Il y a un peu moins d'une semaine, le jury du Festival de Cannes décernait ses prix, créant la surprise en remettant la Palme d'or à "l'outsider" The Square de Ruben Ostlund, et récompensant 120 battements par minute du prestigieux Grand Prix.
Favori des pronostics, qualifié de "Palme du coeur" par certains, 120 battements par minute, film choc de Robin Campillo, a assurément fait vibrer les festivaliers, et s'est imposé comme l'un des plus gros "buzz" du festival.
Comment se présente l'après-Cannes de 120 battements par minute ? Le film est-il promis à un bel avenir à l'international ? Pourrait-il même entrer dans la course aux Oscars ? Pour en savoir plus, Nicolas Brigaud-Robert, coproducteur et exportateur du film avec la société Film Distribution, nous a répondu.
Nicolas Brigaud-Robert : Je suis coproducteur* et exportateur de 120 battements par minute, film que nous avons soutenu dès la première version du scénario avec beaucoup d’enthousiasme et une vraie conviction, pas seulement sur le propos mais aussi sur le talent de son réalisateur. Nous avons suivi Robin Campillo depuis son premier film ; c’était tout à fait naturel qu’on le suive sur ce projet qui est à la fois plus ambitieux financièrement et avec un pari artistique très important.
Raconter une période, parler à une génération, parler d’amour et aussi de la maladie et de la mort, c’est un grand sujet, un sujet avec un grand S. Je suis heureux que le Festival de Cannes ait partagé notre enthousiasme et qu’ils aient pris le risque de le mettre un samedi soir, c’est très courageux de leur part.
Le fait que notre enthousiasme, celui du Festival n’ait pas été démenti par le jury, ça prouve qu’on peut s’accorder sur une certaine idée de cinéma. Ça me réjouit. On est tous d’accord pour dire que c’est un moment important. Des retours que l’on peut avoir, les gens ont partagé un moment important. C’est ça le cinéma, ça me fait très plaisir.
Quel a été l'accueil critique et commercial du film à Cannes ?
120 battements par minute a été classé 2ème meilleur film ex aequo par la presse internationale selon une étude d'Indiewire recensant 30 critiques internationales (Ndlr. The Florida Project arrive en 1ère position de cette étude).
D’un point de vue commercial, il ne faut pas oublier que c’est un film français, sous-titré, de 2h20, sur un sujet, comme je le disais, ambitieux. La mort, l’amour, l’homosexualité… Aujourd’hui, dans le monde dans lequel on vit, n’en déplaise à certains, ce sont des sujets qui sont acceptés, acceptables et dont les gens vont parler et vont voir.
Le succès important d’un film comme Moonlight montre qu’on peut sortir des films abordant tous les sujets, ambitieux et réussis
Le film a été vendu dans 34 pays, dont des pays très difficiles, comme le Japon. Nous avons vendu ce film à un distributeur japonais important (Phantom Film), parce que lui aussi trouve le film important. Et il ne faut pas se cacher que le succès important d’un film comme Moonlight montre–même dans des territoires qu’on pourrait juger a priori réticents- qu’on peut sortir des films abordant tous les sujets, ambitieux et réussis.
Aux Etats-Unis, le distributeur sera The Orchard. C’est une société qui achète très peu de films en langue étrangère et qui s’est tout de suite positionné. Il y avait du monde sur le film et ils étaient à l’évidence les plus motivés. Ils ont un vrai savoir-faire sur les réseaux sociaux.
Il va falloir aller chercher du public aux Etats-Unis et The Orchard était totalement convaincant
Il va falloir aller chercher du public aux Etats-Unis et The Orchard était totalement convaincant. Si vous allez sur le site de The Orchard, vous verrez qu’à l’origine c’est une filiale de Sony Music. Ils sont innovants. Ce sont des gens qu’on n’attendait pas finalement et qui ont été conquis par le film.
Tout ça pour vous dire que pour les Oscars, on est très bien placés du point de vue des américains. Ensuite, il ne faut pas préjuger du choix de la France. Il ne faut pas avoir d’arrogance, il y a d’autres très beaux films.
Mais en tout cas on ne peut pas dire, et on ne peut pas laisser dire, sauf à croire aux fake news, que 1/ le film n’est pas vendu aux Etats-Unis, 2/ qu’il n’est pas vendu à un distributeur important. Ce distributeur est capable de soutenir sans problème une campagne aux Oscars. Tout ça, c’est de la désinformation.
Surtout, ça ne reflète pas du tout la manière dont ça s’est passé à Cannes sur ce film. J’ai été assailli de demandes. Ce n’est pas comprendre ce qu’il s’est passé à Cannes sur ce film de dire ça. Ce film a été un événement de Cannes, pas seulement critique, mais commercial.
Commencez-vous à élaborer une stratégie pour les Oscars ?
Le distributeur américain est important dans la stratégie des Oscars et c’est avec la société américaine qu’il faudra élaborer la stratégie. C’est un peu tôt. La décision de la France devrait avoir lieu en septembre ou en octobre. Je pense qu’à partir de là on pourra élaborer une vraie stratégie, sachant qu’on attend aussi la sortie France (le film sort le 23 août en France). Il ne faut pas être arrogant mais on a tous les éléments en main.
120 battements par minute sortira en France le 23 août. Il sera notamment présenté en avant-première au Festival du film international de La Rochelle qui aura lieu du 30 juin au 9 juillet. Il sera également projeté au Festival Ecrans Mixtes à Lyon le 26 juin, et à Saint-Etienne le 27 juin au cinéma Le Méliès Jean Jaurès.
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