Ce qui est étonnant avec ce film,est qu'il y a autant d'histoire sur la qualité du film, car malgré les polémiques, il reste un très grand film, que sur les à côtés du film de sa production par la continental films et sa sortie en 1943, et juste après la guerre ou on a accusé le film et son réalisateur d'avoir fait un film qui donnait une mauvaise image de la France, et on l'accusa de collaboration dans une période compliquée où chacun essayait de trouver sa place dans ce monde d'après guerre.
Cette polémique nous donnera un bon mot d'Henri Jeanson qui défendit Clouzot, à l'attention d'Armand Salacroux qui lui dit "Clouzot est autant collabo, que vous vous êtes resistant. Ce film est vraiment celui qui répercutera le plus les désaccords sur le comportement des artistes pendant la seconde guerre mondiale. Clouzot s'en sortira bien contrairement à d'autres, puisque en 1947 il reprendra sa carrière avec son chef d'oeuvre "Quai des Orfèvres".
Synopsis : Dans la petite ville de Saint-Robin, le docteur Germain est un spécialiste des accouchements désespérés au cours desquels, s’il faut « choisir » un rescapé, il sauve la mère. Ce choix est évidemment mal vu dans le microcosme provincial. À ce titre, le docteur Germain est l’une des premières victimes des lettres anonymes signées d’un mystérieux « Corbeau », lesquelles viseront ensuite l’instituteur, le psychiatre et sa femme, et peu à peu tout le monde… L’épicentre de ce séisme en devenir semble bien se trouver entre l’école, où habite Germain, et l’hôpital où il exerce. Hanté par un passé secret, le docteur tente de mener une existence libre, au mépris des conventions sociales. Par exemple, il entretient une liaison avec la fille de l’instituteur, Denise, une vamp sulfureuse qui est alitée à cause d’un pied bot, tout en courtisant la jolie Mme Vorzet, épouse d’un psychiatre à la retraite.
Tout ceci vaut à Germain de solides inimitiés, à commencer par Marie Corbin, la terrifiante infirmière en chef et c’est dans cette logique qu’il est soupçonné le premier d’être « Le Corbeau », jusqu’à ce que l’un de ses patients se suicide sur son lit d’hôpital, des suites d’une des fameuses missives anonymes. L’enterrement se déroule dans un climat d’autant plus tragique que des lettres volent autour du corbillard. Marie Corbin est désignée à la vindicte de la foule pour une traque sordide, à travers les rues désertes de la ville. Tout le monde soupçonne son voisin ou vis-à-vis. Chaque courrier est scruté, la poste presque assiégée. L’enquête piétine. Une fillette tente de se suicider après un courrier de trop. On décide d’éprouver l’écriture des notables de la ville avec une interminable dictée, sur les bancs de l’école, qui devrait, en théorie, révéler le coupable. La trame est ponctuée par les conversations désabusées du docteur Germain et de Vorzet qui commentent chaque étape de l’enquête. Germain croit tenir le coupable en la personne de sa maîtresse Denise, puis c’est Mme Vorzet qui est identifiée comme étant « Le Corbeau », ce que son époux confirme avec désespoir, en ajoutant qu’il avait depuis longtemps percé sa femme à jour. Celle-ci est arrêtée et enfermée, jusqu’à un ultime coup de théâtre qui clôt la tragédie.
Mon avis : Le Corbeau restera à jamais dans ma mémoire, d'autant plus que je n'ai jamais vécu à la campagne, et que la vie de ces personnes me fascine, car elle ne vivent pas comme nous les citadins et non pas les mêmes valeurs, et un petit rien,peut déclencher des querelles de villages, qui souvent ne sont que des petits rien, mais comme dans les personnages de cette histoire, peuvent être effrayante et déclenché des drames insolubles, alors que nous citadins on ne sait même pas qui est notre voisin et un jour on apprend que c'est un terroriste ou le Dr Drexter.
J'ai été impressionné dans ma jeunesse par la noirceur du film, n'ayant pas d'idée politique à l'époque , je voyais le film comme l'image de notre province faits de petits villages ou de petites villes où les gens pouvaient se détester à un point phénoménal.
Alors oui il est vrai que l'image de la France ici est noire, poisseuse , parlant de la délation comme un jeu quotidien,sauf que là la mort rôde dans cette petite ville, et évidemment en pensant au film, on a dans la tête l'affaire du petit Grégory, avec ces histoires de lettres anonyme qui ont pollués cette histoire, donc avec 40 ans d'écart après on est plus que certain que Clouzot avait bien vu,que certaines rancoeurs et jalousies dans notre France du quotidien pouvait amener au drame.
Pendant tout le film "le Corbeau'" jouera au chat et la souris pour mettre à mal,la vie des habitants,chacun derrière un volet suspiçiant son voisin, son conjoint ou même ses amis.
Les visages sont aussi sombres que la noirceur du film, avec en sous-main les inimitiés , mais on a aussi la colère des citoyens sur l'avortement à une époque où cela était considéré comme un crime, et quand le Dr Germain va sauver une mère au lieu de l'enfant, son geste va déclenché la haine et une violence inouïe.
A la première vue du film, je n'avais pas réalisé qui était coupable finalement, et donc tout le film je cherchais la raison qui motivait le Corbeau et comme les villageois je soupçonnait le Dr Germain, trop beau pour être honnête. Depuis je regarde comment on en est arrivé à la vérité,enfin pour le spectateur pas pour les villageois.
Pierre Fresnay tient le film par ses grandes épaules avec grâce, loyauté et talent. A côté de lui toutes une pléiade de grands acteurs du cinéma français comme Pierre Larquey, Ginette Leclerc, Noel Roquevert, Pierre Bertin, Louis Seigner et surtout la majestueuse Sylvie qui m'a foutu les trouilles de ma vie.
Le Corbeau est basé sur l'Affaire de Tulle qui de 1917 à 1922, plus de 110 lettres se sont abattus sur la ville, comme ces lettres anonymes qui tombent sur l'enterrement du jeune François,impressionnant et glaçant.
Ce film considéré à l'époque par un monde qu'on pense ne plus exister , le communisme à l'ancienne et surtout les associations catholiques, qui pensaient que le film était pernicieux socialement ou religieux, ce qui nous rappelle quelques manifestations dans les rues de Paris, autre temps , autre moeurs, pas si sur , car aujourd'hui les lettres anonymes sont remplacés par les réseaux sociaux où chacun peut se cacher anonymement derrière son écran, et vider son fiel et détruite non pas une carrière, une vie.
Il faut savoir, que ce film a eu son remake en 1951 sous le titre "La Treizième Lettre" avec Charles Boyer dans le rôle principal, mais jamais sorti en France.
NOTE : 17.10
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Henri-Georges Clouzot
Scénario Louis Chavance d'après le fait divers de Tulle qui s'est déroulé de 1917 à 1922;
Dialogues et Adaptation : Louis Chavanceet Henri-Georges Clouzot
Images : Nicolas Hayer
Assistant Réalisateur ; Jean Sacha
Cadreur : Jacques Lemare
Décors ; André Andrejew et Hermann Wann
Musique : Tony Aubin
Montage ; Marguerite Beaugé
Son ; William-Robert Sivel
Photographe de Plateau ; Henri Pecqueux
Régisseur Marcel Byrau et Paul Polty
Production ; René Montis et Raoul Ploquin pour la Continental Films
Durée ; 92 minutes
Date de sortie : 1943 (en France) 1948 (aux States)
DISTRIBUTION
- Pierre Fresnay : docteur Rémy Germain
- Ginette Leclerc : Denise Saillens, la sœur du directeur de l'école
- Pierre Larquey : docteur Michel Vorzet, psychiatre et mari de Laura
- Micheline Francey : Laura Vorzet, assistante sociale
- Héléna Manson : Marie Corbin, une infirmière
- Noël Roquevert : Saillens, le directeur de l'école, père de Rolande et frère de Denise
- Liliane Maigné : Rolande Saillens, la postière, nièce de Denise
- Pierre Bertin : le sous-préfet
- Roger Blin : François, le cancéreux
- Antoine Balpêtré : le docteur Delorme, directeur de l'hôpital
- Louis Seigner : le docteur Bertrand, confrère du docteur Germain
- Jean Brochard : Bonnevie, l'économe de l'hôpital
- Bernard Lancret : le substitut Delorme, fils du directeur de l'hôpital
- Sylvie : la mère de François
- Jeanne Fusier-Gir : la mercière
- Robert Clermont : M. de Maquet
- Pierre Palau : le receveur des postes
- Marcel Delaître : le dominicain
- Paul Barge : un homme du village
- Lucienne Bogaert : la femme voilée qui provoque Germain
- Albert Brouett : un suspect
- Marie-Jacqueline Chantal : une suspecte
- Nicole Chollet : la bonne de Vorzet
- Étienne Decroux : le client de la poste
- Gustave Gallet : Fayolle
- Palmyre Levasseur : une femme du village
- Albert Malbert : le Suisse
- Pâquerette : une suspecte
- Eugène Yvernès : un suspect
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