.
Bien qu'ayant l'appui de son supérieur le procureur général de Francfort Fritz Bauer (Gent Voss, excellent)), épaulé par son collègue Otto Haller (Johann von Bülow) et inconditionnellement soutenu par son assistante Erika Schmitt (Hansi Jochmann, admirable dans son jeu tout en réserve et en silence !) il doit faire face à de nombreuses hostilités dans cette Allemagne d’après-guerre.
Déterminé, il fera tout pour que les allemands ne fuient pas leur passé.
En préambule, il faut rappeler ceci : nous sommes devant un film allemand, et non étasunien, ce qui signifie que nous ne sommes pas dans le cadre de la vengeance, mais bien dans le cadre seul de la justice. Et tout est là.
Le film est inspiré de l'histoire vraie de Fritz Bauer, procureur général de Francfort et de trois procureurs travaillant pour lui, qui furent à l'origine du procès "Auschwitz" qui se déroula dans les années 1960. Si Fritz Bauer ainsi que le journaliste Thomas Gnielka ont réellement existé, l'histoire du film raconte le parcours imaginé du procureur Johann Radmann. Afin de créer ce personnage, le réalisateur a mélangé les vies des trois vrais procureurs qui assistèrent Fritz Bauer lors du procès.
Le scénario est très minutieux, probablement en raison de son sujet délicat qui ne supporterait pas trop de "libertés", et c'est la raison pour laquelle l'acteur-scénariste-réalisateur Giulio Riccirelli (peu connu en France) s'est fait aidé par l'historien spécialisé très reconnu qu'est Werner Renz.
Le sujet de film et sa pesanteur imposaient un jeu des acteurs aux antipodes de l'hystérie et de l'esbroufe. C'est brillamment réussi. Alexander Fehling sait jouer la ténacité avec une très grande réserve, sans effets de manches. Non, ce bel acteur n'a pas été découvert par Quentin Tarantino, et sa filmographie est déjà étoffée, même si elle est assez circonscrite à l'Allemagne (toutefois, merci à ARTE de me l'avoir fait découvrir) à part "Inglorious Basterds". "Les Buddenbrook, le déclin d'une famille" (2008), "La Révélation" film admirable en tous points de Hans-Christian Schmid (2009), "Young Goethe in love" de Philipp Stözl avec Moritz Bleibreu excusez du peu (2010), "Qui d'autre à part nous" de Andres Veiel (2011)...
Compte tenu du sujet du film, compte tenu du fait qu'il aborde un sujet rare et qu'il fait oeuvre d'Histoire en rappelant le devoir de mémoire, il est fort peu probable que nous trouvions à lire de mauvaises critiques. Mais, contrairement à certains films "made in USA" sur lesquels ils est impossible de porter la moindre réserve pour ces deux raison, je tiens à dire que selon moi, ici, il n'y a guère de réserves à exprimer.
Certes, la progression de l'action est classique, dans un très beau score, et une reconstitution de l'époque très soignée (les intérieurs, les vêtements) sans être ostentatoire. Mais en plus, il y a un indéniable travail sur la forme : ainsi le cadrage, notamment les bâtiments rappelant les travaux de Albert Speer (qui figurait dans le cercle rapproché d'Adolph Hitler), ainsi les tons de gris et les lumières essayant d'évoquer l'époque, etc...
Historiquement, le film est irréprochable (même si j'aurais laissé les trois procureurs plutôt que de les réunir en un seul personnage... ma passion du travail collectif, probablement), il est d'une très grande dignité, ne suscitant jamais les larmes avec vulgarité. C'est très prégnant lorsque le jeune procureur, toujours avec son assistante, recueille les témoignages des survivants d'Auschwitz : des visages qui se succèdent, très peu de paroles, laissant souvent le soin au spectateur le soin de comprendre leurs propos.
"Le Labyrinthe du Silence" fait oeuvre utile, voire nécessaire, non seulement pour ce qu'il dit du passé de l'Allemagne, mais aussi parce que ce film nous interroge sur la responsabilité individuelle, encore et toujours d'actualité aujourd'hui.
Je le déplore, mais aujourd'hui encore, ils sont nombreux à ne pas comprendre que leur "responsabilité individuelle" fait peser sur nous de graves dangers, même si rien n'est comparable à Auschwitz.

Critique Chonchon

Le Labyrinthe du Silence de Guilio Riciarelli avec Alexandre Fehling, André Zymanski et Gert Voss.

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